Les marchés parallèles sont de plus en plus populaires. Logique, avec des offres bien étudiées et adaptées aux ménages tunisiens, soucieux de préserver leurs budgets, les opérateurs de la contrebande réussissent à attirer une bonne part du marché, voire dominer le marché. On dit que 76% des Tunisiens achètent des produits de la contrebande, et ce, malgré les risques inhérents à l'utilisation de ces produits. Force est de constater que l'ampleur des quantités présentées sur le marché et l'alignement des prix de ces biens sur tout le territoire national témoignent pertinemment que ce marché informel est régi par des règles aussi formelles que contraignantes. En effet, le départ des vieux démons de la contrebande et du commerce illicite a ouvert la voie à de nouveaux contrebandiers assoiffés d'affaires. Les consommateurs, maillon faible de la chaîne, seraient exposés à maints dangers. Car ces produits contrefaits sont dans la majorité des cas de mauvaise qualité et ne répondent ni aux attentes des consommateurs ni aux normes de sécurité et nuisent à la santé des clients. D'ailleurs, la santé des consommateurs est le dernier souci des contrebandiers. Pour ce qui est des prix, soi-disant compétitifs, ils constituent un véritable piège. En réalité, le client serait contraint de renouveler ses achats vu la courte durée d'utilisation et la non-performance de ces objets imités. Au niveau du tissu économique, ce phénomène est tout simplement nocif. A cet égard, il suffit de rappeler que pour la filière habillement, le marché intérieur comptait plus de marques tunisiennes pendant les années 90 qu'aujourd'hui. S'agissant des recettes de l'Etat, les comptes seraient révisés à la baisse suite à l'évasion fiscale de ces contrevenants qui opèrent dans la clandestinité. Outre les entraves à l'économie, les opérateurs du marché noir contribuent directement à la dégradation du climat socioéconomique. D'ailleurs, le chômage sera renforcé suite au licenciement généré par la baisse de l'activité du secteur formel, et éventuellement la fermeture de quelques sites de production. Du coup, les contrevenants trouveront, suite à cette affluence de main-d'œuvre sur le marché, une nouvelle opportunité pour marginaliser davantage les conditions de travail, notamment des enfants, des femmes et des handicapés... Sans parler des problèmes sociaux tels que le banditisme, la criminalité...