Lors d'une conférence de presse organisée hier au siège du Parti des ouvriers tunisiens, Abdelmoumen Ben Anes, secrétaire général adjoint du parti, a réaffirmé son refus face à la récente nomination d'Ali Laârayedh comme futur président du gouvernement, estimant qu'il est un des symboles de l'échec du gouvernement de Hamadi Jebali. « La démarche prise par le gouvernement et principalement par le parti Ennahdha est on ne peut plus claire. Il s'agit de reconstituer la même politique du gouvernement démissionnaire. De ce fait, nous refusons de participer à des pseudo-dialogues qui n'ont d'autre objectif que d'attirer les caméras de télévision», estime-t-il. Pour sa part, Jilani Hammami, porte-parole du parti, explique qu'Ali Laârayedh et le gouvernement qu'il constituera «jouissent uniquement de la majorité au sein de l'Assemblée nationale constituante», mais que la grande majorité de l'opinion publique est hostile à un tel gouvernement qui, selon lui, ne fera qu'aggraver la crise dans le pays. Selon lui, la crise est essentiellement économique et politique, que les choix du gouvernement de Jebali ont approfondie en créant un climat de tension qui a abouti à l'assassinat du leader du Front populaire Chokri Belaïd le 6 février dernier. Un plan de sortie de crise Sans Hamma Hammami, qui s'est contenté de suivre la conférence du fond de la salle (certainement afin de ne pas diluer son image entre le Parti des ouvriers et le Front populaire), Jilani Hammami a proposé une série de mesures à adopter dans le cadre d'un congrès national pour sortir le pays de la crise actuelle. « Il ne s'agit pas de personnes à nommer ou de portefeuilles ministériels à distribuer, il s'agit d'élaborer un plan à court terme afin de sauver le pays du marasme économique avant la tenue des prochaines élections qui restent une priorité», explique-t-il. En appelant à un congrès national de salut qui réunira toutes les forces politiques du pays, le Parti des ouvriers semble déjà avoir une idée précise quant à ses résultats. En effet, lors de ce congrès national, il s'agira de fixer une date définitive pour les élections et de déterminer la politique du prochain gouvernement. Une politique de gauche forcément, puisque le Parti des ouvriers demande un moratoire sur le remboursement des dettes extérieures de la Tunisie (au moins celles contractées par le régime déchu) ainsi que l'arrêt de la privatisation des entreprises nationales. De telles mesures sont, selon Jilani Hammami, susceptibles d'augmenter de 50% le budget de l'Etat, ce qui lui permettra de geler la hausse des prix, de créer des emplois et même de distribuer des allocations-chômage. Quant à la violence politique, Abdelmoumen Ben Anes estime que la première étape pour éradiquer ce fléau est de dissoudre une fois pour toutes les ligues de protection de la révolution, tout en rappelant que l'arrestation des assassins de Chokri Belaïd doit être suivie de l'arrestation de ceux qui ont poussé au meurtre.