Le président du nouveau parti, Omar Shabou, a annoncé son retrait du journal Le Maghreb dont il était le directeur-fondateur Dénonçant la loi d'immunisation de la révolution, le président du nouveau parti le Mouvement des doustouriens libres (MDL), Omar Shabou, a affirmé hier lors d'une conférence de presse consacrée au lancement de ce nouveau-né de la scène politique, que le programme de ce mouvement est de rassembler «les destouriens libres» actuellement éparpillés sur plusieurs autres partis politiques. Ce nouveau-né regroupe six partis : le Parti libre destourien démocrate, le Mouvement réformiste tunisien, l'Union du nouveau bourguibisme, le parti Al Watan, le parti liberté et justice et l'Alliance pour la Tunisie. De même, il y aura des personnalités nationales indépendantes. «Nous visons à rassembler les destouriens libres et ayant un référentiel propre dont plusieurs sont utilisés comme carburant par d'autres partis. Le Mouvement des destouriens libres a sa place dans le paysage politique qui a besoin d'une vision réformiste. C'est ce que nous proposons notamment avec une symbiose certaine avec les fondements de l'Islam, contrairement à ce que certains disent, et l'expérience du leader Bourguiba est l'exemple sur lequel on a fondé la Tunisie moderne avec des acquis qui existent encore, notamment dans le domaine des libertés, entre autres pour la femme, ou encore l'instauration des bases de l'économie tunisienne», a enchaîné Shabou.Etaient invitées à cette conférence de presse plusieurs personnalités dont Rachid Sfar, Mansour Moalla, Noureddine Hached, Mustapha Filali, Abdelmajid Chaker, Amor Chedly et Mohamed Naceur. En revanche, on a noté l'absence de Béji Caïd Essebsi et Foued Mbazaâ pourtant invités pour le lancement du mouvement destourien. On a annoncé que Omar Shabou et Taoufik Ben Khoud sont respectivement le président et le secrétaire général du mouvement, alors que Salah Mosbeh est nommé vice-président. Les membres fondateurs du MDL sont au nombre de onze, alors que le comité fondateur comprend douze membres, outre le président du parti. Distinguer les Rcdistes de Ben Ali Shabou est revenu sur la question du projet de loi de l'immunisation de la révolution qu'il a dénoncé, tout en indiquant que son mouvement luttera contre l'adoption de cette loi qu'il a qualifiée de «fasciste» et «vindicative». Il a affirmé que cette loi n'est qu'un outil dont essaie d'user Ennahdha pour écarter les autres concurrents de la scène politique. Il a, d'autre part, expliqué le point de vue de son mouvement quant à cette loi, précisant que «les Rcdistes ne sont pas Ben Ali». «Sous le régime de Ben Ali, ce ne sont pas les destouriens qui géraient, mais Ben Ali disposait de son propre appareil dont il a a usé pour éliminer ses ennemis. Certains présumés destouriens ont rallié entre autres Ennahdha, ce qui prouve qu'ils ne sont pas destouriens. C'est qu'Ennahdha et les destouriens sont sur deux directions parallèles et ne peuvent jamais se rencontrer ni sur le plan idéologique ni sur le plan politique. Nos différences sont fondamentales sur le projet civilisationnel qu'on veut pour la Tunisie. Concernant les Rcdistes, il ne faut pas les confondre avec Ben Ali qui a usé du RCD comme organe de propagande. Il y avait plusieurs gens honnêtes qui ont travaillé de bonne foi et ils sont les bienvenus dans notre mouvement qui ne veut que rassembler les destouriens libres pour faire sortir le pays de cette situation. Il n'y a que la justice et les urnes qui peuvent décider quant à ceux qui travaillent honnêtement ou pas», a ajouté Shabou. D'après lui, le congrès fondateur de son mouvement aura lieu le 25 juillet prochain. Par ailleurs, Omar Shabou a annoncé qu'il s'est retiré du journal Le Maghreb dont il était le directeur-fondateur, précisant que c'est une décision prise pour éviter toute interférence entre la ligne éditoriale du journal et son travail politique. Il a, par la même occasion, annoncé que le nouveau président-directeur général dudit journal est Moncef Sellami, alors que Zied Krichen a été nommé directeur de la rédaction. Situation sécuritaire inquiétante Le président du Mouvement des destouriens libres s'est étalé sur les acquis de la Tunisie sous le régime de Bourguiba. Shabou s'est inquiété de l'état des libertés ainsi que de la situation économique qui prévaut actuellement en Tunisie. «Le terrorisme armé est devenu une donnée dont nous devons tenir compte», a-t-il indiqué, avant d'évoquer les visites des prédicateurs et les visées de ces visites. «Le mouvement continuera son militantisme après avoir commencé le rassemblement des destouriens dont l'expérience et l'abnégation pour le bien de la Tunisie ne peuvent être sujettes à conflit. Il faut que l'Etat retrouve son pouvoir et son image d'Etat des droits et de la loi au service du peuple et non pas au service d'un parti ou autres», a-t-il souligné. Pour sa part, Ali Achour, l'un des membres fondateurs du mouvement, est revenu sur les agressions dont ont été victimes les destouriens sous le régime de Ben Ali dès son avènement en 1987. «Actuellement, le gouvernement ne trouve pas de solutions pour les problèmes sociaux, économiques et sécuritaires alors que la situation empire de jour en jour. Le train de la démocratie a dérapé durant ces deux dernières années et la naissance de notre mouvement est un cri de détresse et une tentative pour sauver ce qui reste à sauver. Notre peur, après l'entrée de la pensée wahhabite, est que la criminalité israélienne s'infiltre en Tunisie. Nous, les Tunisiens, nous sommes des malékites et nous n'avons jamais eu d'autres orientations dans notre Islam et notre terre a été toujours une terre de paix», a enchaîné Achour. Alors Omar Shabou a insisté sur l'idée du prolongement du courant réformateur de la pensée destourienne en ce nouveau-né. Le militant nationaliste membre du Comité élargi de Nida Tounès, Abdelmajid Chaker, a indique que la scène politique connaît l'existence de 15 à 20 partis ayant un référentiel destourien... D'après lui, l'unification de ces partis doit être entreprise par étapes. «En effet, a-t-il expliqué, suite à la formation du groupement destourien, il y a quelques jours, et aujourd'hui avec ce nouveau mouvement, il y aura d'autres étapes. Il faudra une certaine symbiose et consensus entre tout le monde pour former après un seul parti destourien rassemblant tous les destouriens. On est déjà conscients de l'importance de ne plus être éparpillés et de même on est plus conscients des idéaux de la révolution qui retrouvent les valeurs réformistes de l'ancien courant destourien», a ajouté Abdelmajid Chaker. Par ailleurs, une jeune militante destourienne de 24 ans, Amen Trabelsi, a été nommée membre du Comité fondateur chargée des affaires de la jeunesse et de l'internet. Elle a été présentée en tant que l'un des initiateurs du Mouvement des destouriens libres.