•La réticence des investisseurs privés coûte annuellement jusqu'à deux points de croissance et 35.000 postes d'emploi Nul ne doute que le chômage galopant, surtout des diplômés, a été le détonateur du soulèvement des jeunes Tunisiens contre une situation handicapante et parfois humiliante. Ce soulèvement a dévoilé les limites des dispositifs de formation et les défaillances structurelles du tissu économique national. Face à une telle situation, on ne cesse de rappeler que le principal défi est la création d'emplois. Pour ce faire, on doit multiplier les réformes pour ériger un modèle de croissance plus approprié aux spécificités nationales. Il faut investir dans un climat d'affaires propice aux IDE à forte employabilité et à l'entrepreneuriat des jeunes diplômés, ainsi qu'à l'exportation des compétences tunisiennes. Nombre d'analystes soutiennent qu'une croissance économique robuste, pour quelques années, semble être la solution à tous les problèmes d'emplois et de développement régional. Mieux encore, des taux de croissance avoisinant 7% peuvent jouer le rôle de catalyseur de la transition démocratique du pays. Cependant, la réalisation de tels taux de croissance est tributaire de la succession de réformes, de plans de relance et de l'implication de toutes les parties prenantes : Etat, investisseurs, consommateurs et société civile. A vrai dire, un travail de longue haleine. Ces deux dernières décennies, la part de l'investissement privé dans le PIB est restée largement en-deçà des standards internationaux, s'élevant à 20%. La réticence des investisseurs privés coûte annuellement jusqu'à deux points de croissance économique et 35.000 postes d'emploi. A cela s'ajoute le déficit structurel du tissu économique. Constitué, en majorité, par des entreprises de sous-traitance, à faible valeur ajoutée, employant une main-d'œuvre non, ou peu qualifiée, ce tissu n'est pas en mesure de garantir une croissance durable et reste vulnérable aux chocs économiques. Déficit de financement Pour l'entrepreneuriat, plusieurs promoteurs indiquent à cet égard que trouver le local approprié à leurs activités figure parmi les handicaps majeurs. Outre les loyers exorbitants, le nombre de propriétés appropriées est restreint. Et les zones industrielles sont généralement éloignées et peu adéquates pour les entreprises de services, accessibles aux jeunes diplômés. Cela annonce une pénurie des locaux, d'où une première difficulté de taille aussi bien pour monter les projets que pour les extensions. Sur un autre plan, les nouveaux promoteurs rencontrent des problèmes de financement. Pour surmonter ce handicap, ils sont obligés de contracter des crédits fournisseurs, très coûteux. Cette fragilité financière entrave la bonne marche des affaires. Ce qui explique leur passage tardif à d'autres paliers de croissance, notamment à l'international. Pour atteindre et maintenir un équilibre sur le marché de travail, on doit prévoir des issues pour les demandes pressantes. Dans ce cadre, des formations supplémentaires, et des reconversions, dans les métiers prisés et prometteurs sont une stratégie privilégiée. A ce titre, il convient de préciser le manque d'entreprises spécialisées dans la formation et le placement des compétences tunisiennes dans les marchés de travail prometteurs, notamment dans les pays du Sud. En conclusion, dans ce contexte d'urgence, le jeune diplômé a besoin de réelles chances pour un emploi décent, de significatives incitations aux investissements et d'une formation appropriée. Il faut épargner aux diplômés une autre déception.