Abandonné par tous, le prestigieux club du Bardo agonise... Longtemps taiseux, longtemps seul maître à bord et n'en faisant qu'à sa tête, le président du Stade Tunisien, Kamel Senoussi, se «répand» désormais sur tous les journaux. L'homme n'annonce véritablement rien de nouveau dans une tentative de justifier sa démarche, sa politique et sa gestion. C'est que le Stade Tunisien a tout l'air d'un Titanic avec le commandant, le capitaine et les marins qui quittent en premiers le navire. Récapitulons. Cela fait près d'un demi-siècle (oui messieurs -dames, près d'un demi-siècle, soit 46 ans) que le Stade Tunisien vit sur son passé, un passé glorieux où le club du Bardo emportait tout sur son passage avec les Diwa, Kerrit, Moheddine Sghir, Jebali, Keffala, jusqu'à l'incomparable Abdelwahab Lahmar. De 1956 (année de l'indépendance) jusqu'en 1966, cette domination se traduit par 9 titres en dix ans: 5 coupes et 4 championnats. Au nez et à la barbe de la grande Etoile, de l'Espérance et du Club Africain. Du CSS aussi où il y avait pourtant les Graja, Sassi, Delhoum et Gaïed. Depuis, la chute est vertigineuse, une véritable descente aux enfers qui fait le désespoir de la dernière poignée des supporters, les derniers des... Mohicans. Non, on ne parle pas de ceux attablés dans les cafés de l'avenue Habib Bourguiba au Bardo mais de ceux jeunes et beaucoup moins jeunes qui vouent un véritable culte à ce club d'un autre temps, d'une autre époque. Descente aux enfers Les dirigeants qui sont passés par le club ? Certains d'entre eux (qui se ne se comptent même pas sur les doigts d'une seule main) ont bien essayé pour finir par prendre la poudre d'escampette. D'autres ont fait de la pure figuration. D'autres, enfin, ont enfoncé ultérieurement ce pauvre Stade Tunisien sur le double plan sportif et financier et ont même contribué à vendre une partie du patrimoine du club (à la place, on retrouve, aujourd'hui, Bardo Center) alors que c'était une concession du Bey au club pour... 99 ans ! Pour brouiller les pistes, on donne en pâture aux supporters les joueurs et les entraîneurs. Pas tous au-dessus de tout soupçon et de toute critique, mais qui sont les derniers à assumer la déchéance du club. Solutions ? Si Kamel Senoussi juge que la situation est désespérée et qu'il n'y peut rien, il n'a qu'une seule chose à faire: partir ! Si d'autres dirigeants ont quitté le navire, ils n'ont qu'à ne plus revenir et, surtout, à se taire. Si le Stade Tunisien a des supporters, ils n'ont qu'à se manifester, autrement que par des discussions byzantines et empoisonnées. Et s'il y a des «grands» au Stade Tunisien, ils n'ont qu'à provoquer une rencontre salvatrice pour essayer de sauver un club qui n'en finit pas d'agoniser.