De notre envoyé spécial au Burkina Faso Chokri BEN NESSIR L'airbus A320, baptisé Sousse, a atterri hier sur le tarmac de l'aéroport de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. C'est le premier touché de La Gazelle dans ce pays, en vol régulier. D'ailleurs, pour le lancement de cette nouvelle desserte, la compagnie Tunisair a convié une importante délégation multisectorielle d'hommes d'affaires et de journalistes. Cette délégation était conduite par le ministre du Transport Karim Harouni, le ministre du Commerce et de l'Artisanat, Abdelwaheb Maatar, le P.-d.g. de Tunisair et le P.-d.g. du Cepex, ainsi que par l'ambassadrice du Burkina Faso à Tunis, Mme Hienwwinkou Pauline. C'est la cinquième desserte africaine de Tunisair. Cette nouveauté signe l'engagement de la compagnie nationale dans une nouvelle politique commerciale à coloration africaine avec «un vaste programme d'ouvertures prochaines qui devraient permettre à Tunisair, à l'horizon 2016, de porter son réseau africain à 20 lignes», a souligné le P.-d.g. de Tunisair, Rabah Jrad, lors d'un point de presse tenu à Ouagdougou en présence du ministre du Transport, Abdelkrim Harouni. Il n'empêche, la présence du ministre du Transport ne relevait pas uniquement de l'aspect cérémonial de l'évènement car il était venu tenter aplanir quelques difficultés qui pourraient entraver l'aboutissement escompté de cette stratégie. En effet, Harouni a exprimé, lors de ce point de presse, son vœu de réactiver l'accord de Yamoussoukrou et octroyer le droit à la cinquième liberté à la compagnie nationale, gage de succès dans sa nouvelle aventure africaine. Ailes déployées En effet, La Gazelle compte voler à ailes déployées sur le continent et rebomber le torse de la compagnie par des dessertes nouvelles telles que N'Djamena, Niamey, Douala et pourquoi pas Johannesburg, comme le promet le ministre. «Notre but est d'être à Johannesburg en 2016», a-t-il indiqué aux journalistes burkinabés et tunisiens. Donc Tunisair redouble de réactivité face à la concurrence des compagnies low-coast et renforce ses positions sur de nouveaux segments. C'est ainsi qu'elle a lancé cette desserte avec trois vols par semaine, appelés à passer à une fréquence plus soutenue avec l'augmentation du trafic sur cette ligne. C'est ce qu'a confirmé Chokri Wallani, directeur Management et Revenus à Tunisair. Il estime que le taux de remplissage sur cette ligne s'établirait à 75%. A condition bien sûr de tordre le cou à quelques obstacles persistants, tels que l'établissement d'une représentation diplomatique tunisienne à Ouagadougou, résoudre l'épineuse question de l'octroi des visas aux burkinabés, mais surtout le droit à la cinquième liberté. C'est que le potentiel sur ce segment africain est là. Rabeh Jrad cite, à cet effet, les facteurs qui ont enthousiasmé la compagnie à ouvrir cette ligne. «Il s'agit en premier lieu de la forte progression du nombre d'étudiants africains dans les universités tunisiennes. De même que pour le secteur de la santé où l'on constate une forte demande africaine pour des soins en Tunisie, dont la renommée en la matière n'est plus à démontrer et dont les coûts financiers sont à la portée des citoyens africains. Mais aussi il ne faut pas oublier le champ économique et des affaires très large aussi bien pour les Burkinabés que pour les Tunisiens», a-t-il expliqué. C'est dans le même sillage qu'abonde Abdellatif Hmam, président-directeur général du Cepex, et qui énumére moult opportunités de partenariat entre Tunisiens et Burkinabés dans des domaines variés tels que la santé, l'agroalimentaire, la finance, le bâtiment, l'infrastructure et autres. Tarifs adaptés En plus des conditions financières alléchantes que propose la compagnie sur ses vols, le P-d.g. de Tunisair a noté que «nos vols sur l'Afrique s'opèrent la nuit, ce qui offre aux passagers en transit d'embarquer le matin à partir de Tunis à destination de l'Europe dont les vols s'effectuent le jour». Intervenant sur le même sujet, Faouzi Mouelhi, directeur central du produit à Tunisair, a passé en revue les motivations qui ont conduit Tunisair à ouvrir cette desserte et décliné la stratégie de développement adoptée en matière de renouvellement de la flotte et d'extension du réseau du transporteur national. Pour le ministre, Tunisair entend non seulement poursuivre le renforcement de son positionnement en Afrique, qui offre un potentiel important encore sous-exploité, mais aussi il s'agit d'exhorter la compagnie à fourbir ses armes pour affronter la concurrence avec assurance et confiance et en continuant à investir les segments où la compagnie dispose d'avantages compétitifs avérés. Le ministre a fait part dans ce cadre de son intention de faire de l'aéroport de Tunis-Carthage un hub international qui offre plus de commodités et de confort aux passagers en transit vers l'Europe, les pays du Golfe ou le Moyen-Orient. Pour sa part, l'ambassadrice du Burkina Faso à Tunis, Mme Hienwwinkou Pauline, a exprimé sa joie de noter la détermination des autorités tunisiennes à tout mettre en œuvre pour l'établissement d'une représentation diplomatique à Ouagadougou. D'ailleurs, c'est le seul pays où Tunisair ouvre une représentation alors qu'il n'y a pas d'ambassade tunisienne, croit-on savoir. Il n'empêche, pour l'ambassadrice, cet évènement est «une occasion qui nous interpelle quant à la nécessité d'élever le niveau de la coopération et du partenariat entre les deux pays et de tirer profit des potentialités dont regorgent les deux pays». Les questions des journalistes burkinabés ont porté sur le climat politique et social qui prévaut dans le pays, sur les facteurs de compétitivité de Tunisair et sur ses avantages comparatifs. Ils ont par ailleurs exprimé leur souhait de participer à des voyages de presse pour mieux étayer la campagne de communication qu'entend entreprendre la compagnie nationale à l'adresse du marché burkinabé à l'occasion du lancement de cette nouvelle ligne.
