Garantir l'autosuffisance en matière de sang Le don du sang est un don du soi. Un geste qui reflète la générosité, la solidarité du donneur pour sauver des vies. Malgré les progrès scientifiques enregistrés dans la médecine, aucune substance n'est capable aujourd'hui de remplacer le sang humain. Pour cet effet, l'acte reste vital pour des personnes accidentées et les malades qui subissent des interventions chirurgicales. Aujourd'hui, le taux des donneurs réguliers ne dépasse pas les 11%. Le reste est constitué de donneurs occasionnels dont 60 % sont des donneurs familiaux. Dr Héla M'nif, responsable du centre régional de transfusion sanguine de Sfax, indique qu'«il s'agit souvent de donneurs de compensation. C'est-à-dire des membres de famille d'un malade hospitalisé dans des établissements publics ou dans une clinique privée qui viennent donner un peu de leur sang pour sauver leurs proches. Nous devons travailler sur les donneurs volontaires et réguliers puisque c'est la façon la plus sécurisée qui garantit un stock de sang et une fluidité des services au sein de l'unité de transfusion du sang». Des campagnes multiplies ont été lancées pour sensibiliser les personnes de se transformer en donneurs réguliers. Un grand travail de communication doit être fait pour fidéliser le donneur et maximiser la sécurité des produits sanguins collectés. «Et pourquoi pas créer un service marketing pour le don du sang au sein du ministère de la Santé pour ne plus avoir besoin des donneurs familiaux et créer un réseau de donneurs fidèles qui possèdent une carte. Les gens doivent savoir que l'homme peut donner du sang cinq fois par an et la femme trois fois. Il s'agit de deux types de don : total qui est la forme la plus courante et par aphérèse qui consiste à prélever une seule composante du sang», ajoute Dr M'nif. Dans cette même logique et à l'instar des pays maghrébins, une journée de collecte du sang a été organisée le 30 mars dernier sur le thème «Un sang suffisant et sécurisé». «C'est un projet maghrébin commandité par les ministères de la Santé. Des spots radio ont été diffusés pour encourager les gens à donner du sang. Le centre régional de transfusion sanguine a accueilli au cours de cette journée des centaines de donneurs. Il faut dire que la moyenne de collecte du sang dans notre centre est entre 120 et 130 poches par jour. Nous réalisons ces derniers temps l'autosuffisance». Mais des problèmes existent. Les délais d'attente sont assez longs. Les huit chaises existantes (dont quelques-unes sont dans un mauvais état) sont insuffisantes. Et comme il s'agit de donneurs occasionnels, plusieurs d'entre eux, et suite à l'examen nécessaire avant l'acte de don, sont inaptes à donner du sang. Le centre de transfusion sanguine ne possède qu'une seule unité ambulante de transfusion sanguine. Un deuxième véhicule servant à aller vers les donneurs volontaires dans la région devient une nécessité. «Une autre particularité du centre régional de Sfax, c'est que la moitié des donneurs sont des Libyens dont des proches sont des blessés de guerre et des personnes atteintes de maladies graves. Après la révolution libyenne, les cliniques de la ville accueillent des centaines de malades libyens. Les médecins traitants leur demandent de s'adresser à notre centre pour donner du sang. Toutes les mesures de sécurité sont prises. Les différents donneurs sont reçus de la même façon. Des tests sur le sida, la syphilis et l'hépatite B sont réalisés sur le sang collecté. Le sang stocké dans la chambre froide est sain. Pour les donneurs tunisiens, il faut dire que l'hépatite B est en chute libre. Les cas atteints par cette maladie sont moins fréquents», explique notre interlocutrice. Bien que le centre serve les deux hôpitaux universitaires de la région qui couvrent tout le Sud tunisien et 17 cliniques privées, l'administration est à Tunis. «On souffre de la centralisation de la gestion à la capitale. Il est temps de passer à la décentralisation dans plusieurs établissements sanitaires», souligne le Dr M'nif. En ce qui concerne le manque d'effectif, un recrutement est en cours. Un appel d'offres a été lancé pour acheter des chaises. Pour ce qui est de la gestion du stock, un médecin est chargé d'examiner les demandes du sang, de discuter avec les médecins traitants et d'ajuster les quantités nécessaires pour chaque malade. On apprend d'ailleurs qu'à l'occasion de la journée nationale du don du sang, le 8 avril, le centre va inviter les meilleurs donneurs pour les récompenser par des médailles. Une campagne régionale sera organisée à cette occasion. Des tentes de sensibilisation seront dressées dans le centre-ville.