«L'avenir de la Tunisie ne se construira pas sans les destouriens», «nous avons édifié l'Etat moderne et nous participerons à l'édification de la Tunisie de la révolution», «nous sommes une famille unie autour des idéaux bourguibiens et nous tendons la main à tous ceux qui partagent nos orientations et qui désirent nous rejoindre». Telles sont les trois grandes orientations qui ont marqué, hier, la signature de l'acte de naissance du Front destourien issu de la fusion de six partis d'obédience destourienne. Au cours d'une cérémonie organisée dans un hôtel de la capitale qui a vu les destouriens se rencontrer de nouveau avec un esprit de famille empreint de cohésion et de symbiose, Mohamed Jegham (Al Watan Al Horr), Kamel Morjane (Al Moubadara), Sahbi Basli (Al Mostaqbal), Azzeddine Bouafia (l'Unité et la Réforme), Sami Chebrak (Allikaâ Addoustouri) et Hatem Yahiaoui (Liberté pour la justice et le développement) ont apposé leurs signatures sur un accord portant création du Front destourien. Objectifs du Front qui se muera, à l'avenir, en un parti destourien unifié ouvert à tous ceux qui défendent la philosophie destourienne et les idéaux de Bourguiba : «La préservation de la présence des destouriens sur la scène politique nationale, la coordination de leurs positions vis-à-vis des questions de l'heure, la sauvegarde des acquis nationaux, l'instauration de la culture du dialogue et la lutte contre la violence sous toutes ses formes, et la mobilisation des militants destouriens en vue de faire réussir la transition démocratique et de faire aboutir le processus réformiste et moderniste». Attachés à la légitimité électorale Se proclamant comme «une force de centre critique», les signataires de l'accord fondant le Front destourien soulignent leur attachement à «la légitimité électorale en tant qu'émanation de la légitimité révolutionnaire» et appellent «toutes les forces patriotiques soucienses de l'unité nationale à une coopération sincère et fructueuse en vue de sauvegarder les institutions républicaines et de définir une feuille de route claire et précise arrêtant les priorités à la lumière des exigences de la deuxième étape transitoire». Toutefois, les orateurs qui se sont succédé à la tribune n'ont pas manqué de relever les erreurs commises par la Troïka depuis son accession au pouvoir et de tirer la sonnette d'alarme sur la violence et l'instabilité politiques qui menacent sérieusement l'unité des Tunisiens. Comment les destouriens évaluent-ils leur contribution à la réussite de la transition démocratique ? Kamel Morjane, président du parti Al Moubadara, crie haut et fort à l'adresse des présents : «Aux destouriens, je dis : la Tunisie a toujours besoin de vous, de votre expérience et de votre savoir-faire. A l'ensemble des Tunisiens, je proclame : L'avenir de la Tunisie ne s'édifiera pas sans les destouriens». Mohamed Jegham, président d'El Watan Al Horr, enchaîne sur la même lancée : «Nous avons édifié l'Etat moderne. La loi sur l'immunisation de la révolution écartera quelques noms mais le Front destourien restera. La Tunisie a besoin d'un plan de salut et ce sont les destouriens qui l'imposeront». Oui à une coalition électorale avec l'Union pour la Tunisie Le Front destourien se joindra-t-il à l'Union pour la Tunisie ou au moins à Nida Tounès, piloté par Béji Caïd Essebsi autoproclamé héritier exclusif de la pensée bourguibienne ? Mohamed Jegham, président d'El Watan Al Horr qui fusionnera dans les prochains jours avec «Al Moubadara» dirigé par Kamel Morjane, précise : «Pour le moment, nous n'avons pas l'intention de fusionner avec Nida Tounès ou avec l'Union pour la Tunisie. Nous nous consacrons actuellement à la structuration du Front destourien qui, nous l'espérons, se transformera le plus tôt possible en un parti destourien unifié. Cela ne nous empêchera pas de penser à une éventuelle coalition électorale avec l'Union pour la Tunisie à l'occasion des prochaines élections générales». Sahbi Basly, président d'El Mostaqbal, est encore plus nuancé : «Nous pourrons présenter des listes communes avec l'Union pour la Tunisie dans les circonscriptions où nous considérons que nos chances de victoire sont fortes».