Par Mustapha ATTIA Les maisons d'édition occidentales nous ont bombardés de livres endiablés, signés par des écrivains parmi les plus célèbres. Nous avons certes trouvé l'occasion propice pour nous embarquer dans ces approches intellectuelles. Mais nous avons découvert qu'elles se rencontrent pour la plupart et chaque fois qu'il s'agit du choc des civilisations en un point unique. Ces écrivains n'ont pas une origine commune et ne partagent pas la même religion, ils ne sont jamais réunis sous le même toit politique ou idéologique, mais sont plutôt différents en toute chose sauf en leur opposition à un dialogue équilibré entre les civilisations. Il est vrai que les degrés de cette opposition varient d'un écrivain à l'autre, certains sont explicites et les autres implicites, mais la question semble se muer en un dogme, une croyance fixe dans les esprits de la majorité d'entre eux. Il y a quelques années, j'avais considéré que la chose la plus importante dans le procès-verbal du jugement émis par le tribunal international concernant le mur raciste que construit Israël au coeur des terres palestiniennes était la voix discordante du juge américain sorti du consensus qui condamnait, à la quasi-unanimité sauf la voix de ce juge, Israël, la sommait d'éliminer ce mur de la haine et d'indemniser les Palestiniens lésés. S'il est compréhensible que certains politiciens puissent tomber dans le piège de la partialité aveugle pour des raisons de politique politicienne ou d'appartenance idéologique, pour plaire aux lobbies et obéir aux pressions afin de jouir de leur soutien à des élections prévues, nous sommes dans l'incapacité de digérer la partialité d'un juge ou d'un penseur. Il est supposé être objectif, impartial et se défaire de ses obédiences pour appliquer ce que prescrivent les lois et la morale. L'affaire semble être une sorte de dépravation intellectuelle individuelle, mais elle a en vérité des racines plus profondes. Elle dépasse donc les pratiques individuelles pour englober le comportement collectif d'un Occident parmi lequel la propagande a semé les graines de la haine. Car ce juge américain qui a traité une affaire qui lui a été soumise avec une loupe fardée aux couleurs de l'aversion, et ces écrivains dont dégouline une encre qui suinte le racisme, sont en fait des victimes des méthodes d'enseignement qui leur ont inculqué dès leur plus jeune âge les rudiments du fanatisme aveugle et la manière de lier leur destin à sa diffusion et à sa suprématie. Cette introduction, un peu longue, me l'a inspiré un très important ouvrage, intitulé: «Le temps de «Huntington» de Mohamed Larbi Ben Azzouz. Ce livre ne propose pas des réponses, mais pose des questions. Il affronte la réalité à visage découvert, et attise les flammes de la vérité. «C'est alors que tombent tous les masques» écrivait Mariem Ben Azzouz, dans un article publié dans un hebdomadaire de la place. En effet, à mesure que le virus du mal croît dans les esprits de plusieurs écrivains occidentaux à la «Huntington», ils sont trahis par les mots qu'ils écrivent et les idées qu'il propagent, fussent-elles emmitouflées de soie, exprimées dans des formules ambiguës et enveloppées. Dans les pays de l'Occident, beaucoup d'indices montrent que les prémices d'un éveil salvateur sont en cours. Nous devons les observer et les soutenir avec tous les moyens intellectuels et informationnels possibles. En effet, il n'est pas chose habituelle qu'un ancien président sorte de son habit de partialité pour composer un livre dans lequel il condamne clairement les détestables pratiques colonialistes d'Israël avec la complicité des Etats-Unis, comme vient de le faire Jimmy Carter. Et il n'est pas facile du tout dans les pays de l'oncle Sam de voir deux écrivains universitaires, en l'occurrence John Mearsheimer et Stephen Walt crever le mur de la peur et publier une étude documentée relative à la mainmise du lobby sioniste sur la décision politique aux USA. C'est là une première qui a plus d'une signification et nous n'avons qu'à pousser dans le même sens! On doit se rendre à l'évidence! Mohamed Larbi Ben Azzouz accentue le ton: nos intellectuels vivent complètement sevrés des préoccupations de leurs peuples. Il n'ont pas encore pris conscience de la gravité des desseins programmés de «l'autre», qui persiste et signe. Il faut dire aussi que le fait de prendre à la légère la capacité de la pensée de changer le sort de la réalité en notre faveur est monnaie courante chez «l'élite intellectuelle arabe». Cette «élite» que les vents de «l'impuissance» ont égarée dans les déserts de la divagation. Elle s'est soumise à la fatalité de la défaite et s'est fourrée la tête dans le sable de la démission et de l'abandon.