Non, le chef du gouvernement n'est pas resté longtemps sans parler : l'allocution qu'il a donnée hier soir est venue «clarifier certaines choses», mais aussi enfoncer le clou. Hamadi Jebali persiste et signe : cette décision qu'il a prise seul, en son âme et conscience, et dans la seule considération du contexte délicat du pays, il en assume la responsabilité. Et cela, «devant Dieu, devant le pays et, ajoute-t-il, devant son parti ! » Cette seconde adresse au peuple en l'espace de 48 heures se voulait un appel à la raison. Au peuple tunisien qui accompagnait la dépouille de Chokri Belaïd en sa dernière demeure d'abord, à qui il demande la retenue. Mais aussi aux partis politiques dont, souligne-t-il, certains se montrent réticents en opposant des conditions alors qu'ils étaient de ceux qui appelaient à la solution d'un gouvernement de compétences nationales, éloigné de la logique partisane. Le propos de Hamadi Jebali s'est tourné aussi vers le parti Ennahdha : un parti dont il dit qu'il l'honore et qui est démocratique, mais qui est aussi, par rapport à sa proposition, son principal adversaire. Là encore, il en appelle à la raison, soulignant à son endroit comme aux autres que la solution qu'il préconise va dans l'intérêt aussi bien du pays que des partis eux-mêmes : «C'est une solution qui évite au pays un surcroît de tension et offre l'opportunité d'un consensus», et cela en vue de nouvelles élections rapides. Une fois de plus, Hamadi Jebali est convaincu, et veut partager sa conviction, que le pays a besoin d'élections dans les plus brefs délais, que la stabilité et le développement ne seront à nouveau au rendez-vous que si tout le monde œuvre en vue de cet objectif. Pas de retour de l'investissement, ni de l'emploi par conséquent, sans un paysage politique dont les contours sont enfin clarifiés et qui repose enfin sur une légitimité renouvelée et sans ambiguïté. D'ores et déjà, des voix s'expriment au sein de la société civile, apportant leur soutien à cette initiative. C'est le cas de Yadh Ben Achour, qui a nié la difficulté liée à des obstacles juridiques. Les jours qui viennent nous diront de quelle façon, par-delà la douleur et le deuil, la société civile pourra continuer, ou non, d'élargir la base de sympathie que la proposition de Jebali est capable de recueillir en sa faveur. Gageons qu'elle ne sera pas petite.