Les locaux de la Zitouna Sport ont été incendiés et saccagés, avant-hier soir, par des inconnus L'un des plus vieux clubs du pays, le mythique Zitouna Sport, broie du noir. Après deux ou trois vols subis par les locaux, on en arrive maintenant à mettre le feu, détruisant la totalité des archives et transformant en cendres tout le matériel de la salle de musculation. Une partie de la toiture a cédé. «Nous avons alerté la police, mais également le département de tutelle et le gouvernorat de ces destructions, indique le président Rachid Barouni. Le viol de nos locaux et de nos installations par des poignées de jeunes riverains passe désormais pour une banalité, même si c'est toujours démoralisant et fatiguant pour toute la famille zeitounienne. On se bat comme on peut, désormais. Longtemps, nous avons insisté auprès des autorités afin de les sensibiliser sur la nécessité de sécuriser notre club. Pourquoi l'espace occupé par nos voisins, le Tennis Club de Tunis et le Gazelec Sport, est-il parfaitement fermé et inaccessible, alors que le nôtre ressemble à un souk à ciel ouvert? Il suffit de détruire les grillages pour y accéder sans coup férir. Vous ne pouvez pas imaginer la gêne que cela occasionne pour les sportifs et surtout pour les sportives par ces temps de dérives sécuritaires. Il y a au vrai non seulement un sentiment de gêne mais également de peur», insiste le président de la ZS. Lequel espère que cet épisode sera finalement un bien pour un mal, en ce sens où il doit servir d'alerte salvatrice: «Nous avons obtenu la promesse du ministre de la Jeunesse et des Sports, Tarek Dhiab, de doter le club d'une salle couverte et de locaux modernes et viables, rappelle-t-il. Ce vieux rêve cher à des générations entières d'enfants de la Zitouna se fait attendre. Sa concrétisation tarde. Nous en sommes à présent au stade de la mobilisation des fonds nécessaires qui sont de l'ordre d'un million de dinars. Devrait-on parler d'une sorte de malédiction : de jeunes associations disposent de leurs propres salles couvertes alors que la Zitouna, un monument (malheureusement en péril) vieux de 90 ans, presque un siècle, évolue toujours à ciel ouvert et sur terre battue. Ce paradoxe produit une infinité de joueurs sujets à de graves entorses, ligaments croisés... Nos terrains se trouvent à un stade écœurant de délabrement. Nous passons pour être le premier club dont les sportifs sont abonnés à l'Institut El-Kassab. Bref, cela a tout l'air du moyen-âge du sport avec tous les risques et les insuffisances que cela comporte», insiste Rachid Barouni. Un budget squelettique Il n'est pas exclu que le bureau directeur rende dans les heures qui viennent le tablier. Ecœurés par toutes ces petites vicissitudes et grandes misères, les dirigeants paraissent aujourd'hui découragés. Les entraîneurs continuent d'exercer par passion beaucoup plus que pour le gain. Il arrive même que les joueurs ne bénéficient pas du «minimum vital», soit les frais de déplacement. Le club tourne miraculeusement avec un budget annuel de 100 mille dinars pour un millier de licenciés. En cinq mois d'exercice, cette saison, le club, installé du côté du Belvédère, a reçu une subvention du ministère et de la municipalité de l'ordre de... 30 mille dinars. Une misère, quoi!