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Comment remédier à cette désaffection pour le politique?
Cawtar/ Unesco — Etude sur le rapport au politique des jeunes femmes en condition de vulnérabilité à Tozeur, Gafsa et Kasserine
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 01 - 2013

La marginalisation géographique, le genre et les conditions défavorables sont les principaux obstacles à l'investissement politique
La politique «est un sale jeu» pour certains
Le Centre d'études et de recherches sur la femme arabe ( Cawtar) a publié, hier à Tunis, les résultats d'une enquête qualitative sur le rapport au politique des jeunes femmes en condition de vulnérabilité à Tozeur, Gafsa et Kasserine; une enquête élaborée en collaboration avec l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture ( Unesco) et avec l'appui du Royaume des Pays-Bas.
Dans son allocution, Mme Soukaina Bouraoui, directrice exécutive de Cawtar, a rappelé que la participation de la femme à la vie politique figure au cœur des problématiques traitées par le Centre. Elle l'est d'autant plus dans un contexte de transition dont le qualitatif « démocratique » ne peut être pour l'instant tangible. Elle a également indiqué que la désaffection des femmes pour la vie politique a été palpable notamment lors de la tenue du scrutin du 23 octobre 2011, où la participation des jeunes âgées entre 19 et 24 ans n'a pas excédé les 10% de l'ensemble des électeurs. «Il est impératif, pour la société civile, de se pencher sur les causes de la désaffection des jeunes et des femmes pour la vie politique. Les femmes voudraient participer davantage à la politique. Or, elles se sentent dans un monde autre que celui du politique», a-t-elle souligné.
Par ailleurs, et en parlant de la présente enquête qui a été menée dans trois gouvernorats, à savoir Tozeur, Gafsa et Kasserine, la directrice de Cawtar a mis en exergue la richesse des opinions hétéroclites et les avis très nuancés des personnes interviewées; une diversité qui pousse l'oratrice à comparer la Tunisie à un arc-en-ciel. Mme Bouraoui n'a pas manqué de souligner dans son allocution l'aspiration des personnes interviewées, indépendamment du genre, à la création d'un climat de confiance et de transparence mutuelles entre le citoyen et les autorités.
Prenant la parole, Mme Maryem Ben Salem, politologue et chercheure chargée de l'enquête, a présenté ladite enquête et a résumé les résultats auxquels elle a abouti. Il s'agit, en effet, d'un travail de recherche, fondé sur une approche sociopolitique qui, par le biais de 94 entretiens avec des femmes et des hommes issus de Kasserine, de Tozeur et de Gafsa, tend à dévoiler les véritables facteurs favorables à la désaffection des femmes pour la vie politique. La vulnérabilité socioéconomique et le faible niveau d'instruction des femmes « maintenues » ou étant en dehors de la sphère des contribuables politiques ont permis de voir au plus clair les conditions a-politisant les femmes dans ces régions plutôt conservatrices. Pour ce, il était nécessaire de recueillir les avis et les informations auprès d'un échantillon comptant 94 personnes, soit 33 entretiens à Tozeur, 15 à Gafsa et 48 à Kasserine. Les femmes interviewées représentent trois tranche d'âge, à savoir celles âgées de 18 à 25 ans, celles âgées de 26 à 30 ans et celles dont l'âge varie entre 31 et 35 ans. Outre ces entretiens, l'étude comprend également des focus groupes qui impliquent les représentants des autorités locales et régionales ainsi que la société civile œuvrant dans chaque gouvernorat-cible. D'autant plus qu'un documentaire intitulé «Souti bah » ( extinction de voix) zoome le rapport des femmes vulnérables au politique.
Les Kasserinoises ont participé le moins au scrutin
En partant des indicateurs relatifs au scrutin de 2011, Mme Ben Salem a réussi à trouver le premier fil en matière de désaffection des femmes pour la politique. Le taux d'abstention des électrices s'avère significatif dans la mesure où il nous montre les kasserinoises comme étant les moins intéressées par la politique avec 61,10%. Il faut dire que le gouvernorat de Kasserine souffre plus que les deux autres gouvernorats-cible d'indicateurs préoccupants, surtout avec un taux d'analphabétisme de 32,8%, un taux de chômage qui atteint les 20,7%. Les chômeurs diplômés du supérieur comptent 38,9%. A Gafsa, en revanche, l'intérêt pour le politique est plus palpable. Cette région qui a connu le soulèvement de Rdeyef, les enjeux du bassin minier et les martyrs qui ont tant milité pour acquérir les droits de cette population, compte plus de citoyens intéressés par à la politique que de citoyens désintéressés. Aussi, la participation aux élections du 23 octobre 2011 étaient en faveur des partis qui ont épaulé les habitants de cette région dans leur combat pour la dignité. Par contre, à Tozeur, les protestations ne sont point le point fort d'une population pour qui la sécurité constitue la devise incontestable.
Politique: l'affaire des politiciens?
D'après les entretiens menés, l'étude a pu démontrer une grande différenciation quant au rapport des femmes vulnérables à la politique. En effet, ce rapport divise les interviewées en quatre catégories: celles qui affichent une désaffection, voire une apathie, à l'égard du politique; qui s'autoexcluent de la politique, celles qui avoue leur perplexité vis-à-vis de la politique et celles qui se déclarent intéressées, voire engagées dans la politique. Dans le premier cas, il s'agit d'une prise de position externe, fondée sur le jugement de l'apport des politiciens dans une Tunisie qui peine à se reconstruire. Elle est généralement engendrée par une faible socialisation entre l'individu et le politique, comme si c'était deux mondes parallèles qui ne se croisent jamais. L'enquête montre que même après les évènements du 14 janvier 2011, les femmes ayant une désaffection pour la politique n'ont pas pour autant changé de comportement. Elles continuent à se désintéresser de ce domaine quoique plus médiatisé. Dans le second cas, ce sont des femmes qui se sentent incompétentes voire non habilitées à parler politique et encore moins à s'y engager. Leur contribution se limite, tout au plus, à la participation au scrutin. Les personnes perplexes se trouvent, généralement à cheval entre un intérêt notable pour la politique et une inaptitude ressentie quant à l'engagement proprement dit. Quant aux femmes intéressées par la politique, elles se sentent capables et qualifiées pour s'investir dans ce domaine. Mme Ben Salem fait remarquer que le niveau d'instruction des femmes interviewées ne semble point influer sur leur intérêt/ désintérêt pour la politique. Elle précise également que l'intérêt pour le politique signifie pour certains la participation aux manifestations et aux actions de protestation.
Politiquement instrumentalisées pour remplir les urnes
L'enquête a réussi, en outre, à cerner les obstacles majeurs à l'investissement politique des jeunes femmes vulnérables, dont la marginalisation géographique des régions du Centre-Ouest et du Sud-Ouest. Les personnes interviewées et relevant du quartier Nozha de Bouhlel se rendent compte après coup qu'elles n'ont été considérées comme participantes à la vie politique que pour servir les intérêts de certaine listes électorales. Le genre s'avère le deuxième obstacles repéré entravant l'investissement politique. Dans certaines régions, la femme demeure maintenue dans un milieu fermé, privé, protégé, alors que le politique évolue dans l'espace public, donc réservé à la gent masculine. Pis encore, la désaffection pour la politique s'avère plus justifiée pour la majorité des personnes interviewées. Elle est définie même comme étant «un sale jeu», ou encore comme la lutte de certains pour arriver au pouvoir.
Recommandations et pistes d'actions
L'enquête sur le rapport au politique des jeunes femmes en condition de vulnérabilité à Tozeur, Gafsa et Kasserine vise, également, à proposer aux décideurs des pistes pertinentes d'actions afin d'atténuer le désintérêt des femmes pour le politique, à renforcer leurs compétences et leurs aptitudes en la matière afin de promouvoir leur investissement dans le politique. Ces pistes d'actions ressortent d'une série de recommandations dont la réduction des inégalités ( régionales, de genre) face au politique, la création d'espaces favorisant la sociabilité des femmes déscolarisées afin qu'elles acquièrent les principes de la vie politique, mais aussi la création de garderie gratuite afin que ces femmes puissent échapper par moments aux charges familiales et professionnelles en faveur de l'initiation politique. D'autant plus qu'il est nécessaire d'instaurer un terrain de confiance et de transparence entre l'administration locale ou régionale et le citoyen et l'implication, désormais, de ce dernier à donner son avis sur ce qui relève des décisions locales et régionales. Il convient, en outre, de mieux impliquer le citoyen dans les débats publics, notamment via les médias, et de renforcer les capacités de la femme dans les programmes publics. Mme Ben Salem propose même d'organiser des caravanes itinérantes de sensibilisation et de vulgarisation de l'information politique dans le but de diffuser la culture participative auprès de ces populations-cibles.
Mme Bouraoui saisit l'occasion pour insister sur les rôles à la fois importants et complémentaires des politiciens, de la société civile et des médias pour réaliser ces objectifs.


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