Des formations complémentaires, voire des reconversions dans les métiers prisés et prometteurs, ainsi que des facilitations financières sont des leviers pour l'entrepreneuriat et l'exportation du personnel «Il n'y a pas de solution pour le problème du chômage en Tunisie», ont relevé, ces derniers temps, plusieurs politiciens et hauts responsables. Parallèlement, porter le taux de chômage à 16,7% est véhiculé comme une prouesse. Ont-ils bien pesé leurs mots ? N'ont-ils pas oublié quelques pistes pour résoudre ce problème ? En effet, il serait plus opportun d'imaginer d'autres issues pour les demandes pressantes, afin d'atteindre et maintenir un équilibre sur le marché du travail. Il est vrai qu'avec un rythme de création de 85 mille emplois annuellement, principalement dans la fonction publique et quelques petites activités du tertiaire, il est hors de portée de gérer un stock de plusieurs centaines de milliers de demandeurs d'emplois. Avec les vagues successives des diplômés de l'enseignement supérieur, le dossier se transforme en un véritable calvaire pour tout responsable et toute institution. Mais l'ampleur du phénomène et sa délicatesse méritent des analyses plus approfondies, des déclarations constructives suivies par des plans d'actions concrets. Car, autour de ce dossier, qui touche 33% des jeunes diplômés, une dangereuse surenchère politique s'est érigée. Parfois, le thème est vidé de ses aspects économiques et sociaux. Dans une acceptation théorique, la résorption du chômage est tributaire du rythme des investissements, surtout du secteur privé, et plus généralement de la croissance économique du pays. Nombre d'analystes soutiennent qu'une croissance économique robuste, pour quelques années, semble être la solution à tous les problèmes d'emploi et de développement régional. Cependant, la réalisation de tels taux de croissance, dans des conditions normales, est tributaire de la succession de réformes, de plans de relance et de l'implication de toutes les parties prenantes : Etat, investisseurs, consommateurs et société civile. Mais dans un contexte de flottement politique, les investissements évolueraient de pair avec la clarté des grandes échéances et le fonctionnement des institutions qui assurent la transition. A vrai dire, un travail de longue haleine. Sur un autre plan, les chômeurs porteurs d'idées de projets pourraient se transformer en pourvoyeurs d'emplois, moyennant un encadrement, un financement et une facilitation d'accès aux marchés. A cet égard, les jeunes promoteurs trouvent beaucoup de mal dans la recherche d'un local approprié à leurs activités. Outre les loyers exorbitants, le nombre de propriétés conformes à l'usage professionnel est restreint. Et les zones industrielles sont généralement éloignées et peu adéquates pour les entreprises de services, accessibles aux jeunes diplômés. Pour le financement, les nouveaux promoteurs sont dans l'obligation de gérer la légendaire réticence des banquiers qui privilégient les garanties réelles. Pour surmonter ce handicap, ils sont obligés de contracter des crédits fournisseurs, très coûteux. Cette fragilité financière entrave la bonne marche des affaires. Ce qui explique leur passage tardif à d'autres paliers de croissance, notamment à l'international. Outre l'entrepreneuriat et l'investissement, l'exportation du personnel est de nature à alléger la pression sur le marché du travail national en plaçant l'excédent sur d'autres marchés. D'ailleurs la gestion des compétences, obéit de nos jours aux mêmes règles de l'offre et de la demande l'importation et de l'exportation, des marchés des biens ou de capitaux. Même si à première vue, ce mécanisme semble déshumaniser les demandeurs d'emploi. Dans ce cadre, des formations complémentaires, voire des reconversions dans les métiers prisés et prometteurs, sont des leviers privilégiés.