«Je suis inscrit sur le registre électoral, donc je suis citoyen, et j'existe encore», c'est ce que l'on déduit de l'ensemble des réflexions à la cartésienne menées par les différents intervenants à la conférence sous-régionale tenue, hier matin, à Tunis sur «l'inscription des électeurs : une perspective comparative internationale pour l'Egypte, la Libye et la Tunisie». Trois pays qualifiés «de pays du Printemps arabe» qui ont pu renverser leurs régimes autoritaires pour instaurer des Etats libres et démocratiques, où tout citoyen doit pleinement bénéficier de ses droits civils et politiques dont le droit de vote. Ces pays, qui sont en phase de transition sont passés par des expériences électorales et s'apprêtent, aujourd'hui, à engager de nouveaux processus électoraux. La Tunisie, tout comme la Libye, est en train de finaliser sa constitution, tout en se penchant sur la mise en place de la haute instance indépendante des élections pour organiser comme il se doit les prochaines présidentielle et législatives dont aucune date n'est encore fixée. D'après M. Carlos Valenzuela, conseiller technique principal de l'appui électoral des Nations-Unies en Egypte, Libye et en Tunisie, cela implique la mise en place d'un registre des électeurs actualisé, répondant aux règles d'inclusion, de précision, de fiabilité et de pérennité. D'autant plus que ce processus semble aussi très lent et assez coûteux. D'après les expériences de ces pays, M. Valenzuela tient à affirmer qu'il n'y a plus un modèle exemplaire d'inscription des électeurs. Car, selon lui, tout dépend de techniques, procédures et modalités adoptées dans l'actualisation des bases de données et l'enregistrement des électeurs, sans exclusion aucune. Une question de taille qui n'a pas manqué de susciter auprès de l'assistance un débat enrichi de témoignages donnés par des responsables et des experts en la matière, et ce lors de la première séance de la conférance à laquelle ont pris part MM. Abderrazek Kilani, ministre délégué chargé des Relations avec l'Assemblée nationale constituante, Mohamed Belhocine, coordinateur résident de Pnud en Tunisie et Bill Sweeney, président et directeur exécutif de la Fondation Internationale pour les Systèmes Electoraux (Ifes). C'est à l'initiative de ces deux derniers organismes que cette manifestation et organisée. Elle tombe à point nommé, au moment où notre pays a du mal à finir cette étape transitoire pour passer aux élections dans les plus brefs délais. «Sous la coupole de l'ANC, nous nous sommes actuellement attelés à la finalisation de la haute instance indépendante des élections, en tant que mécanisme exécutif habilité à donner le rendez-vous électoral. D'ici quelques semaines, l'on procèdera à l'ouverture des candidatures à cette instance.», révèle Mme Kalthoum Badreddine, avocate et présidente de la commission de la législation générale à l'ANC, insistant sur l'impératif d'accélérer, en même temps, la promulgation de la loi électorale indisponsable pour les prochaines échéances. Pour cela, Mme Badreddine appelle à l'actualisation, le plus rapidement possible, des registres des électeurs sur des bases de données fiables et précises. «Il n'y a pas une méthode prête à appliquer dans l'inscription des listes électorales. Chaque pays doit le faire suivant ses propres spécificités politiques et socio-démographiques», a-t-elle déclaré, faisant valoir l'expérience du 23 octobre 2011 qui avait abouti à des élections libres et transparentes. De son côté, M. Khaled Sahli, membre de la haute commission libyenne des élections a soulevé les difficultés d'ordre technique et matériel auxquelles avait fait face l'expérience libyenne au début de 2012. «Sans bases de données disponibles, en l'absence d'une plateforme juridique et technologique, nous étions dans l'obligation de recourir à un registre électoral manuel tout bâclé.», dit-il, en lançant qu'il est temps de procéder à sa révision de fond en comble. Il veut s'inspirer de l'expérience tunisienne pour rectifier les erreurs et les lacunes enregistrées. Mettant l'accent sur les critères d'éligibilité, Rafael Lopez-Pintor, Docteur en droit et en sciences politiques et consultant international auprès de l'Ifes, n'y va pas par quatre chemins pour inciter à renforcer le principe inclusif dans la mise en place des registres des électeurs. «Si vous n'y êtes pas inscrits, vous n'êtes pas citoyens...», ainsi commente M. Pintor le fait d'exclure certaines catégories de leur droit de vote. Pour cette raison, il opte pour des opérations d'inscription des électeurs fondées sur des données bien déterminées, prenant en considération toutes les franges de la société, sans aucune exclusion. C'est-là de bonnes pratiques à suivre pour garantir une large représentativité électorale lors des prochains scrutins.