La petite galerie Aïn des jardins de Salambo du côté de Carthage accueille les œuvres de Bady Chouchène. La galerie Aïn dirigée par Mohamed El Ayeb, a joué et joue encore, malgré les difficultés et ses dimensions modestes, un rôle important dans la région de la Goulette et du Kram, pour faire connaître et mettre en valeur l'art pictural et les métiers d'art depuis quelques deux décennies. Il serait peut être temps de reconnaître le mérite de cette petite entité dans son effort de faire connaître et de populariser les travaux des peintres connus déjà ou moins connus comme Mtimet, Saïdi, Bekri, Bouden, Sarfati, Lamine Sassi et bien sûr aujourd'hui Chouchène Aïn a aussi le mérite d'avoir montré les travaux de photographie d'El Ayeb lui-même, de Thabouti, de Chalbi, de Saâdi et de feu Ridha Tlibi. Les métiers d'art furent mis en valeur par Aïn. C'est ainsi que les graveurs comme Ben Meftah, Islam Haj Rhouma, Bakar, Ben Frej sous influence de Sahli y trouvèrent refuge. Les céramistes comme Chtioui, Kziaa ou Amira Mtimet ou des tapissiers comme M.Mtimet ou Renata Dlimi. M.Njah ou feu Ali Trabelsi y ont élu, à plusieurs reprises, domicile. Cette revue de nombreux artistes qui fréquentent cette galerie prouve que sa création n'était pas arbitraire et qu'elle continue aujourd'hui, comme hier à rendre service à l'art d'une manière efficace. L'exposition, aujourd'hui, de Bady Chouchène illustre très bien l'importance de Aïn pour l'art et pour son exposition dans notre pays. Chouchène y expose une trentaine de toiles toutes en peinture à l'huile. Le peintre y déploie toute sa virtuosité, la virtuosité d'un peintre de métier, technicien à l'extrême et pourtant restant toujours sensible à ce qui l'entoure, au mouvement de la rue grouillant de vie et de couleurs intenses et sonorités chaudes. B.Chouchène n'est pas né de la dernière pluie et semble être initié aux secrets de la composition, du dessin coloré et de la distribution des éléments structurant les espaces de ses tableaux. Chouchène possède un parcours artistique très remarquable. Il a appris la céramique avec Gorgi. Il a également beaucoup produit en aquarelles et l'exposition d'aujourd'hui, rappelle sa longue fréquentation de cet art et sa démarche qui vise à saisir rapidement l'essence des choses et du monde dans une gestualité picturale réduit le mouvement à une économie de moyens très minimaliste. Sa force expressive est dans cette recherche de sensations ramassées de couleurs et de transparences. La composition chez Chouchène est pour lui, un exercice facile. Son élaboration de l'espace commence par le traitement du premier plan qui reste figuratif et identifiable. L'espace intermédiaire annonce le creusement de la profondeur animé d'une peinture pointilliste et quelquefois tachiste. Chouchène peint « naturellement » et surtout tel qu'il ressent son besoin du dire, sans urgence, le monde qui l'entoure sans drame ni mesure. L'esthétique qui émane de ses travaux est celle de la volupté tranquille.