La 4e édition des Journées de danse contemporaine continuent leur marche à Mad'art, avec pour devise «le corps ultime espace de liberté, le corps dernier rempart contre la violence». Mardi dernier, c'était au tour de Néjib Khalfallah et de ses danseurs d'être au rendez-vous, d'exalter leurs corps et d'investir, mouvements, intérieurs et extérieurs de l'espace. 30 minutes de Nouweh wa zgharid (pleurs et youyous) sur le parvis; un déluge de mouvements, de cris, de chamailleries, le tout sur un rythme jazzy, mis en scène par les jeunes danseurs du chorégraphe Néjib Khalfallah. Le corps, dernier espace de liberté, danse, bouge et sort, ainsi, dans la rue, pour aller chercher le public et partager avec lui un espace commun. Ce dernier, qui s'agglomérait petit à petit, est par la suite convié à suivre ce beau monde à l'intérieur de l'espace. S'ensuit un dialogue dansé entre Néjib Khalffalah et une jeune danseuse, chacun de son côté, pleure les maux d'une société en détresse: «Fiq yé Tounès, enhar rah» (secoue-toi Tunisie, il se fait tard), clame la jeune fille... L'on continue dans l'éclatement dans l'espace et aux artistes d'investir tous les coins de la salle, figés, au ralenti, agités, l'on bouge ses membres, interpelle le public, le regardant tantôt droit dans les yeux, lui détournant tantôt le dos. Des messages inscrits sont collés sur de l'adhésif «akhtouna» (lâchez-nous les baskets), «saybouna» (laissez-nous en paix), crient en silence les jeunes gens. La chute du spectacle se fait dans le même espace et la même agitation endiablée du début. Les danseurs courent dans tous les sens pour être, vite, dispersés par le cri d'une sirène et finir par revenir à la charge, comme pour dire : «la rue nous appartient».