Doter les femmes rurales de compétences nécessaires pour gérer un petit projet, mener un groupe d'apprentis, solliciter un microcrédit... De quoi développer une petite structure économique pérenne L'un des stands du Salon de l'artisanat expose divers articles de décoration et d'usage ménager en fibres végétales. Rien de surprenant. Mais, outre l'originalité des designs et des matières, le plus remarquable est que ce stand a été meublé des prototypes produits par une centaine de femmes rurales originaires de cinq délégations du gouvernorat de Kébili. «Des femmes célibataires, démunies, marginalisées, sans travail, en dépendance totale à leurs parents... mais qui sont hyper motivées pour produire et développer», décrit Mlle Meïla Brahim, présidente de l'association la Voix de la Femme. En réalité, ce stand offre une diversité du potentiel féminin dans cette région du sud. De celles qui cherchent l'autonomie en développant des activités rentable à celles qui gérent ce projet d'envergure, intitulé «l'investissement focalisé sur les femmes rurales», les femmes prouvent encore une fois leur volonté, ainsi que leur capacité à se prendre en charge, soit une émancipation totale. Ces femmes, dans le cadre de ce projet, financé par le fonds américain Middle East Partenarianship Initiative (Mepi), tentent d'allier l'économique au social et à l'environnemental, en valorisant les ressources naturelles de la région, notamment les fibres végétales, principalement smara des chotts et saaf des palmiers. Elles bénéficient, dans ce cadre, d'une formation dans les métiers de l'artisanat, à raison de 30 heures par semaine, durant dix mois. Les apprenties assistent à des modules de formations spécifiques, notamment de «Création et design», afin qu'elles puissent adapter leurs productions aux évolutions des goûts et des besoins des consommateurs, locaux dans une première étape. Car, dans une deuxième étape, fait savoir la présidente de l'association, un site web marchand serait mis la disposition des artisanes pour exposer leurs produits à une clientèle plus éloignée. «La participation à cette foire s'inscrit dans cette logique de tester les produits qui plaisent le plus», avance-t-elle. «C'est joli et c'est léger», a recommandé à son accompagnante une touriste qui tenait entre ses mains un panier de fruits en fibres végétales. En somme, ce programme vise à doter ces femmes des compétences nécessaires pour gérer un petit projet, mener un groupe d'apprentis, solliciter un microcrédit... De quoi développer une petite structure économique pérenne. Dans le cadre de ce projet, «l'association a recruté cinq diplômés du supérieur», vante-t-elle. Ces formateurs se déplacent dans les délégations afin de gérer des ateliers pour une vingtaine de femmes bénéficiaires. «C'est plus facile de déplacer les formateurs vers les femmes que de les faire venir», explique-t-elle. Pour ce qui est de l'implication des femmes dans ce programme de formation, elle a rapporté ce que ces femmes ont répété à maintes reprises : «Sortir de la maison est une première satisfaction». Cette motivation est appuyée par la bourse mensuelle servie aux formées. Sur un autre plan, la présidente de l'association a rappelé « Bien qu'au départ on a fixé des critères pour la sélection des femmes bénéficiaires de ce projet d'apprentissage, le programme s'est élargi à d'autres profils ». Et de préciser : «On ne va pas discriminer des femmes pour un projet qui vise leur inclusion sociale». Et pour atteindre l'objectif primordial, « l'égalité des sexes », le programme a prévu une formation complémentaire en citoyenneté. «Une première !», selon la présidente de l'association. L'originalité des articles exposés, l'enthousiasme de la meneuse de ce projet et les aspirations des femmes rurales de cette région laissent augurer d'un avenir meilleur pour ces femmes, véritables forces vives.