Quand on aime vraiment le football, on ne peut pas ne pas aimer Diwa, Henia, Chetali, Ben Mrad, Agrebi, Chaïbi, Mohieddine, Chemmam et tant d'autres encore. Aujourd'hui, il n'y a aucune raison pour que appartenance, passion et tolérance ne cohabitent pas… Je suis stadiste. Je suis stadiste parce que je suis né au Bardo et parce que les héros de l'époque avaient pour noms Diwa, Braïek, Mohieddine, Brahim Kerrit, Taïeb Jebali, Moncef Chérif et d'autres encore. Je suis stadiste et j'ai toujours eu la faiblesse de croire que Abdallah était l'égal de Attouga. Mon idole ? Abdelwahab Lahmar. Je frémissais de plaisir à chaque fois qu'il touchait le ballon et aucun autre joueur ne l'a remplacé dans mon cœur. Je suis aussi clubiste. Ce sont mes copains de quartier, Tahar Rezgui et Salah Chaoua, qui m'ont fait aimer ce club, un ancien dirigeant du Club Africain aussi, feu Hamadi Ben Mahmoud. C'était les années 70 et aucune équipe ne pouvait résister à l'armada de Fabio, puis de Nagy. Salah Chaoua m'a fait connaître tout jeune les monstres sacrés de l'époque que j'ai pu toucher de la main, à qui j'ai pu parler. Attouga, Tahar Chaïbi, Abderrahmane, Gattous, Bouajila, Jelloul, Jedidi, puis plus tard, Moncef Khouini, etc. Encore aujourd'hui, quand je vois Attouga ou Tahar Chaïbi, l'émotion est intacte. Je suis espérantiste. J'adorais les reprises de volée de Machouche, la technique incomparable de Taoufik Laâbidi, Farfart, dont Fabio disait qu'il était le meilleur joueur tunisien; le génie de Abdelmajid Ben Mrad devenu depuis mon ami ; Tarek Dhiab et Témime bien sûr, mais aussi Abdelhamid Kanzari, Jebara, Zoubeïr Boughnia, Khaled Ben Yahia, Mohamed Ben Mahmoud et d'autres encore. Comment ne pas aimer l'Espérance même si j'ai détesté celle de Slim Chiboub?! Que les Espérantistes, qui me connaissent et même ceux qui ne me connaissent pas, m'en excusent. C'était plus fort que moi, car cet homme de triste mémoire a fait trop de mal au football, au sport et à… l'Espérance. Je suis étoiliste. Je suis étoiliste parce que mon grand-père maternel était commandant à la caserne de Sousse et que j'y ai passé de merveilleux étés. Ah, les Kamoun, Gnaba, Mahfoudh, Akid, Chetali, Hbacha, Ben Amor ! Voir tous ces gens à l'époque était un rêve, presqu'un mirage. Et, aujourd'hui encore, quand il m'arrive de les rencontrer, j'ai la chair de poule comme quand ils foulaient la terre battue du Zouiten pour y affronter l'Espérance, le Club Africain ou le Stade Tunisien. Comme quand ils portaient le maillot national et qu'ils livraient des duels épiques avec les Marocains Allal, Houmane, Bamous, Moktatif, etc. Je suis follement amoureux du CSS. Sassi, Delhoum, Graja, Abdallah Hajri-l'enchanteur, Akid et le monumental Hamadi Agrebi. Une interprétation technique et romantique du football, un véritable plaisir pour les yeux, un patrimoine, une identité dilapidés ces dernières années. Sfaxiens, réveillez-vous, retrouvez votre football! Ah le COT de Hmid Dhib, Sassi, Farouk, Jelassi, Mohieddine, Ben Mansour, Kamel Karia, celui qui faisait trembler les plus grands,qui avait réinventé le football, pillé depuis et réduit à un statut de divisionnaire. J'ai beaucoup aimé la JSK de Laâbidi et Ouada, vainqueur du championnat 1977; une équipe qui a réinventé le football et qui a momentanément brisé le cycle infernal des grands clubs. J'ai adoré le SRS de Madhi et Romdhane puis, plus tard, de Chakroun. Ils ne sont plus nombreux aujourd'hui ceux qui se rappellent de ce club prestigieux, mais on est railwayste de père en fils. Et on le reste! J'ai adoré l'ASM de Toto Klibi, de Merrichko, de Anniba, de Douiri, de Dérouiche, de Chiheb, de Abdesselem Chemman et des frères Jebali. J'ai adoré le CAB de Houcine, des frères Zouaoui, Driss Haddad et d'autres encore. J'ai adoré. J'ai adoré plein d'équipes et de joueurs comme je continuerais à le faire parce que j'aime le football. Ce n'est pas le cas de tout le monde : les fanatiques et les opportunistes trouveront toujours le moyen de diviser, de «régionaliser», d'étiqueter et de semer la zizanie dans un monde où le sentiment d'appartenance est certes marqué, mais qui ne doit en aucun cas partager ou inciter à la haine. Tout ceci pour dire que demain les compétitions sportives et footballistiques reprendront. La révolution a ré-unit les Tunisiens toutes tendances confondues. Dans la passion et la tolérance…