Des plans stratégiques concernant le transfert de l'eau du Nord vers le Centre et le Sud du pays sont actuellement à l'étude On se rappelle encore la visite qu'ont rendue 7 membres du gouvernement de transition à Sidi Bouzid. On se rappelle également du nombre de projets annoncés, lors d'une séance de travail tenue un 23 mai 2011, au profit de la région. Parmi ces projets, celui annoncé par l'ex-ministre de l'Agriculture qui a affirmé avoir publié une circulaire portant électrification des puits creusés avant avril 2011 à Sidi Bouzid et à Kairouan, sans omettre de tenir compte de l'état de la nappe phréatique. Deux ans après la révolution, il se trouve que la situation n'a pas trop changé, que les gens concernés dans les deux gouvernorats commencent à s'en lasser et que notre agriculture en paye, par conséquent, le lourd tribut. A ce propos, Mme Sondes Kamoun, directrice générale du bureau de la planification et des équilibres hydrauliques, fait observer que l'électrification ne peut pas concerner les puits creusés dans les périmètres d'interdiction et/ou dans les périmètres de sauvegarde. Cela, conformément à l'article 12 du Code des eaux qui stipule que des périmètres d'interdiction peuvent être créés par décret pris après avis de la Commission du domaine public hydraulique, dans les zones où la conservation ou la qualité des eaux sont mises en danger par le degré d'exploitation des ressources existantes. Puis, conformément à l'article 13 du même Code, sont interdits « toute exécution de puits ou forages, ou tout travail de transformation de puits ou forages destinés à en augmenter le débit. Sont également soumis à autorisation préalable du ministre de l'Agriculture les travaux de remplacement de puits ou forages non destinés à augmenter le débit exploité par ces puits ou forages. L'article 14 stipule que les travaux de réaménagement, non exécutés en conformité avec les prescriptions de l'arrêté d'autorisation, sont punis d'une amende pouvant atteindre le dixième du montant estimé des ouvrages exécutés. C'est ainsi, en nous remettant une copie des articles relatifs aux périmètres d'interdiction et de sauvegarde relevant du Code des eaux, qu'a réagi notre interlocutrice rencontrée au siège du ministère face à la requête, objet de cet article de presse. La responsable s'est contentée d'affirmer, par la suite, que les ressources hydriques nationales sont très modestes, soulignant que l'ensemble des périmètres d'interdiction se chiffre à 10 et que les périmètres de sauvegarde sont de l'ordre de 23 zones. Ce qui rend l'électrification des puits creusés illégalement dans ces zones synonyme de « légalisation de l'illégal ». Laquelle légalisation de l'illégal nuit, selon elle, à l'intérêt des générations présentes et futures. Solutions envisageables... La Tunisie fait face à la rareté de l'eau. On veut bien admettre aussi que le déficit hydrique est une fatalité, dans la mesure où cela contraint le Tunisien à consommer uniquement 460 m3 par an, alors que la moyenne mondiale est aux alentours de 1000 m3. Mais, pour échapper à une telle fatalité, il faudra certainement la conjugaison de tous les efforts. Car sans eau courante et abondante, notre agriculture— épine dorsale de l'économie nationale — stagnera constamment. Comment composer avec l'insuffisance et l'avarice de la nature? C'est là tout l'enjeu, en fait. Dans cette optique, M.Saâd Seddiq, de la direction générale du génie rural et de l'exploitation des eaux, fait remarquer qu'on vient d'entreprendre des études d'ordre stratégique visant la mise en place de nouveaux plans d'action. Ces études stratégiques, toujours en phase initiale, concernent le transfert de l'eau du Nord vers le Centre et le Sud du pays. Comme l'explique M.Seddiq, la réalisation d'un tel projet prendra du temps, surtout que cela demande des équipements et de grandes capacités de financement. Ce faisant — et compte tenu du rythme de l'action des parties prenantes —, ce projet verra le jour dans bien des décennies, alors que des régions entières s'embrasent, mutilées par la brutalité du besoin. On aurait, donc, aimé que ce projet encore au stade embryonnaire suscite l'intérêt de tous les acteurs pour y contribuer vivement et activement afin de ne plus rester coincés dans le verbal et le théorique sans jamais passer à l'action. C'est, au demeurant, un projet qui peut figurer dans la liste des projets soumis au financement extérieur, mais aussi, parmi les dossiers prioritaires si on parle développement régional.