Le cas du marché français est depuis plusieurs mois préoccupant pour les acteurs du tourisme tunisien et plus encore pour leurs partenaires français. Les fortes baisses des flux touristiques français en direction de la Tunisie ont persisté même au cours du premier trimestre 2013, alors que l'on s'attendait à une embellie précisément au regard de l'effort promotionnel engagé et à l'instar des autres marchés émetteurs plus réactifs à cet effort. En effet, du premier janvier au 10 avril 2013, la baisse des flux français a été de 23% par rapport à la même période de 2012 et de 50% par rapport à 2010, année de référence. Au cours de ce premier trimestre 2013, la Tunisie aura ainsi perdu 115.000 clients. Le constat est préoccupant quand on sait que la France est depuis bien des années le premier marché émetteur d'Europe avec un pic de 1.460.000 touristes en 2010. L'instabilité qui a régné dans le pays a, certes, participé à cette situation. Elle fut pour certaines situations amplifiée par les médias français. C'est ce qui a amené les professionnels du secteur et les responsables de l'administration du tourisme à intensifier leurs contacts avec les voyagistes et les médias français en vue de véhiculer des messages rassurants sur la réalité du pays, sur les conditions sécuritaires. L'approche adoptée, souligne une source au ministère du Tourisme, est d'apporter un traitement spécifique pour ce marché. En fait, et en fonction des événements survenus au cours des derniers mois, il a fallu décaler plusieurs démarches promotionnelles pour engager une vaste campagne de promotion touchant les chaînes de télévision, l'affichage, les stations radio et les journaux à grand tirage et autre presse spécialisée. La campagne déclinée en un slogan «Libre de tout vivre en Tunisie», élaboré par l'agence de communication Publicis, sera en gagée en deux vagues. L'une à partir du 20 avril 2013, l'autre à partir du 15 mai 2013. Objectif : booster les réservations sur la Tunisie pour la saison estivale et maintenir le même élan pour l'arrière-saison 2013. Autre marché bénéficiant d'un intérêt tout particulier pour la prochaine haute saison est celui de la Russie. Triplement du budget de promotion sur le marché russe En 2012, le marché russe des voyages a enregistré plus de 16 millions de départs en vacances à l'étranger avec une évolution de 20% par rapport à 2011. La Tunisie n'a réussi à drainer que 250.000 touristes russes alors que les scores de ses concurrents directs pour la même année étaient nettement supérieurs : la Turquie 2.700.000, l'Egypte 1.450.000, l'Espagne 645.000 et la Grèce 612.000 touristes russes. Pour 2013, la Tunisie s'est assigné un objectif de 300.000 touristes russes, soit une évolution de 20% par rapport à 2011 qui a connu l'arrivée de 249.000 Russes. L'objectif est jugé largement réalisable, compte tenu de la réactivité du marché russe à l'égard de la destination tunisienne et dont le comportement a constitué l'une des plus grandes satisfactions dans le bilan du secteur touristique en 2012. En triplant le budget de promotion (deux millions d'euros), la Tunisie a désormais les moyens de ses ambitions sur le marché russe. Le marché russe des voyages, rappelle- t-on, ne cesse au cours des dernières années de revêtir une grande importance pour le tourisme tunisien au regard du potentiel émetteur de ce marché. Avec l'émergence de plus en plus observée d'une classe moyenne et d'une jeunesse dynamique et active, la demande en loisirs et en vacances n'a cessé de s'exprimer d'une manière ascendante au sein de la société russe. Aujourd'hui, le touriste russe voyage en moyenne 2 à 3 fois par an. Les destinations balnéaires sont les plus populaires pour les touristes russes, toutes catégories confondues. D'ailleurs, en ce qui concerne la Tunisie, le marché russe est marqué par une forte saisonnalité, puisque 97% des flux russes se situent en été dont 90% voyagent par avion. Toutefois, l'on note l'émergence d'un second type de voyages en direction d'autres produits, tels que la thalassothérapie ou encore les sports d'hiver et le golf. Sur un autre plan, l'on relève également que les réservations de dernière minute s'érigent désormais en une donnée structurelle du marché russe, puisque 75% des voyageurs russes réservent leurs séjours à l'étranger deux semaines avant le départ. Pour ce qui est de la provenance géographique, la ville de Moscou accapare 57% des départs en vacances, alors que la région de Saint-Pétersbourg ne fournit que 22% des flux russes. Sur le plan national, les régions les plus fréquentées sont Sousse avec 40% des flux russes et Nabeul-Hammamet avec 24%. Des ambitions sur le marché algérien... A la veille de la haute saison estivale, une campagne de promotion du tourisme tunisien sera lancée sur le marché algérien à partir du 5 mai prochain. Objectif : booster une demande à forte saisonnalité puisque la majeure partie des flux touristiques algériens se situe en pleine saison estivale. Laquelle saison va coïncider, pour la deuxième année, avec l'avènement du mois de Ramadan. En 2012, plus de 901.677 touristes algériens ont visité la Tunisie. En 2013, et au cours du premier trimestre, 182.000 touristes algériens ont choisi la Tunisie conte 171.000 pour la même période de 2012, soit une évolution de 5%. L'objectif retenu est de s'approcher des scores de 2010 : un million de touristes. Une importante délégation de professionnels et de responsables tunisiens effectuera une visite de travail en Algérie en mai prochain en vue de renforcer les relations bilatérales entre la Tunisie et l'Algérie dans le domaine touristique et d'œuvrer pour un meilleur rapprochement des opérateurs touristiques des deux pays. Le marché algérien des voyages et des vacances a toujours présenté un important potentiel émetteur pour le tourisme tunisien. S'il fut depuis longtemps un marché naturel, au regard de sa proximité, ce marché est depuis plus d'une année approché d'une manière rationnelle, à l'instar des autres marchés avec l'ambition affichée, celle de structurer cette demande algérienne dans le sens de l'implication directe des professionnels du secteur des deux pays qui sont, à fort juste titre, les plus aptes à donner un contenu concret au rôle fédérateur que mènent les institutions publiques.