«La Tunisie n'aurait jamais pu se construire sans les sacrifices de ses femmes», a souligné, hier, le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaâfar, qui, dans un message volontairement rassurant à l'adresse des femmes, a réitéré l'attachement des Tunisiens à défendre et à soutenir les droits de la femme. S'exprimant lors d'une cérémonie tenue au Palais du Bardo, et marquant la célébration de la Journée internationale de la femme, Ben Jaâfar a indiqué que l'article 5 de la future Constitution «garantit la pleine égalité en droits et en devoirs entre les deux genres sans aucune forme de discrimination». Il a, également, fait part de l'attachement de l'Assemblée à ce que soit défini avec précision le concept de discrimination dans son acception admise par les traités internationaux, en concrétisation de «la volonté d'interagir avec l'environnement international et de faire siennes les initiatives destinées à jeter les fondements de l'Etat moderne», a-t-il dit. Le président de l'ANC a, également, appelé à «la nécessité d'accorder tout l'intérêt requis au corpus de droits de la femme, dans le cadre de l'approche universaliste des droits de l'Homme, tout en faisant en sorte que ces derniers ne soient pas incompatibles avec les spécificités de la société tunisienne et son identité arabo-musulmane», selon ses propres termes. «Si l'ancien régime a usé des droits de la femme comme d'un simple faire-valoir, rien ne justifie pour autant que d'aucuns en tirent aujourd'hui prétexte pour s'en prendre à ces droits», a-t-il insisté avant d'ajouter en substance : «La femme tunisienne a milité avant et après l'Indépendance. Elle a, même, fait de la prison, au même titre que l'Homme, durant les années de braise». Pour sa part, le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, a rappelé que «la bataille pour l'émancipation de la femme est passée par celle de la libération du pays puis par le combat politique, dans lequel des femmes islamistes et démocrates s'étaient illustrées en défendant la femme comme citoyenne et non comme objet». Pour lui, la Tunisie se doit, aujourd'hui, «de s'engager dans l'étape de l'émancipation de la femme pour défendre ses droits socioéconomiques dont le droit à l'enseignement, à la santé, à une vie décente et à la lutte contre la pauvreté. Nous restons tenus par le serment de poursuivre l'œuvre de Tahar Haddad, qui est un combat pour la liberté et contre la pauvreté», a-t-il ajouté. Etaient présentes à la cérémonie, des députées de la Constituante, la ministre finlandaise des Affaires étrangères et un certain nombre d'ambassadrices accréditées à Tunis. Dans une allocution à cette occasion, la ministre finlandaise de la Coopération internationale, Heidi Hautala, a souligné que l'opportunité s'ouvre, aujourd'hui, devant la femme tunisienne, en cette étape de transition démocratique, pour qu'elle contribue à l'instauration de la démocratie, à la consécration de la liberté d'expression et au renforcement de ses acquis. Elle a mis l'accent sur l'importance du rôle dévolu à la société civile dans la réussite du processus de transition démocratique, réaffirmant le souci de son pays de continuer de soutenir la Tunisie et de consolider la coopération bilatérale, notamment dans les domaines de l'emploi, de l'enseignement et de la santé. Pour sa part, Pauline Marie Antoinette Hien-Winkoum, ambassadrice du Burkina Faso, a indiqué que la célébration de la fête internationale de la femme est une occasion pour mettre l'accent sur l'importance des acquis réalisés par les femmes, appelant l'Union africaine à renforcer l'égalité hommes-femmes dans les différents pays du continent. «Nous refusons toute atteinte aux acquis de la femme et nous continuerons d'œuvrer pour les renforcer», a souligné, en substance, Sana Marsini, représentante du groupe parlementaire Ennahdha. Elle a mis l'accent sur le souci des constituantes de consacrer le principe de parité et d'égalité des chances entre l'homme et la femme en matière d'accès aux postes de responsabilité et leur refus de toutes formes de violence à l'égard des femmes. Elle fait part de la volonté de renforcer la coopération avec les différentes composantes de la société civile en vue de préserver les acquis de la femme et de renforcer son rôle dans la vie politique, sociale et culturelle. Pour sa part, Salma Mabrouk, représentante du groupe parlementaire démocratique, a mis l'accent sur l'importance de constitutionnaliser le principe d'égalité entre l'homme et la femme sans discrimination. Elle a souligné la nécessité d'associer la femme à la prise de décision, de consacrer le caractère civil de l'Etat et de supprimer toutes formes de précarité. Noura Belahssine, représentante du groupe parlementaire Congrès pour la République, s'est déclarée indignée de voir la femme exclue des grandes décisions prises en Tunisie. «On allait boycotter la célébration de cette Journée pour protester contre l'exclusion de la femme des concertations au sujet de la formation d'un nouveau gouvernement», a-t-elle ajouté. La représentante du groupe parlementaire Ettakatol, Lobna Jribi, a souligné la nécessité de renforcer les droits de la femme, loin des tiraillements politiques, appelant les constituantes à être au premier rang des forces qui défendent les acquis de la femme et qui œuvrent à promouvoir ses droits. Les constituantes présentes ont appelé à inscrire dans le texte de la Constitution le principe d'égalité des chances dans l'accès aux postes de décision. Elles ont, également, appelé à garantir les droits civils, socioéconomiques et culturels de la femme et à éradiquer toutes les formes de violence à son encontre. Karima Souid, représentante des constituantes indépendantes, a souligné que la société civile constitue un des principaux acquis de la révolution tunisienne puisqu'elle représente un rempart contre les dangers qui menacent les acquis des Tunisiens, les libertés et les droits. Mehrziah Labidi, première vice-présidente de l'ANC, a rendu hommage, à cette occasion, aux constituantes pour leur contribution remarquable aux travaux des commissions et à la rédaction de la Constitution.