Les politiques ont tort de croire que le sport est un secteur mineur Octobre 2011 : la Tunisie n'a pas fini de fêter sa révolution que voilà l'Espérance et le Club Africain qui disputaient leurs finales continentales. Le nouveau gratin de la classe politique était là, à se pavaner à la tribune d'honneur et dans les loges comme pour dire que cette révolution ne sera pas que politique. Depuis, nous avons comme l'impression que des secteurs entiers de la vie en Tunisie ont été sacrifiés à l'autel de la politique... politicienne et que certains grands dossiers finiront dans des tiroirs poussiéreux ou, pis encore, dans les poubelles de la petite histoire. Tenez, parlons de sport. Une poignée de journalistes qui se battent, un ministre qui a le courage de transmettre des dossiers à la justice, mais des hommes du passé et une machine infernale qui continuent à œuvrer dans les coulisses (et parfois même à visage découvert) pour continuer à occuper le terrain, bénéficier des mêmes privilèges et tirer profit des mêmes trafics. Pour le commun des Tunisiens, pour la plupart des sportifs, le sport est spectacle, performances, plaisir des yeux et la fierté d'offrir au pays des médailles et des victoires. Mais pour d'autres qui ont colonisé ce secteur plus de quatre décennies durant (avec un processus qui s'est dramatiquement accéléré avec le régime ZABA), le sport a été tremplin et couverture. Tremplin pour la réussite sociale, politique et économique et couverture contre tous les trafics de tous genres. Des conseillers du président de la République, aux ministre de la Jeunesse et des Sports, en passant par les présidents des fédérations et des clubs, tout un système était en place pour la réussite de ceux-là et la défaite des sports et des sportifs. Et s'il y avait quelques résultats çà et là, c'était souvent l'œuvre d'une minorité. Qu'on finissait toujours par balayer par peur que leur réussite ne démasque les revers de ceux qui commandent. Aujourd'hui, notre sport panse ses blessures ou, du moins, essaye de le faire dans une indifférence presque totale, dans une indifférence qui redonne place et espoir à tous ceux qui en ont fait un fonds de commerce. «Puisque les politiques s'occupent de... politique, le peuple de survivre, les journaux de gros titres et les télés de méga débats-shows, autant réoccuper le terrain pour revenir aux affaires et nous refaire une virginité». Voilà ce que se disent et ce que... font aujourd'hui tous ceux qui ont tiré les ficelles (à les rompre) de notre sport, qui s'approprient ou qui veulent se réapproprier la poule aux œufs d'or. Ce phénomène ne semble pas préoccuper, outre mesure, nos politiques et ils ont bien tort car le sport est jeunesse et ce sont les jeunes qui ont porté la dernière estocade au défunt régime. Le sport est également image et l'on a tort de laisser à tous ces personnage glauques la possibilité de gérer cette image. Le sport est peuple et son opium et on n'a pas intérêt à priver le peuple de ses héros. Un champion olympique, voilà ce que les responsables de l'ancien ont pu nous offrir en 42 ans. Faut-il attendre quarante-deux autres années pour voir un Tunisien se hisser sur la plus haute marche du podium?! Où sont nos athlètes? Où sont nos boxeurs? Où sont nos tennismen? Où est passé tout l'argent versé au sport. Quelques dossiers de malversation transmis à la justice si cela aboutit...) ne sont que l'arbre qui cache la forêt. C'est vrai qu'il y a la justice de la... justice, celle de Dieu, et celle des hommes, mais, s'agissant de sport, il devrait également y avoir la justice de celle-ci. Car un responsable coupable de mauvaise gestion sportive est aussi coupable que celui versé dans les malversations. Une équipe de football ne renouvelle pas à un joueur qui a échoué ou alors ne le recrute pas. Pourquoi forcer le sport tunisien à faire confiance ou à renouveler à ceux qui sont lamentablement passés à côté?! Le sport est aussi éthique. Respectons-la jusqu'au bout!