La célébration, le 3 mai de chaque année, de la Journée mondiale de la liberté de la presse est une occasion renouvelée pour faire l'état des lieux dans le secteur des médias et s'arrêter sur les menaces et les freins qui empêchent encore les journalistes de s'acquitter de leur mission d'informer en toute indépendance et objectivité. Le thème choisi par l'Unesco, pour 2013, d'une grande actualité, revêt une forte symbolique : parler sans crainte, assurer la liberté d'expression dans tous les médias. A l'évidence, les journalistes tunisiens, encore sujets à des menaces, agressions physiques même et à des critiques acerbes de la part de certains acteurs politiques et gouvernementaux, ont réussi quand mêmes à vaincre les démons de la peur et à prendre conscience du rôle qui leur est dévolu dans cette phase cruciale que traverse le pays. Plus de deux ans après la révolution du 14 janvier 2011, et en dépit des difficultés qui persistent, des menaces qui planent et des inquiétudes exprimées, la liberté d'expression est peut-être la seule avancée et acquis palpables dont les Tunisiens sont le plus fiers. Les hommes des médias, enfin, libérés du joug d'un long asservissement, ont acquis la conscience de défendre leur liberté et, surtout, d'assumer pleinement leur mission d'être un contre-pouvoir qui ne sert aucun agenda politique, excepté celui d'éclairer l'opinion publique nationale sur toutes les questions et de servir les intérêts de la Tunisie. Même si la mise en place de la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) fait l'objet d'âpres marchandages et que l'activation du décret -loi 115 se fait encore attendre, les médias nationaux ont beaucoup gagné en crédibilité et en professionnalisme. La Snipe (Société nouvelle d'impression, de presse et d'édition), éditrice des deux journaux La Presse et Essahafa Al Yaoum, a suivi le mouvement. Grâce à la volonté qui anime ses équipes rédactionnelles, elle a montré ce qu'un média public est en mesure d'entreprendre pour informer l'opinion publique de façon libre, enrichir le débat public et présenter un contenu éditorial en phase avec les attentes des lecteurs. La Presse et Essahafa El Yaoum ont su se renouveler, renforcer leur positionnement sur le marché, interpeller les lecteurs et prouver qu'informer est une responsabilité et une obligation qui exigent avant tout professionnalisme, indépendance, rigueur et, surtout, respect d'un code de déontologie. Promouvoir un journal dans un contexte politique difficile, dont les contours demeurent imprécis, reste une gageure au regard de la crise qui secoue aujourd'hui, de par le monde, la presse écrite. Elle se présente néanmoins comme une aventure passionnante qui mobilise et interpelle journalistes, techniciens et administratifs de la maison La Presse. Ce mouvement qui gagne la Snipe se perçoit à travers la diversification du contenu éditorial que proposent les deux quotidiens, et aussi les mutations de fond et de forme constatées depuis maintenant plus de six mois au journal Essahafa Al Youm, qui a renforcé le camp des tabloïds en Tunisie. Le journal La Presse , pour sa part, a entrepris de grands chantiers pour diversifier et améliorer son contenu éditorial et, particulièrement, revoir, de fond en comble, sa charte graphique. Un nouveau Journal La Presse sera présent dans les kiosques au courant de juin prochain. La présence de la Snipe sur la Toile sera, en même temps, renforcée et repensée. Les deux sites électroniques de la Snipe seront transformés incessamment en journaux électroniques disposant d'équipes rédactionnelles propres et proposant un contenu aussi diversifié qu'instantané. La presse s'apprête, enfin, à acquérir une nouvelle rotative. Un outil de production devenu indispensable pour permettre à la Snipe de présenter tous les jours à ses lecteurs un journal moderne, professionnel et de qualité. Le pari lancé par la Snipe, pour renforcer son positionnement sur la scène médiatique nationale, gagner en crédibilité et offrir un contenu éditorial professionnel et indépendant, est possible. En dépit de toutes les difficultés que traverse le secteur des médias dans cette phase de transition du pays vers la démocratie, de l'anarchie qui règne, en l'absence d'un cadre réglementaire organisant ce secteur stratégique, et des menaces latentes qui pèsent sur la liberté d'expression dans le pays, La Presse poursuit son engagement pour informer toujours de manière libre, professionnelle et objective. La qualité de ses journalistes et leur détermination à renforcer la culture de liberté sont leur seul credo pour poursuivre cette aventure passionnante, et pour ancrer profondément la liberté d'expression et faire prévaloir le statut du journaliste et son rôle dans une société où démocratie et diversité des opinions peuvent faire bon ménage.