D'après le président de la Fédération nationale des industries mécaniques : «L'effet de la chute des ventes en Europe n'est pas immédiat pour toutes les filières, mais à prévoir à terme». Et d'expliquer : «D'ici l'année prochaine, on doit se préparer à des révisions à la baisse des commandes, voire des annulations» En 2013, la Chine produira plus de voitures que l'Europe. Les prévisions tablent sur 19,6 millions de voitures et de véhicules légers. En 2012, les ventes de deux marques coréennes, Kia et Hyundai, ont grimpé de 28,2% Toutes les filières du secteur des IME subiraient directement, voire brutalement, la chute des ventes des constructeurs européens. En effet, la production du secteur est orientée vers les groupes automobile et les centrales d'achats du vieux continent. Là où le bilan de l'année 2012 s'est soldé par une régression des ventes des principaux constructeurs automobile européens. On peut lire sur l'un des graphiques du comité des constructeurs français d'automobile, une régression des ventes sur le marché français de -17,5% des ventes de Peugeot, de -22,1% de Renault et -5,1% de Volkswagen. Du coup, les perspectives de la locomotive des exportations tunisiennes sont bien mitigées. Les craintes sont bel et bien réelles avec la vertigineuse décélération déjà constatée du rythme des exportations. La dernière publication du «Cetime» montre que, durant les trois premiers trimestres de 2012, les exportations ont évolué de 3,7% par rapport à la même période de l'année 2011, alors que l'année dernière a enregistré une hausse de 19,4%. Malgré ce fléchissement, le secteur des IME demeure le premier secteur exportateur et participe à hauteur de 36,7% de l'ensemble des exportations des produits manufacturiers. A terme, toutes les filières seraient touchées par la crise Pour analyser les répercussions de la chute de l'activité des principaux constructeurs européens, M. Béchir Boujdai, président de la Fédération nationale des industries mécaniques, précise à La Presse que «l'effet n'est pas immédiat pour toutes les filières, mais à prévoir à terme». Et d'expliquer: «D'ici l'année prochaine, on doit se préparer à des révisions à la baisse des commandes, voire des annulations». Car, parmi les corollaires de la lourde chute des immatriculations en Europe figure le ralentissement du rythme de la production des modèles à venir. Le secteur des pièces de rechange est le premier à encaisser la vague des annulations. Evidemment, avec moins de voitures vendues, on commandera moins de pièces de rechange. «La réduction des ventes induit une réduction des services après-vente», ajoute-t-il. Pour ce qui est des nouveaux modèles, les contreperformances commerciales des modèles actuels est de nature à pousser les décideurs à la révision à la baisse des prévisions des ventes futures. D'où la baisse des commandes adressées aux fournisseurs de composantes de nouvelles voitures. Bien qu'ils participent à la conception de ces nouveaux modèles avec les grands constructeurs européens, plusieurs opérateurs tunisiens ne seraient pas épargnés par cette baisse des carnets de commandes. Parallèlement, une large frange d'industriels tunisiens travaillent avec les centrales d'achats qui, selon le professionnel, assurent la continuité de l'approvisionnement des chaînes de production des constructeurs automobile. Ces centrales sous-traitent les commandes à plusieurs fabricants dans plusieurs pays. Avec cette baisse de l'activité, ces opérateurs de taille réviseraient leurs programmes d'achats. Et le risque, selon le président de la FNM, est «si ces centrales décident de limiter les sites de production, on risque d'être les premiers de la liste». A cet égard, la fermeture et la délocalisation de certaines enseignes, à l'image de Leoni et Yazaki, risquent de générer un effet d'entraînement défavorable. Face à cette situation, il insiste : «On doit concentrer nos efforts pour montrer notre sérieux afin que ces opérateurs nous gardent en priorité». Outre le comportement des professionnels, il met l'accent sur l'amélioration du climat général, notamment au niveau sécuritaire et logistique. Car, «peut importe le prix», souligne-t-il, la sécurité des approvisionnements et la continuité du travail sont les critères déterminants du choix des sites de production. Néanmoins, quoi qu'il en soit, le spectre de cette crise exogène planera sur toutes les filières du secteur. Ce qui générerait, immédiatement, des coûts sociaux. «Avec moins de commandes, on aura besoin de moins de travail», se défend le professionnel. Pis, la problématique serait plutôt «comment maintenir les emplois existants ?». Ainsi, les difficultés seraient ressenties en premier par les travailleurs précaires. Puis, on assisterait à des vagues de licenciements économiques et techniques pour adapter l'effectif à la nouvelle cadence de production. Ce qui risque d'envenimer le climat social et d'alimenter les conflits sociaux qui pourraient dégénérer vers l'interruption du travail et des livraisons. Les asiatiques en forme La chute des ventes des Européens cache en arrière-plan la performance des Asiatiques, notamment les Japonais, les Coréens et les Chinois, peu connus. En 2013, la Chine produira plus de voitures que l'Europe. Les prévisions tablent sur 19,6 millions de voitures et de véhicules légers. En 2012, les ventes des deux marques coréennes, Kia et Hyundai, ont grimpé de 28,2%. S'agit-il d'un marché potentiel? La réponse n'est pas aussi évidente qu'on ne le croit. En effet, à l'Est du globe, «l'approche est bien différente, notamment en matière de gestion. Là, on gère les crises au niveau macroéconomique», constate le professionnel après une visite des principaux constructeurs asiatiques. Toutefois, «avoir l'une de ces enseignes sous nos cieux ne serait-ce que pour la production pour le marché local est une bonne chose», estime-t-il. Un premier pas qui pourrait ouvrir une autre issue aux opérateurs tunisiens. «Il faut pousser dans le sens de la diversification des ressources et des marchés», conclu-t-il.