Dans une adresse télévisée, le président de l'Assemlée nationale constituante, M. Mustapha Ben Jaâfar, qui s'est recueilli au début de son intervention sur l'âme du martyr Chokri Belaïd et a présenté ses condoléances à la famille du défunt ainsi qu'au peuple tunisien, a indiqué que ce crime a ciblé en apparence une personnalité nationale mais qu'en réalité, c'est «une tentative d'assassiner l'expérience démocratique que connaît notre Tunisie». «L'auteur de ce crime odieux veut déstabiliser le pays et le lancer droit dans le mur», a expliqué le président de l'ANC. M. Ben Jaâfar qui recommande dans cette allocution aux Tunisiens de faire face «à la rancune et à la haine», a exhorté toutes les forces démocratiques à «mettre la main dans la main» et à se placer en dehors des clivages et des agressions verbales comme celles à laquelle on assiste souvent à l'ANC et dans d'autres tribunes. Il a estimé à cet effet que «la coupe est pleine». «Car l'assassinat politique ne fait pas part des traditions politiques de notre pays», a-t-il ajouté. «Nous sommes à un tournant et tout ce qu'on a essayé de bâtir peut partir en eau de boudin», avertit le président de l'ANC qui lance par ailleurs un appel à la vigilance car «notre avenir est aujourd'hui entre nos mains». Mais c'est aussi un appel à la classe politique qui doit faire preuve de «retenu tout en préservant son droit à la différence». Il n'empêche, le président de l'ANC reconnaît qu'il faut une éthique dans tout dialogue ou débat. «Il faut savoir choisir ses mots», a-t-il dit. «La Tunisie passe par une épreuve difficile et mon vœu, c'est que le martyre de Chokri Belaïd ne soit pas vain», a encore souligné le président de l'ANC. Dans le même sillage, M. Ben Jaâfar a estimé que la Tunisie est «victime d'une manigance dont l'objectif est de bousiller la transition démocratique». A cela il oppose une ferme volonté de donner à cette transition la chance de «mener à bon port le pays et la transition démocratique jusqu'aux élections dans les meilleures conditions». Cependant, il reconnaît qu'il y a urgence. «Après cet acte criminel abominable, il est indispensable que le gouvernement assume certaines responsabilités», d'après le président de l'ANC. D'abord, il incombe, selon M. Ben Jaâfar, au gouvernement de «faire face à toutes formes de violence et de résoudre tous les dossiers en instance relatifs aux agressions». De ce fait, il a clairement exigé «l'interpellation des criminels dans les plus brefs délais afin de mettre un terme aux accusations que se lancent les uns et les autres». Sur un autre plan, il a dit que la classe politique doit «parvenir à une charte qui dénonce le recours à la violence et définit les principes éthiques des rapports entre les politiques». Il s'agit également d'établir un agenda pour l'organisation des élections et pour la promulgation du code électoral. Enfin, le président de l'ANC a lancé un appel pour l'organisation d'un dialogue national qui cadre avec l'initiative de l'Ugtt, avec la participation de tous les acteurs politiques sans exclusion. «Ce qui nous unis est notre fidélité à nos martyrs et aux objectifs de la révolution et l'espace de l'ANC sera à la disposition pour accueillir ce dialogue», a-t-il conclut.