Alors que des études, notamment «La stratégie nationale d'adaptation de l'agriculture tunisienne et des écosystèmes aux changements climatiques», prévoient une augmentation moyenne annuelle de la température sur l'ensemble de la Tunisie de +1,1°C à l'horizon 2030 (ce qui est important), les vagues de chaleur deviennent actuellement de plus en plus fréquentes. Un phénomène que le citoyen a récemment vécu à travers les dernières coupures d'électricité qui ont été engendrées entre autres par la hausse des températures. Selon le climatologue Yadh Labbène, la température en moyenne est en augmentation en Tunisie ces deux dernières décennies, tout comme dans le reste du monde. «Depuis 1975, il y a une certaine tendance à l'augmentation. Les vagues de chaleur sont plus fréquentes durant les deux dernières décennies. Ce sont des chaleurs qui ne sont pas habituelles, mais elles ne sont pas, aussi, exceptionnelles. Le nombre des jours chauds dans un seul mois a augmenté. Ce serait les premiers signes d'un changement climatique. Il faut le dire avec réserve car il faut le confirmer sur des périodes plus longues. Un changement climatique s'opère progressivement dans le climat, et ce, en deux termes : les moyennes de températures et la fréquence des phénomènes extrêmes», enchaîne-t-il. Pour l'expert en chargements climatiques, c'est un phénomène qui est dû en grande partie à l'activité humaine qui a altéré la composition chimique de l'atmosphère et qui a renforcé l'effet de serre. Cela est, d'après M. Labbène, à l'origine de ce changement climatique dont les manifestations sont l'augmentation de la température et la fréquence des phénomènes extrêmes (vagues de chaleur et de froid, les épisodes secs et humides). «L'impact de ce phénomène se fait sentir sur les ressources en eau, l'agriculture, la santé et les plus vulnérables sont les populations démunies. Pour ce qui est des mécanismes de prévention, ils consistent en la prévision et le passage de l'information aux différents partenaires afin de prendre les précautions nécessaires», ajoute-t-il. Caractéristiques d'un climat méditerranéen Evoquant les vagues de chaleur, le géographe et climatologue Zouhaïer Hlaoui affirme qu'elles sont de plus en plus fréquentes. «Il ne faut pas dire que c'est quelque chose d'exceptionnel, car c'est constaté partout dans le monde. Le climat tunisien est méditerranéen, ce qui explique les étés chauds et secs et les hivers doux et pluvieux. En été, les températures atteignent les maximales au mois d'août pour les zones littorales, et au mois de juillet pour les régions intérieures. On commence à lier cette fréquence des périodes chaudes au changement climatique. En matière de température, on est plus ou moins sûr qu'il y aura une tendance au réchauffement. Pour les autres paramètres atmosphériques, dont la pluie et le vent, ce n'est pas encore prouvé», affirme le climatologue Hlaoui. Alors que nos climatologues n'ont pas tranché concernant les changements climatiques en Tunisie (ont-ils commencé ou pas), l'augmentation de la température est confirmée, quoique le taux de gaz à effet de serre (GES) qu'elle émet reste relativement très bas. Des études prévoient une augmentation de la moyenne annuelle de la température sur l'ensemble du pays de +1,1° C à l'horizon 2030 et de +2,1° C à l'horizon 2050, sachant que l'amplitude de cette augmentation varierait d'une zone à une autre. Les régions du Centre et du Sud seront plus affectées, 2,1° C et 2,7° C d'augmentations respectives à l'horizon 2050, pour 1,6°C dans le Nord. Par ailleurs, une baisse du volume annuel des précipitations est prévue à l'horizon 2050, qui variera de 10% pour le Nord à 30% au Sud, et ce, par rapport au volume actuel. La désertification sera renforcée par l'augmentation importante de la fréquence des années sèches. De telles données attendent des confirmations scientifiques pour éviter un changement climatique subit, d'où une adaptation dans le traitement des sols, des méthodes suivies en agriculture... Tout un mode de vie à changer.