Elle devrait apporter une alternative à l'autogreffe d'os chez toutes les personnes dont les fractures ne cicatrisent pas. Prélevez des cellules souches dans la moelle osseuse d'une personne victime d'un grave traumatisme, faites-les se multiplier en culture puis mélangez-les avec un substitut osseux synthétique et réimplantez l'ensemble au niveau des fractures compliquées. Telle est la nouvelle méthode de médecine régénérative des os qui va être testée chez l'homme. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé vient de donner son accord pour le lancement d'un essai clinique en France dans le CHU de Créteil (Val-de-Marne) et à l'hôpital de Tours, avec la collaboration de l'Etablissement français du sang. Après une chute sévère ou un accident de la route, le risque de retard ou d'absence de consolidation du tibia, du fémur ou encore de l'humérus est très élevé et nécessite souvent une greffe osseuse autologue (prélèvement d'os chez le patient). Une chirurgie moins invasive et sans danger Les spécialistes estiment que 50 % des fractures ne cicatrisent pas toutes seules et nécessitent une reconstruction osseuse chirurgicale, ce qui représente un million de personnes chaque année en Europe. Cependant, la quantité de greffons disponibles est limitée et des complications sont très souvent observées au niveau du site de prélèvement. C'est pourquoi les chercheurs tentent de trouver d'autres solutions. Pour la dernière «recette» mise au point, tout commence par une ponction de moelle osseuse effectuée sous anesthésie locale. Les cellules souches (dites mésenchymateuses) sont immédiatement isolées et «amplifiées» en culture pendant 21 jours. En salle d'opération, elles sont associées à des granulés en céramique de phosphate de calcium puis finalement implantées là où la consolidation des os est retardée. Le biomatériau, servant ainsi «d'échafaudage», favorise la prolifération des cellules souches. Ces dernières se différencient ensuite en cellules osseuses et régénèrent le tissu osseux au niveau de la fracture. «L'objectif de l'essai est de démontrer que l'utilisation des biomatériaux et des cellules souches est sans danger et au moins équivalente aux traitements standards, sans leurs inconvénients. Cette chirurgie est moins invasive et préserve le stock osseux du patient. Pour ces raisons, elle est préférable à la greffe afin de déclencher la cicatrisation osseuse», explique Pierre Layrolle, directeur de recherche Inserm et coordinateur du projet. Ce projet, baptisé Reborne (pour régénération des défauts osseux utilisant de nouvelles approches d'ingénierie biomédicale), est financé par la Commission européenne (son budget total est d'environ 12 millions d'euros) et coordonné par l'Inserm. Il a débuté il y a trois ans et les résultats des tests chez l'animal étant satisfaisants, le passage à l'homme est désormais possible. D'ici à la fin de l'étude (fin 2014), 30 patients seront recrutés en France, en Espagne, en Allemagne et en Italie pour cette étude multicentrique européenne. (Source: Le point.fr)