• Considéré comme l'un des meilleurs percussionnistes mondiaux de la tendance jazz latino, salsero de haute valeur, Orlando Poleo — et son orchestre Chaworo — a été l'invité de Dar Chérif à Djerba, samedi 16 juin, pour une soirée latino. Au programme, congas, maracas, batterie, timbales, trompette, saxo, piano, des voix et des rythmes à réveiller les morts. Lumineux! Orlando Poleo est une star du genre latino, un percussionniste argentin mondialement connu qui a écumé plusieurs salles européennes et continue à se reproduire une fois par semaine au club Baisers salés à Paris. Arrivé en France en 1991, il y vit toujours et est constamment sollicité pour accompagner de nombreux groupes : Azuquita, Ernesto Tito Puetes, etc. Il a joué avec Joe Cocker à Deauville, Bernard Lavilliers en Belgique, accompagné Eddy Palmieri, Archie Chepp, Arturo Sandoval et bien d'autres orchestres illustres avant de former le sien, Chaworo. Salsero de haute voltige, chef respecté, quand il joue de son instrument, la conga, il entraîne tout l'orchestre avec lui dans des morceaux de sa composition et des morceaux latino connus, ses concerts sont courus aussi bien en Europe, aux Etats-Unis et évidemment en Amérique du Sud, il enregistre plusieurs CD qui rencontrent un succès immédiat, des honneurs lui sont régulièrement rendus : fin 2009, la commune de Saint Cyr-sur-Loire inaugure l'une de ses salles à son nom, un amphithéâtre à Buenos Aires porte son nom, c'est dire la place qu'il tient chez les admirateurs de musique latino. Plein air dans l'espace Dar Chérif, odeurs marines, nuit étoilée, bruits des vagues proches, un public averti et amateurs de salsa, assoiffés de musique et de danse, l'orchestre composé de huit instrumentistes, «heureux de jouer pour la première fois à Djerba dans cette douceur unique», disent-ils, fit le reste. Chansons bigarrées, textes ciselés et rythmes salsa, assez pour inciter le public — qui n'en demandait pas tant — à danser. Un tema de Chaworo, langoureux à souhait pendant lequel le virtuose de la conga s'éclate, appuyé par la flûte traversière d'Orlando Maraca Valle, un échange dans l'esprit afro-argentin, un peu plus rythmé, Lo Bueno de la Vida, afro-caribéen, fait chauffer le public, la maraca joue à fond la carte dansante, le public réagit, pas de danse, trémolos des voix, détente, y a de la joie. Applaudissements. Carlos Esposito, chanteur encouragé par l'ambiance de la piste de danse, met les bouchées caribéennes doubles, il y a des chansons archiconnues qu'il fait revivre avec entrain, histoire de remuer la nostalgie et les corps, avec une voix chaleureuse, deux pas en arrière, un devant, on se projette à Cuba, les timbales et la maraca en action. L'orchestre revisite des pans entiers de la musique afro-caribéenne, ça chauffe! Les têtes tournent, quelques solos de saxo, de trompette applaudis et puis les sons des instruments font place nette à la star, Orlando se lance dans un solo hallucinant qui retient l'assistance en haleine, il joue sur les congas, des mains, des avant-bras pendant une minute ou plus, la tête qui dodeline, le corps qui bouge dans tous les sens, accélérations, arrêt, tressautements et le rythme qui monte dans l'air sans prendre de pause. Suivent une ovation et des bravos nourris. Le public est ravi, l'excitation générale : «Djerba devrait vivre souvent dans cette ambiance», commente une dame. Plus tard, Orlando nous donnera ses impressions : «Une soirée admirable, je ne suis pas étonné que le public se soit vite plongé dans les rythmes afro-cubains. Qu'est devenu le Festival de Tabarka?», demande-t-il. On a préféré changer de sujet.