«Pour les dossiers de franchise, l'évaluation du couple promoteur-projet est plus simple et relativement assurée», relève un responsable de la Bfpme Les risques inhérents à l'aventure entrepreneuriale sont de nature à dissuader tout bailleur de fonds. Force est de constater que les banques de la place exigent des garanties réelles pour financer les projets, voire la partie matérielle de l'investissement initial, sans trop considérer l'importance des cash-flows futurs. Ainsi, la contrainte est double pour le promoteur de projets franchisés. D'une part, il doit présenter suffisamment de garanties réelles dont la valeur dépasse largement les fonds demandés. Et d'autre part, le refus de financement des investissements immatériels est quasi systématique. A défaut d'accès à un financement intégral de l'investissement, et particulièrement l'absence des produits appropriés aux besoins spécifiques des franchisés, il convient, alors, de se demander si cette catégorie de projets aurait des chances de se développer sous nos cieux ? Pour apporter des éléments de réponse, on s'est adressé à Mme Nawal Gara-Ali, directeur des Etudes et de l'évaluation à la Bfpme, la banque dont la raison d'être est de pallier les contraintes d'accès au financement des jeunes promoteurs et PME, à savoir la garantie réelle. De prime abord, «la franchise figure sur la liste des secteurs auxquels la banque accorde une attention particulière», rappelle-t-elle. Dans cette liste, elle énumère, également, les projets à haute valeur ajoutée, le secteur des énergies renouvelables, la biotechnologie, les TIC... Et plus généralement, la Bfpme est une banque d'investissement qui finance tous les projets dans tous les secteurs, à l'exception des projets touristiques à grande capacité d'hébergement et la promotion immobilière à l'usage d'habitation. «Pour les dossiers de franchise, l'évaluation du couple-promoteur projet est plus simple et relativement assurée», relève la responsable. Il en découle que les dossiers adossés d'un contrat de franchise seraient traités en priorité. Pour l'évaluation du projet, le contrat avec un franchiseur est de nature à apporter des garanties aux niveaux de l'approvisionnement, de la transformation et la commercialisation des produits. Une maîtrise complète du cycle d'exploitation, de l'achat à la distribution. Le franchisé bénéficie, également, de la notoriété de la marque du franchiseur et de ces techniques de ventes qui ont fait leurs preuves. «Dans cette mesure, le contrat réduit considérablement les risque liés au projet, de l'approvisionnement à la distribution», note-t-elle. Et d'ajouter «Pour la banque, la franchise est un atout pour tout dossier. Financer une franchise est plus sûr». S'attardant sur l'autre élément du couple, le promoteur, elle avance : «La banque aurait besoin de mener plusieurs entretiens pour apprécier les qualités et les aptitudes du porteur de projet». Alors qu'un contrat de franchise sous-entend que son porteur a passé par une première évaluation favorable de la part du franchiseur. «C'est déjà une première garantie», estime-t-elle. Et d'argumenter : «Ce n'est pas donné à tous de décrocher un contrat de franchise». Et pour valider ces premières évaluations favorables au couple projet-promoteur, la banque examine en filigrane les termes du contrat de franchise. Car les contrats de franchise sont porteurs de bonnes et de moins bonnes pratiques. «Au-delà de l'enseigne internationale, la banque s'intéresse à la viabilité du projet et la protection des droits du franchisé», souligne-t-elle. Et d'expliquer : «Beaucoup de contrats de franchise confèrent à leurs détenteurs de larges perspectives, par exemple une exclusivité sur un marché étendu, et de ce fait le franchisé pourrait se transformer en franchiseur». Tandis que d'autres contrats n'apportent pas de réels atouts au franchisé. Pour ce qui est de l'expérience de la banque, la concession automobile a été la branche la plus financée de ce mode de distribution, douze concessions dans l'ensemble. Mieux encore, «L'un des promoteurs financés par la banque a su développer sa marque et son propre réseau de franchisés», vante-t-elle. D'autres demandes sont en cours pour le développement du réseau commercial sous le mode de franchise de plusieurs projets de pâtisserie industrielle. Parallèlement, il y a des sous-traitances assimilées à des franchises, à l'instar des partenaires de la plateforme Benetton qui assure les matières premières, les procédés de production et le rachat de la production. Des besoins financiers spécifiques Le poids des frais du démarrage d'une franchise est de nature à dissuader tout promoteur. Un développement en solo pourrait épargner l'investisseur de plusieurs détours. «Pour la Bfpme, ces frais et ces redevances font partie de l'investissement et ne sont guère des charges supplémentaires», insiste-t-elle. Et d'expliquer «C'est comparable à l'acquisition d'un achat d'un fonds de commerce ou à des années de travail pour en constituer une image de marque». Avec la franchise, on bénéficie dès le démarrage de la notoriété du franchiseur. Dans cette perspective, les éléments immatériels figurent parmi les composantes de l'investissement initial, «et sont éligibles au financement de la Bfpme», précise-t-elle. Et de commenter «Plusieurs banques et même des sicars nous accusent d'être souples dans le financement». A vrai dire, le financement des projets se limite aux équipements à forte valeur et marginalise les investissements immatériels. A cet égard, l'apport de la banque est notable pour les promoteurs. «Heureusement, ces banques et ces sicars se réfèrent aux schémas d'investissement établis par la Bfpme pour valider les projets à financer». Dans ces schémas, la Bfpme prend en considération les intérêts intercalaires, les commissions, les formations nécessaires... «Ça ne sert à rien de comprimer les coûts et d'accuser un mauvais démarrage», prévient-elle. Un nouveau produit en vue Dans le cadre d'une mission de jumelage de la Bfpme, du côté tunisien, avec la banque de développement Oseo, du côté européen, la banque vise à développer des produits spécifiques aux besoins de la PME, dont elle cite «le contrat de développement». Ce produit, ajoute-t-elle, se veut une réponse à la forte réticence des banques à financer les PME sauf en cas d'investissements physiques. «Le lancement d'un projet de mise en bouteille d'eaux minérales nécessite de grosses campagnes de communication. Mais, cet investissement immatériel ne trouverait pas de bailleurs de fonds», illustre-t-elle. Ce produit, «contrat de développement», se place donc comme une réponse au financement des investissements immatériels des PME, notamment exigés par les contrats de franchise. Sans aucune garantie externe au projet. Ce produit qui découle de l'expérience française est un contrat complémentaire aux produits bancaires puisqu'il conforte la structure financière des PME. Il couvre les investissements dans les frais d'approche, les investissements immatériels, à savoir la certification, les plans marketing, les formations... De même, ce contrat finance des investissements matériels ayant peu ou pas de valeur de gage, notamment les logiciels.