Amené tout droit d'Amérique latine par le groupe Salsa Ilegal, un vent chaud et torride a secoué, samedi dernier, les murs de la salle de concerts du Carthage Thalasso. Ce fut, d'abord à Jeri Brown —La Lady— de monter sur scène qui a, justement, articulé son programme musical autour de morceaux de First ladies of Jazz (comme l'indique son titre) ; de grandes dames, telles que Peggy Lee, Sarah Vaughan, Nina Simone et d'autres encore. Sa voix vibrante et pleine de musicalité fut, ce soir-là, le quatrième instrument, accompagnant harmonieusement le piano de Jobic Le Masson, la basse de Peter Giron et la batterie de Ichiro Onoe. Une excellente performance collective, enveloppée par la voix de la Brown qui transcendait les paroles des standards qu'elle a interprétés pour insister plus sur leur musicalité et sur leurs rythmes. La suite de la soirée fut détonante et entraînante avec les latinos de Salsa Ilegal, Hugo Motta au piano, Jose Ossand Ramon Oliveiro à la batterie, Mauro Rodriguez à la conga, les trompettistes Anthony Rizzetto et Fabien Deyts, Jerome Capdepont maniant le trombone et les deux charismatiques chanteurs Jose Manuel et Angel Yos. Les couleurs de la Colombie et autres pays d'Amérique du Sud ont fièrement occupé la scène et les 9 hombres (hommes) ont mis, d'entrée de jeu, l'ambiance réchauffant les coeurs des spectateurs qui, assez timides, ont mis du temps à suivre la danse. C'est l'appel pressant du chanteur Angel qui a lancé : «La salsa ne s'écoute pas uniquement, elle se danse», qui a encouragé le public à danser avec un grand enthousiasme. Dès lors, toute la salle a vibré aux rythmes de la palette musicale variée du groupe, allant de la cumbias et vallenatos colombiennes, à la salsa portoricaine, en passant par la timba cubaine. Car contrairement à ce qu'indique le nom du groupe, Salsa Ilegal, et ses membres, venus de différentes contrées latines, ne font pas uniquement dans la salsa mais œuvrent, à travers leur musique, à fusionner les genres et les cultures. Une musique par-delà les frontières, hybride, multiple et plurielle qui est allée à la rencontre du public tunisien et qui l'a entraîné dans cette étourdissante musique urbaine, le temps d'une soirée, pour laisser parler son corps et son esprit. De tels spectacles, on en redemande.