Il n'y a pas un seul jour qui passe sans que des sportifs tunisiens s'adressent à nous, nous interpellent, nous apostrophent et nous lancent des SOS concernant leur situation sportive et l'état des lieux calamiteux de leurs activités. Et s'ils ne manquent pas de se plaindre des moyens matériels dérisoires mis à leur disposition, ils n'en rappellent pas moins à tous les coups qu'il ne s'agit pas là de l'handicap majeur qu'ils subissent et dont ils souffrent. Ce qu'ils subissent et ce dont ils souffrent, ce sont les dépassements de tout genre, l'arbitraire, le peu de scrupules et l'incompétence de leurs dirigeants. Comment voulez-vous, en effet, que des opportunistes-arrivistes qui n'ont souvent aucune relation avec un sport se retrouvent à la tête d'une fédération, choisissent un directeur technique, agissent directement sur la carrière d'un athlète par ce premier choix sportif comme ils la contrôlent totalement à travers le volet financier qu'ils détiennent également. L'argent ? Sans doute un problème majeur dans notre sport. Mais ce qui l'est davantage, c'est sa mauvaise utilisation, quand ce ne sont pas carrément des malversations. D'ailleurs, nous attendons, tout comme le pays qui ressort aujourd'hui dans la rue pour appeler à lever le voile et l'interdiction sur la publication des grands dossiers de la corruption dans notre pays, que l'autorité de tutelle et la direction générale des sports qui détiennent quelques dossiers compromettants et solides sur des malversations au sein de certaines fédérations (en attendant les AG qui devraient révéler d'ultérieures malversations), entament l'œuvre d'assainissement et de transparence à travers la révélation publique de ces malversations, de leurs mécanismes et des personnes qui en sont responsables. Comme dans l'époustouflant film de Jonhatan Demme, il faut faire échec à Hannibal Lecter. Et des Hannibal Lecter dans notre sport et dans nos fédérations, il n'y a que ça. Croyez-nous, une chose est sûre : les agneaux ont cessé d'être silencieux? Nous aussi. N'est pas démocrate qui veut… Encore un été où on ne parlera ni de sport ni de sportifs. Encore un été où il n'y en aura que pour les assemblées générales, les manœuvres, les accusations, les manipulations, beaucoup d'intox et si peu d'infos. Nous avions pourtant pensé qu'avec le déroulement plutôt correct des assemblées générales du Club Africain et du Club Athlétique Bizertin, les choses pouvaient prendre une tournure positive. Optimisme de courte durée, puisque ce qui s'est passé à Sousse, à La Marsa et ce qui va très probablement venir dans d'autres clubs où la bataille fait déjà rage n'est pas de bon augure. Principaux responsables de cet état de confusion générale, le mode de scrutin, des décennies d'absence totale de démocratie et de transparence et enfin la domination de personnages glauques qui se sont accaparés la scène sportive en Tunisie. Des décennies durant. Sur un autre plan, celui des fédérations, il semblerait que quelque président, qui sera prochainement déchu, pense sérieusement à se représenter, profitant de sa permanence — encore — à la tête de l'institution pour en faire à nouveau une machine de guerre électorale. A ceux là, nous disons, comme nous le disons haut et fort à l'autorité de tutelle : plus question pour vous de vous représenter et cette «interdiction» devrait inéluctablement passer par un examen précis et approfondi des anomalies financières et sportives qui ont caractérisé vos mandats. Dans cette optique nous sommes persuadés que l'autorité de tutelle ne devrait pas attendre la toute dernière minute (soit la tenue des assemblées générales extraordinaires et surtout électives) pour réagir. Au ministère même, il y a des responsables qui sont au courant de tout et qui peuvent — si la volonté et le courage sont là — s'opposer au retour sur la scène sportive de ces personnages en aidant le ministre de la Jeunesse et des Sports à prendre les décisions qu'il faut et qu'il a hâte de prendre. Il y a au ministère et à la direction générale des sports assez de preuves matérielles pour faire table rase du passé et ouvrir une autre page. A moins que certains n'aient intérêt à tout garder dans l'état…