La traque des terroristes et la sécurisation se poursuivent inlassablement un peu partout dans le pays, notamment dans les zones forestières et montagneuses où les bruits de bottes et le ratissage des forêts sont devenus monnaie courante pour les habitants. En effet, depuis les événements sanglants de Kasserine, la découverte d'une voiture à Fernana bourrée de tenues militaires, d'armes à feu et d'explosifs et l'assassinat de Chokri Belaïd, leader du Parti des patriotes démocrates unifié, les forces de sécurité ont multiplié les opérations de ratissage et d'interception de certains terroristes et leur arrestation. Pour le moment, l'on remarque les liens de cause à effet entre les trois actions menées séparément dans le pays, notamment à la suite de l'arrestation, au Kef, d'un individu recherché qui aurait été identifié comme le chargé d'approvisionnement des groupes armés retranchés dans les forêts de Ouerghla. D'ailleurs, cette arrestation, opérée dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, a été précédée, la nuit de mardi à mercredi, de l'arrestation d'un autre terroriste activement recherché et qui serait en rapport avec les acteurs de la voiture appréhendée il y a plus d'un mois dans la localité de Fernana, dans le gouvernorat de Jendouba. Depuis plus d'une semaine, des hommes relevant des services antiterrorisme de la Garde nationale, appuyés par des unités de l'Armée nationale et des équipements lourds, dont des blindés et des hélicoptères, ont été déployés entre Sakiet Sidi Youssef et Touiref où ils ont réussi à arrêter les deux hommes. Les opérations de ratissage, dont l'ampleur est sans précédent, ont surpris la population qui y voit un indice de la présence d'éléments dangereux dans la région et même au-delà. En tout cas, si l'on se réfère au mode opératoire des unités armées, que ce soit celles relevant de l'Armée nationale ou de la Garde nationale, l'on ne peut qu'affirmer qu'il s'agit d'une opération de traque d'éléments terroristes beaucoup plus qu'une simple opération de sécurisation de la région, comme l'a souligné une source sécuritaire. Les services spécialisés ont pratiquement passé au peigne fin toutes les localités forestières, grâce à une étroite coopération de la population qui a toujours constitué un point de soutien solide aux forces de sécurité dans toute la région. Mardi dernier, un important déploiement des forces de sécurité et des unités de l'armée a passé au crible la zone d'El Hazim entre Le Kef, Touiref et Sakiet Sidi Youssef avec un survol de la zone pendant plusieurs heures par des hélicoptères de l'Armée nationale. Depuis le début des opérations de traque des éléments terroristes, six éléments en tout ont été appréhendés, alors que l'assassin présumé de Chokri Belaïd continue d'alimenter le suspense et de soulever plusieurs interrogations sur son sort, notamment après que le ministre algérien de l'Intérieur Dahou Ouled Kablia eut déclaré sur une chaîne de télévision arabe privée que l'Algérie n'a ni arrêté le meurtrier ni l'avoir livré à la Tunisie, infirmant ainsi les multiples informations faisant état de l'arrestation à la Tunisie du meurtrier par les autorités algériennes de l'extradition. Sans pour autant baigner dans l'euphorie qui suit certaines réussites à l'actif des forces de sécurité, l'on peut dire qu'il y a un revirement total dans le mode opératoire de la traque des terroristes et que les problèmes de sécurité commencent à inquiéter le gouvernement tunisien qui, semble-t-il, a pris la décision irrévocable de mettre fin au fléau du trafic de drogue, d'armes à feu et de crimes organisés. Mais parviendra-t-il à sécuriser réellement le pays dans la prochaine étape ? Cela semble difficile mais pas impossible.