Il y a plusieurs lectures à l'échec de nos représentants à la CAN... Mercredi aux alentours de 17h00, il n'y avait plus que les chats dans les rues du pays. Barricadés dans leurs chaumières, Tunisiennes et Tunisiens étaient — déjà — rivés à leurs petits écrans avec le fol espoir que cette équipe de Tunisie réagisse enfin, passe au prochain tour et fasse oublier deux premières sorties transparentes. Une heure avant, disions-nous, mais nous étions déjà mal à l'aise quand, en direct sur Al Jazeera Sport, un présentateur tunisien, Hichem Khalsi, malmenait en direct un autre Tunisien, Kaïs Yaâkoubi, dans un exercice d'autoritarisme déplacé et très peu élégant. Nous avions franchement honte. Mais nous allions vite nous rendre compte que nous n'étions pas à une... honte près et que nous allions boire le calice jusqu'à la lie. Tunisie-Togo n'a pas fait exception à la mauvaise règle de cette CAN sud-africaine : tous à côté de la plaque ou presque. Et même un arbitre «charitable» n'a rien pu contre la médiocrité et l'impuissance révoltantes d'une équipe tunisienne qu'on disait promise à un parcours continental prestigieux. Nous avions beau nous accrocher, chercher des circonstances atténuantes, des semblants de motifs de satisfaction, individuels ou collectifs : rien, rien de rien ! Des explications plausibles, des justifications genre «pour cause de motifs indépendants de leur volonté», il n'y en a même pas et, aujourd'hui, ce groupe, le staff technique et les responsables fédéraux doivent aux Tunisiens des explications et des excuses pour les sorties et la mauvaise image donnée du football tunisien. Mais probablement, cela ne suffira pas et il faudra une enquête sérieuse, une analyse approfondie et des conclusions pratiques pour dépasser ce camouflet et remettre notre équipe nationale sur les bons rails. Faut-il, en effet, rappeler que des éliminatoires de Coupe du monde sont à nos portes... et que rater la phase finale en 2014 au Brésil serait un second camouflet dont notre football se relèvera difficilement. Mais encore une fois, aucune action future n'est possible sans que la vérité sur ce qui s'est passé au Qatar et en Afrique du Sud n'éclate au grand jour. Trop d'interrogations, trop de mystères, trop de zones d'ombre et trop de non-dits qui ont abouti à des choix sauvages et à des sorties calamiteuses. Cela pour un début. Pour le reste, ce sont tous les acteurs de notre football qui sont responsables. La FTF, les clubs, les formateurs et les entraîneurs. Procédons par ordre. Sami Trabelsi : Nous avons la prétention de connaître l'homme et l'entraîneur et nous n'avons absolument pas reconnu ses choix. Des choix qui rompent radicalement avec ses convictions passées et qui ont pourtant abouti à la victoire au Chan et à la qualification à la CAN. FTF : Si le sélectionneur national assume une partie des responsabilités de l'échec, il ne fait aucun doute que la FTF a très mal géré cette CAN, tant au niveau de la préparation que de la gestion du groupe. On parle (et ce n'est un secret pour personne) d'un retour aux vieilles pratiques, à l'interventionnisme au niveau des choix techniques et même au favoritisme. En tout cas, nous en avons eu la preuve avec la mise à l'écart systématique de Ben Yahia, de Dhaouadi, de Baratli en même temps que la confiance aveugle à Mouelhi, Traoui et Chedy Hammami. Pour ne citer que cela... Les joueurs : Trop facile de ne tirer que sur le sélectionneur national et la FTF. Le moins qu'on puisse dire, c'est que nos joueurs sont complètement passés à côté de la plaque. Essentiellement sur le plan mental, car nous avons vu très peu d'envie et trop peu d'esprit de sacrifice. A ce propos, les déclarations et l'attitude de certains après le match du Togo et l'élimination ont choqué plus d'un. Nous autres, journalistes, en premier lieu. Les clubs : Nos clubs sont devenus de véritables usines à fabriquer des joueurs imparfaits et surtout des joueurs défensifs. Aujourd'hui plus que jamais, c'est la dictature des pivots défensifs, bons qu'à se placer devant leur défense, à détruire le jeu de l'adversaire et celui de leur... propre camp par une absence totale de relance, de créativité et de soutien aux attaquants. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Ragued est le joueur tunisien le mieux payé et que Mouelhi, Traoui ont été intouchables durant la CAN. En contrepartie, disparition presque totale des grands meneurs de jeu offensifs et des joueurs créatifs. Les entraîneurs, eux, n'ont fait que renforcer la tendance par leurs choix conservateurs. Bref, formation et choix sont plus que jamais en accusation. Voici quelques premiers points de repère, quelques premières explications au fiasco de notre Equipe nationale en Afrique du Sud. Il y en a d'autres. Le débat est plus que jamais ouvert !