«C'est pareil à ce qui ce passe en France, vous pouvez dire tout ce que vous voulez, mais rien ne change». Décidément, cet Alevêque ne lâche rien. « L'humour n'arrête pas la pluie, mais comme l'essuie-glace, il permet d'avancer». C'est là la phrase que l'humoriste et chroniqueur français Christophe Alévêque a lancée, au début de son spectacle présenté mardi dernier, sur la scène du théâtre de la Ville de Tunis, dans le cadre du festival du rire. Dans sa tenue de « super rebelle », il avait déjà fait une entrée en fanfare: une cape noire doublée d'un jaune clinquant, «slip» rouge sur un pantalon noir. Il essaie de s'envoler, en vain. «Super Rebelle n'a plus la pêche... «Dur de vouloir changer le monde en étant misanthrope», confie le comique. «Je ne crois plus en l'homme. L'argent, voilà, on ne pense plus qu'à ça !». Des feuilles de journaux lui permettront de décortiquer l'actualité. Sur un rythme effréné, il évoque la société de consommation, l'argent adoré par les riches, leur «doudou», dit-il. Et de continuer: «Les pauvres n'en ont pas besoin, parce qu' ils ont grandi»... Il y trouve aussi une matière consistante pour faire des commentaires ironiques et des clins d'œil à propos du sort actuel de Ben Ali, de son épouse et du gendre qui sont toujours en liberté, menant la belle vie, selon lui. Il a également fait le point sur la révolution tunisienne et le printemps arabe. Il n'hésite pas à lancer, à ce propos, au public qu'il est gouverné par un monstre à trois têtes, mais sans cerveau encore. Il reconnaît, cependant, les avantages de la révolution, comme celui de la liberté d'expression. « C'est pareil à ce qui ce passe en France, vous pouvez dire tout ce que vous voulez, mais rien ne change». Décidément, cet Alevêque ne lâche rien. Entre ironie et humour noir, passent à la moulinette vie politique, actualité, société et sujets tabous. Aux extrémistes, aux salafistes comme aux hommes de religion, musulmans ou chrétiens, il crie : «On vous laisse croire , laissez-nous penser !». Côté politique, il a fait le tour de l'actualité, tournant en dérision et avec subtilité, «les élections françaises», dont il évoque les dessous, «la loi sur le mariage pour tous» , «l'interférence de la France au Mali»... Il ne recule devant rien, ce super rebelle, ne s'interdit rien. «J'ai ouvert les vannes», prévient-il, révélant haut et fort ce que le public pense tout bas. Quitte à provoquer quelques-uns. «Quand on dit ce qu'on pense, on s'attire les coups », assure l'ancien chroniqueur de Laurent Ruquier, l'animateur de l'émission «On n'est pas couché» de France2. Et aux applaudissements de fuser. Amplement mérités !