• Meya Jéribi secrétaire générale du parti centriste • Yassine Brahim, directeur exécutif du Parti • Jegham, la force des alliances et contre-alliances Les jours se suivent allègrement tout en amenant dans leur cortège de nouveaux regroupements et fusions entre partis politiques. Ils sont tellement nombreux qu'ils peuvent dérouter l'électeur. Ces regroupements vont-ils générer des forces politiques de masse ou consacreront-ils une autre forme de division ? Le week-end dernier fut égayé par un nouveau-né à savoir la Voie Démocratique et Sociale (VDS), un parti rassemblant le Mouvement Ettajdid d'Ahmed Brahim, le Parti du Travail Tunisien (PTT) de Abdeljelil Bédoui et les indépendants du Pôle Démocrate Moderniste (PDM). Par ailleurs, le Parti socialiste de gauche, le Front populaire unioniste, le Parti de la nation démocrate sociale et le Parti de l'unité populaire, ainsi que des personnalités indépendantes et syndicalistes ont cosigné une déclaration commune, annonçant la formation d'une alliance politique de centre gauche. Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste de Gauche (PSG).Une conférence nationale pour débattre de la forme que prendra ce regroupement sera organisée prochainement. Ce regroupement se démarque de l'initiative qui a abouti à la création de la Voie Démocratique et Sociale. Sans pour autant s'opposer à l'économie du marché, il ne cautionne pas la tendance au libéralisme sauvage qui n'a fait que des mécontents et dont l'économie traîne encore les séquelles traumatisantes surtout les couches populaires. Il se situe au centre gauche. Or la plate-forme de la VDS, appelle clairement dans son article 7, à « la construction d'une économie nationale basée sur un modèle de développement intégral et durable qui rompt avec le libéralisme sauvage qui avait généré les injustices sociales et le déséquilibre entre les régions et les secteurs ». Les secteurs publics, privés et l'économie sociale et solidaire opèrent en même temps. L'Etat continuera à jouer son rôle stratégique et régulateur. La VDS appelle à un Gouvernement de compétences nationales qui sauvegarde la souveraineté nationale et défend le droit au travail et à la dignité pour tous les Tunisiens, surtout les laissés pour compte. Le logement décent, la couverture sanitaire et sociale, la gratuité de l'enseignement et de la formation doivent être considérés comme des droits fondamentaux à inscrire dans la constitution. Qu'est-ce qui différencie du point de vue programmatique ce que propose Mohamed Kilani et ses alliés de la Voie Démocratique et Sociale ? Rien. Chacun suit son bonhomme de chemin. Et dire que chacun est conscient que les forces démocratiques et progressistes ont pâti de leurs divisions et doivent s'unir. Plus Destourien que moi tu meurs La famille centriste n'est pas mieux lotie où la situation n'est guère réconfortante. Ainsi, «Minbar Al Istiqlal» ou le « Forum de l'indépendance », une nouvelle forme d'organisation politique a été annoncée, hier. Elle regroupe Me Abdelfattah Mourou considéré comme un islamiste modéré, Kamel Morjane, président du Parti El Moubadra, et Mondher Bel Hadj Ali, libéral déclaré. Kamel Morjane dont le parti dispose de cinq membres à la Constituante s'est vu dernièrement renforcé par le ralliement de six partis qui avaient faussé compagnie au Parti National Tunisien à savoir «Al Watan El Horr» (Mohamed Jegham), l'Alliance pour la Tunisie (Karim Missaoui) le Mouvement Progressiste Tunisien (Mustapha Touati), l'Union Populaire Républicaine (Lotfi M'raïhi), le Parti de l'Unité et de la Réforme (Ezzeddine Bouafia) et le parti patriotique Tunisien (Hassen Litaïem). Ils avaient quitté le Parti National Tunisien qui ne regroupe plus que quatre partis : Al-Moustakbel (Mohamed Sahbi Basli), le Parti Réformiste Destourien (Faouzi Elloumi), le parti Tunisie Nouvelle (Mustapha Masmoudi) et le Parti Libre Destourien Tunisien (Abdelmajid Chaker). Les partis réfractaires à une fusion au sein du part Al Moubadara, sont-ils moins Destouriens que les autres ? La nouvelle organisation s'inspire des sources et des origines civilisationnelles et culturelles tunisiennes tout en étant résolument tournée vers l'avenir. Cette nouvelle organisation ambitionne de jouer un rôle avant-gardiste dans la défense de l'indépendance de la décision nationale tout en contribuant avec toutes les autres forces politiques nationales au choix du régime politique le plus adéquat au modèle tunisien et œuvrer à résoudre les problèmes économiques et sociaux, afin d'éradiquer le déséquilibre régional et toute forme d'injustice. Le nouveau pôle appelle à opter pour la démarche consensuelle pour garantir le succès de la deuxième étape transitoire, avec une feuille de route claire et précise. Les efforts doivent s'intensifier pour avoir une Constitution démocratique et moderne. La naissance officielle de ce nouveau parti devrait avoir lieu le 14 ou le 15 avril courant. D'un autre côté Khémaies Ksila très actif et remuant se signale par la création de son mouvement « Haraket Tounes », avec des anciens d'Ettakatol, des syndicalistes et des militants des Droits de l'Homme. Il s'intègre dans le mouvement de regroupement qui ne doit pas exclure les Destouriens démocrates. Par ailleurs, les 7, 8 et 9 avril courant se tiendront les travaux d'unification entre le Parti Démocrate Progressiste (PDM), Afek Tounes, le Parti Républicain et plusieurs personnalités nationales. Aux dernières nouvelles de milieux proches de ces partis, Meya Jéribi sera la secrétaire générale de ce nouveau parti et Yassine Brahim, son directeur exécutif. Si tout se déroule comme prévu, le 1er mai prochain, sera annoncée la fusion de ce parti avec la VDS. Il est certain qu'entre les deux forces il y a très peu de points de divergence. Les obstacles d'égos seront-ils surmontés ? Verrons-nous de nouveaux visages, jeunes et femmes occuper la scène politique ? Ces regroupements, vont-ils générer un changement de discours et un encrage dans les quartiers populaires et à l'intérieur du pays ? L'appartenance à l'élite des acteurs de ces mouvements freinera-t-elle l'impact populaire du nouveau discours ? Comment vont-il réagir à l'initiative de Béji Caïd Essebsi, devenu personnalité préférée des Tunisiens, selon le dernier sondage SIGMA ? Attendons voir.