Par notre envoyé spécial à Gênes Anis SOUADI Meilleure implication des agences de voyages dans les orientations stratégiques de la Compagnie tunisienne de navigation Elles étaient plus d'une centaine d'agences de voyages à répondre à l'invitation de la CTN pour un éductour professionnel à bord du car-ferry le Tanit, et qui a pris la forme d'une croisière de réflexion sur l'avenir du secteur du transport maritime. En effet, du 29 au 31 mars, entre Tunis et Gênes, tout ce beau monde s'est mobilisé pour identifier le créneau idéal pour garantir à la compagnie une performance et un niveau de rentabilité durables. Une orientation qui, plus qu'un objectif, se présente désormais comme une exigence. Justement, après le ralentissement de 2011 (274.000 passagers et 115.000 automobiles), mais surtout le rebond spectaculaire de 2012 (330.000 passagers et 142.000 automobiles), la compagnie est tenue désormais par une obligation de résultats positifs. D'ailleurs, pour l'année 2013, les projections tablent déjà sur une moyenne de progression de 5% par rapport à l'année référence 2012 (347.000 passagers et 149.000 automobiles). Une ambition tout à fait légitime, puisque depuis l'ouverture des réservations pour la nouvelle saison, le 5 mars, la compagnie a réussi à s'assurer une dynamique encourageante. Actuellement, et selon les dernières statistiques, le taux des réalisations des réservations estivales (fin mars) est de 85% par rapport à la même période de 2012. On précise, ainsi, que le rythme d'évolution des réservations estivales est de plus de 15% par semaine. Des indicateurs encourageants, puisqu'en 2012, les réservations estivales ont été ouvertes depuis le début de janvier, soit un décalage de deux mois. Raja Kéchrid, directrice commerciale passages reconnaît, en effet, que le «nouveau car-ferrie, le Tanit, a été pour beaucoup dans cette performance, car il répondait à toutes les normes internationales de navigation : sécurité, confort, rapidité et large capacité d'accueil...». On reconnaît également que l'année 2011, bien qu'elle soit catastrophique, a été très riche en enseignements. Elle a démontré ainsi les limites et surtout la fragilité d'une activité saisonnière, les risques qu'encourt tout domaine peu diversifié, et le manque à gagner désolant que provoque un secteur non innovant. Autant de facteurs qui justifient le besoin urgent de repenser, et en profondeur, le secteur. La fidélisation du client d'abord Mme Raja Kéchrid affirme d'ailleurs que «plus de 70% du trafic de la compagnie est réalisé entre juin et septembre, c'est-à-dire la haute saison, et le reste durant la basse saison. Ce qui laisse entendre que la marge de progression est très importante. Il suffit de trouver la formule idéale qui soit en mesure de mieux rentabiliser l'arrière-saison, d'où le rôle des agences de voyages qui doivent apprendre désormais à vendre à l'année, en créant surtout de nouveaux produits et en identifiant de nouvelles niches». Il est important également que ces agences de voyages, tout comme la CTN, se réfèrent à une bonne politique tarifaire, ce qui permettrait certainement de booster l'activité sans pour autant brader les prix. Toutefois, pour Kamel Hamdi, directeur d'exploitation passages, «il est nécessaire aujourd'hui d'aller directement vers le client, de savoir le motiver, de le fidéliser et de le séduire en quelque sorte. Et il ne faut surtout pas se limiter au client classique». D'un autre côté, il est important aujourd'hui de résoudre certaines questions qui constituent un handicap de taille pour le développement de l'activité. On pense surtout à l'obtention du visa, qui devient d'une année à l'autre plus difficile, car les conditions sont de plus en plus compliquées. Il est important, par ailleurs, de faire bénéficier les agences de voyages de la formation, car les demandes actuelles sont jugées trop timides. Il faut donc que la CTN retrouve la formule adéquate pour mettre en place un calendrier de formation fiable et précis, ce qui aurait pour mérite d'aider les agences de voyages à être bien informées de toutes les nouveautés du secteur, et notamment des nouvelles tendances des marchés internationaux et de leur permettre de répondre positivement aux exigences, de plus en plus complexe, des marchés internationaux, en termes surtout de qualité, de concurrence et donc de rentabilité. De leur côté, les agences de voyages doivent faire montre de plus d'implication dans les orientations stratégiques de la compagnie. Car, comme le signifie Hédi Elloumi, directeur de la communication, «la CTN et les agences de voyages sont des partenaires et non pas des concurrents. Ils partagent les objectifs et agissent dans le même sens, il faut donc favoriser un esprit de gagnant-gagnant».