«Ce dossier présente un vrai dilemme. D'une part, c'est un domaine de la concurrence déloyale et, de l'autre, il s'agit d'un secteur refuge», relève le conseiller Il est nécessaire de limiter les entraves et les difficultés structurelles à l'exercice des activités de commerce ou de production. «La révision à la baisse de la pression fiscale sur l'importation de certains produits, notamment les fruits, donnerait des possibilités de régulation du marché». L'économie parallèle touche directement les consommateurs et les producteurs. En effet, elle figure au premier rang des facteurs qui troublent l'équilibre des marchés et, plus généralement, la bonne marche des circuits formels. Ainsi, il s'agit de l'un des dossiers préoccupants du ministère du Commerce, bien que la thématique revête d'autres caractères, notamment sociaux, sanitaires et financiers. Pour décortiquer ce dossier et présenter la position dudit ministère, on a rencontré M. Mohamed Ben Fraj, chargé de mission auprès du ministre du Commerce. D'après le conseiller, «ce concept regroupe l'utilisation de la voie publique par les étalages anarchiques, la commercialisation des produits de la contrefaçon qui se fait même dans les locaux organisés, ainsi que la contrebande qui se positionne comme fournisseur de ces deux circuits». Ce dossier présente un vrai dilemme. «D'une part, c'est un domaine de la concurrence déloyale et, de l'autre, il s'agit d'un secteur refuge», relève le conseiller. La facilité d'accès à ces marchés incite les plus démunis de ressources financières à lancer de petites activités de commerce ou de production. Ainsi, le secteur informel se positionne comme une antichambre pour le secteur formel. D'ailleurs, après une période d'apprentissage, les opérateurs atteignent une taille critique, au-delà de laquelle ils se doteraient d'une immatriculation fiscale. Par ailleurs, dans les régions de l'intérieur du pays, ainsi que sur les frontières se développent les échanges de biens à bon marché. «Dans une conjoncture marquée par les tensions inflationnistes, les prix alléchants rendent ces produits très populaires », ajoute le conseiller. De même, «face à l'incapacité de l'économie à créer des emplois, le secteur informel est en mesure d'offrir des emplois alternatifs», souligne-t-il. Pour toutes ces raisons, le conseiller justifie : «L'approche du gouvernement vise à contenir la taille de l'économie informelle dans des seuils supportables sans chercher à l'éradiquer». Pour ce qui est de la taille actuelle du marché parallèle, M. Ben Fraj estime : «De visu, le marché parallèle a pris de l'ampleur depuis la révolution, mais compte tenu de la nature de ce secteur, il est difficile de cerner sa dimension». Dans cette perspective, la taille de l'économie parallèle diverge selon les secteurs. Mais la tendance générale est à la hausse. En effet, les effets collatéraux de la révolution ont fragilisé tous les services de contrôle. «Les équipes de contrôle sont prises d'assaut sur plusieurs fronts», rappelle-t-il. A cet égard, le responsable fait allusion au trafic d'arme et de drogue. Toutefois, «c'est exagéré de dire qu'il y a des réseaux organisés», relativise-t-il. Sur un autre plan, les effets nuisibles des activités parallèles sont bel est bien ressentis par les différents agents économiques. En premier lieu, certains produits «bon marché», alimentaires ou cosmétiques, risquent de porter atteinte à la santé des consommateurs. En deuxième lieu, les parts de marché des producteurs seraient révisées à la baisse. «La commercialisation du carburant a touché de plein fouet l'activité des stations dans les zones frontalières», illustre le responsable. En troisième lieu, ces activités parallèles échappent à tous les impôts et taxes. D'où, des fuites des recettes de l'Etat. En plus, «la contrebande des produits subventionnés génèrent des pertes sèches pour le budget de l'Etat», ajoute-t-il. Une responsabilité partagée « Consommateurs, producteurs et administrations doivent converger leurs actions dans un plan multidimensionnel pour contrecarrer ce fléau mondial», insiste le conseiller. En effet, le contrôle n'est qu'un aspect de la solution. Le responsable recommande, à cet effet, que le premier axe du plan repose sur la création d'emplois. «Plus on crée de l'emploi plus on limite la taille des activités parallèles», note-t-il. En deuxième lieu, il est nécessaire de limiter les entraves et les difficultés structurelles à l'exercice des activités. «La révision à la baisse de la pression fiscale sur l'importation de certains produits, notamment les fruits, donnerait des possibilités de régulation du marché par une offre plus structurée», illustre le responsable du ministère du Commerce. Troisièmement, au niveau régional, la limitation de la distorsion des prix entre les pays voisins, par le biais des subventions, est de nature à dissuader les contrebandiers. Sur les régions frontalières, les zones franches pourraient créer du commerce régulier, au détriment des transactions illicites. Tout ce dispositif ne peut fonctionner à bon escient sans un système de suivi, aussi large qu'efficace, capable de détecter les sources et les opérateurs du commerce illicite.