Quand on visite les zones rurales du gouvernorat de Kairouan, on constate que la femme y joue un rôle primordial. Au sein de sa famille, elle est toujours la première à se lever et la dernière à se coucher. Malgré ses nombreuses préoccupations, elle garde toujours son charme. Un charme discret. Le stress ? La déprime ? La névrose ? Connais pas, semble-t-elle répondre à tout bout de champ. Qu'elle soit jeune ou vieille, son visage est toujours resplendissant. Malgré la vie dure, malgré la pauvreté et les difficultés quotidiennes, elle est toujours accueillante, gaie et patiente parce qu'elle est proche de la nature et qu'elle a la foi intense. Elle aime le travail de la terre et tout ce qui est le signe ou la récompense de la bravoure. Laborieuse, elle l'est tout comme l'homme dans les champs, ou dans sa petite parcelle de terre, infatigable du matin au soir. En effet, en plus de ses préoccupations agricoles, elle cherche l'eau et le bois, tisse le tapis, s'occupe du petit troupeau et se rend au souk hebdomadaire pour écouler la production. En outre, on peut la rencontrer dans les différents sentiers, le cou et le dos ankylosés sous le poids des fagots ou des jarres d'eau. Par ailleurs, elle emprunte les charrettes pour aller chercher des branches d'arbre pour son bétail affecté par la sécheresse et le manque de pâturage. «La tradition et la nécessité nous contraignent à travailler la terre, le plus souvent comme saisonnières. Mais c'est le plus souvent le mari qui encaisse l'argent», nous dit avec un peu d'amertume Khadouja Fatnassi, mère de 5 enfants.