«Il n'y a pas d'alternative à l'initiative de dialogue de l'UGTT» «Le projet de loi sur l'ISIE est une mascarade» Le processus d'unification se poursuit Congrès de la jeunesse samedi et dimanche prochains Après la tenue de son congrès unificateur, les 31 août, 1er et 2 septembre dernier, il est bien curieux de savoir le train de vie que prennent les rouages et structures du Parti des Patriotes Démocrates Unifié (PPDU) ? Quelles sont les nouveautés du processus d'unification ? Quels sont les tenants et les aboutissants des attaques dont est victime le parti et son secrétaire général Chokri Belaïd ? Où se situe le Front populaire dans son positionnement sur l'échiquier politique quelles sont les solutions à préconiser pour pouvoir sortir de la crise politique actuelle ? Quelle est la position du parti concernant le projet de loi sur l'Instance Indépendante des Elections (ISIE), en débat depuis hier, à l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) ? Tels sont les grands thèmes abordés lors de la conférence de presse périodique tenue, hier par les dirigeants du parti.
Le lendemain du congrès unificateur, le processus de lancement des congrès régionaux, celui de la jeunesse et celui des femmes a été lancé. Le congrès de Ben Arous a eu lieu les 3 et 4 novembre courant, sous la bannière du martyr Ammar Ferjaoui. « Nous sommes fiers de nos martyrs et de tous les martyrs de la Tunisie. Chacun de nos congrès sera placé sous la bannière d'un de ces martyrs en signe de reconnaissance et par sens de fidélité aux idéaux pour lesquels ils ont sacrifié leur vie », annonce fièrement Chokri Belaïd secrétaire général du parti. Le processus d'unification se poursuivra. De nouvelles compétences ont rejoint le parti, dont la tendance populaire du Parti du Travail Patriote Démocrate. L'unification suit son cours au niveau des régions et des structures sectorielles comme la jeunesse et les femmes. D'ailleurs, les travaux de la jeunesse se tiendront samedi et dimanche prochains à la salle du Mondial à Tunis. Ils seront ouverts aux médias. « Un parti sans jeunesse n'a pas d'avenir. Sa jeunesse doit avoir une marge d'indépendance pour faire avancer le parti », précise le Secrétaire général. Les 24 et 25 du mois courant auront lieu les congrès de Monastir et Sousse.
Les congrès régionaux devront s'achever avant la fin de l'année. Tout de suite après le congrès des structures du parti à l'étranger leur emboîtera le pas. « C'est le premier pas à esquisser menant à la construction d'un grand parti de Gauche unifié, un parti qui sera à la mesure des sacrifices consentis par plusieurs générations de militants », annonce Chokri Belaïd, tout en ajoutant que le parti subit des attaques « systématiques de la part du gouvernement de la Troïka et ses partis. Des coups de fils en forme de menaces pour intimider nos militants ». Abdallah Guesmi, comparait devant la justice. Des militants du parti à Sidi Bouzid ont connu à leur tour la violence comme Youssef Salhi à Régab. La voiture de Kamel Missaoui a été brûlée au Kef.
Le 22 octobre, le secrétaire général a fait l'objet d'une tentative d'attaque. Certains milieux gouvernementaux, sont en train de monter un dossier contre le secrétaire général. Chokri Belaïd explique ces atteintes par « la clarté avec laquelle le parti a dénoncé les dernières vagues de violence et ceux qui sont à leur origine. Lorsque nous avons posé les problèmes fondamentaux du pays, comme la rédaction de la Constitution, les instances qui doivent être crées..., les problèmes de violence ont surgi », précise le secrétaire général.
Il rappelle que la souveraineté du pays est entamée. Il cite à titre d'exemple, le cas de la société qatarie qui a eu le droit d'exploiter l'aéroport de TunisCarthage, en dépit des intérêts de Tunisair. Il en est de même pour le marché conclu avec Shell, l'autorisant à explorer le gaz de schiste, en dépit de ses dangers contre l'environnement.
Mieux, le 19 novembre le Gouvernement compte signer une convention avec l'Union européenne, pour l'obtention du statut de partenaire avancé. « Le Gouvernement actuel n'a pas le droit de signer pareil traité, touchant l'avenir du pays. Le Gouvernement dispose d'une délégation limitée de pouvoirs qui lui a été donnée par l'ANC élue pour élaborer une Constitution. Le Gouvernement veut endetter lourdement le pays. Lorsque le parti et le Front populaire ont dit non à cette politique, ils ont subi des attaques », dit-il.
Chokri Belaïd considère que la violence des milices qui se disent comité de protection de la Révolution ou celle des Salafistes, ne fait que servir la contre-Révolution. Chaque fois où des appels au dialogue sont lancés, et qu'Ennahdha et le Gouvernement se sentent isolés, des actes violents sont perpétrés pour détourner l'attention de l'opinion publique.
Le parti ne voit pas d'alternative à l'initiative de dialogue national de l'Union générale Tunisienne du Travail (UGTT). De deux choses l'une, ou cette initiative ou le virage vers le chaos. « Notre choix est la Tunisie démocratique qui répond aux revendications des Tunisiens. Ceux qui refusent cette alternative, n'ont qu'à assumer leurs responsabilités », conclue Chokri Belaïd.
A propos des menaces subies par Chokri Belaïd, Mohamed Jemour, dira qu'une protection spéciale lui a été proposée. Il l'a déclinée. « Les autorités publiques assumeront la responsabilité de toute violence qu'il subirait », dit-il.
A une question du Temps sur la position du parti concernant le projet de loi créant l'ISIE, Riadh Fahem, ne mâche pas ses mots. « C'est une mascarade. Nous demandons au gouvernement de ne pas prendre le citoyen pour un imbécile. Le 23 octobre dernier l'ISIE avait convoqué les trois présidents et les différents membres de la Constituante. L'ISIE avait élaboré un rapport. Kamel Jendoubi avait exprimé une position de refus d'être un président formel. Dans le projet du Gouvernement, le président est dépourvu de prérogatives. Le Directeur exécutif choisi par le Gouvernement a tous les pouvoirs. C'est très grave. En plus même si l'indépendance se trouverait garantie, c'est insuffisant. Il faudra une instance indépendante pour les magistrats, une autre pour l'information, des mesures urgentes pour les sans-emplois et pour les droits économiques et sociaux.
La justice transitionnelle doit être mise en place ». Un appel est lancé pour les partis qui sont en dehors du Front populaire pour le combat des libertés, de l'indépendance de l'ISIE et des conditions favorables à des élections véritablement transparentes et démocratiques.