Une étude récente vient de montrer que le réchauffement climatique est responsable de la fréquence des élévations records de la température au cours d'une même année. Selon les chercheurs du Postdam Institute for Climate Impact Research (Pik) et de l'Université Complutense de Madrid, les mois enregistrant des records de température sont cinq fois plus fréquents que s'il n'y avait pas du tout de réchauffement climatique. Les activités humaines, qui ont augmenté l'effet de serre, ont entraîné la multiplication par dix des périodes au cours desquelles des records ont été enregistrés. Les mêmes conclusions avaient été établies en 2007 par des experts du Groupe international sur le changement climatique (IPCC) qui avaient affirmé qu'une hausse de la température de 2°C se produirait dans les 20 prochaines années et qu'elle atteindrait 6,5° à la fin du XXIe siècle. Les conséquences du réchauffement climatique ont commencé à se ressentir en Tunisie avec non seulement l'accroissement des phénomènes extrêmes mais également l'élévation de la température responsable d'hivers de plus en plus doux. Ceux qui ont vécu au cours du siècle dernier et qui sont encore de ce monde le diront : layali el bidh, qui correspondent aux nuits les plus froides de l'hiver, se font de plus en plus rares ces dernières années. Phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents Mais ce sont surtout les phénomènes extrêmes qui sont devenus les plus fréquents. Alors que l'année dernière a été marquée par de fortes inondations ainsi que par une vague de froid exceptionnelle qui a sévi pendant trois semaines sur l'ensemble du pays, s'accompagnant d'une baisse de près de deux degrés de la température par rapport aux normales saisonnières et de chutes exceptionnelles de neige sur les hauteurs de Aïn Draham ainsi que dans d'autres régions comme Matmata où il ne neige jamais, cette année, l'hiver a été plutôt doux et la pluie s'est montrée timide avec des précipitations sporadiques sur le Nord. « La température moyenne sur le globe a augmenté en moyenne de 1°par décennie, explique M. Mohamed Hajjej, météorologue. Les experts des Nations unies sont unanimes. Deux tendances sont en train de se confirmer, à savoir la hausse de la température sur le globe et l'augmentation de la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes. Dans les années à venir, on assistera non seulement à une hausse de la température mais également à des inondations et des vagues successives de froid et de chaleur». Impact négatif sur l'agriculture En décembre 2011, alors que la température avoisinait les normales saisonnières dans les régions de Bizerte, Béja, Tabarka, Mahdia et Nabeul, elle a, par contre, enregistré une hausse sensible de 1° par rapport à la normale dans les régions de Zaghouan, du Kef, de Siliana et de Monastir. «Prenons le cas de Monastir, a relevé le météorologue. Alors que la normale saisonnière est de 17°, on a enregistré, au cours du mois de décembre, une température de 18°», confirmant, ainsi, la tendance à la hausse des températures, sans exclure, toutefois, l'hypothèse d'hivers froids et rudes, selon le météorologue. Cette année, l'hiver a pris ses quartiers tardivement, marqué par un déficit pluviométrique et une alternance de journées froides et chaudes. «L'année dernière, le système dépressionnaire sur une bonne partie de l'Europe a permis l'infiltration d'un air froid qui s'est déplacé vers la Tunisie et l'Algérie et qui a été responsable de la vague de froid et des importantes chutes de neige. Cette année, les journées chaudes observées au cours du mois de décembre sont la conséquence de la stagnation de l'anticyclone des Açores sur une partie de l'Atlantique et de la Méditerranée occidentale, empêchant l'arrivée d'air froid sur nos régions», a poursuivi M. Hajjej, estimant, par ailleurs, que la variabilité du climat rend de plus en plus difficile les prévisions météorologiques à moyen et à long terme. Si tout le monde sans exception apprécie la douceur de l'hiver qui tranche avec la rudesse de celui de l'année dernière, le déficit pluviométrique a commencé à susciter l'inquiétude des agriculteurs qui craignent l'impact du manque d'eau sur les grandes cultures.