La galerie d'art Aïn a abrité du 7 au 25 mai une exposition collective d'arts plastiques. Panthéon de peintres tunisiens chevronnés et confirmés. Bady Chouchène, Mokhtar Hnane, Béchir Kouniali, Hachmi Marzouk, Mohamed M'timet, Habib Saidi, Victor Sarfati et Abdelhamid Thabouti ont participé à cet évènement culturel par une panoplie d'œuvres d'art qui varient aussi bien les matières que les thématiques. En effet, toiles, aquarelles, sculptures de bois et de bronze, dessins à l'encre de Chine et tapisseries décorent la galerie et donnent lieu à une fête de couleurs. Ainsi, remarque-t-on, que les peintres affichent un intérêt particulier à la figure de la femme. Elle est symbole de modernité. Elle évoque autant de souvenirs heureux. Parcourant les méandres de la vieille Médina ou les dédales de Houmet Souk, voilée par le fameux sifsari ou accrochant un enfant à son flanc, chevauchant une bicyclette ou occupant les scènes de cueillette des olives et des amandes, la femme occupe une place de choix et revêt par, la même occasion, plusieurs symboles. Elle représente, dans ces différents tableaux, la figure de la maternité, de la rencontre bien heureuse, de l'émancipation ou d'une nostalgie d'une vie antérieure. L'exposition collective de la galerie Aïn verse, savamment, dans l'impressionnisme quant à la représentation des scènes réellement vécues par les peintres. Les couleurs vives occupent toiles et aquarelles et la lumière en dislocation se propage sur les différents éléments qui décorent les scènes de cueillettes ou la représentation de la vie quotidienne d'antan. Nous remarquons que les œuvres d'art affichent une prédilection pour la fusion entre les êtres et le milieu auxquels elles appartiennent. D'où un assouplissement dans l'opposition entre les figures représentées et le cadre spatial, champêtre ou urbain soit-il. Les touches et les formes discontinues portant un élan vers l'ouverture et le décloisonnement des structures donne vie aux réminiscences. Des réminiscences nostalgiques, tendres et gravées dans la mémoire. La vivacité de la plume sautillante du pinceau le témoigne à bien des égards. Les couleurs éclatantes et lumineuses renvoient à des scènes réelles vécues par les peintres. L'exposition de la galerie Aïn réfère, également, à une dimension psychologique. Les toiles de Abdelhamid Thabouti Vertige de la Folie et Echange et Possession le révèlent à bien des égards. Les couleurs fauves et fortes épousant l'enchevêtrement des formes et les figures anthropomorphes explorent les méandres de l'âme et renvoient à une réalité tout autre, la réalité de l'être dans son intimité. La galerie d'art Aïn est, en effet, un évènement culturel de taille. Mais sommes-nous tous au courant de tel évènement culturel ? Avons-nous acquis assez de maturité intellectuelle pour passer du côté de la galerie et y entrer ? M. Bady Chouchène déplore l'intérêt quasi absent face à l'art surtout dans les établissements scolaires. A ce titre, la question qui nous vient à l'esprit : à qui revient la responsabilité? Les professeurs d'arts plastiques accomplissent-ils vraiment leur mission dans les règles de l'art ? Comme le dit l'adage «tout labeur, tout honneur».