Lors d'une conférence de presse tenue, hier matin, au siège de son département au Bardo, M. Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle a passé en revue une myriade de questions d'actualité qui ne cessent d'animer les débats politiques et préoccuper l'opinion publique. Le dossier des blessés et martyrs de la révolution et du bassin minier, les derniers événements dramatiques qu'a connus le pays, tout en passant par l'activation de l'amnistie générale, la prévention de la torture, la loi anti-terrorisme, ainsi que les détenus tunisiens à Guantanamo ont été à l'ordre du jour. Un des dossiers-chantiers, celui des blessés et martyrs de la révolution qui semble près de sortir de l'impasse, à la faveur des procédures et mesures prises à cet effet. Selon M. Dilou, tout a été fait pour régler ce problème et désamorcer la crise. Il reste que certains volets à caractère sanitaire sont en cours de rétablissement. D'où quelque cas sociaux, comptés sur les doigts d'une main, qui font actuellement l'objet d'un suivi médical permanent à l'étranger dont un hospitalisé en Allemagne et trois autres blessés admis au Qatar. Le reste sera, bientôt, soumis à une commission médicale qui prévoit de se tenir demain pour entamer l'étude des dossiers relatifs au remboursement des frais de soins et l'examen des cas critiques parmi les blessés de la révolution. Et la liste des bénéficiaires sera, ensuite, établie, sachant que le dernier délai de dépôt des dossiers est fixé au 30 août prochain. Pour les victimes du bassin minier, des tranches financières leur ont été servies par le compte des contributions géré par le ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle. D'autant plus que les blessés et les familles des martyrs des événements de ce bassin ont bénéficié du transport gratuit, alors que les cartes de soins gratuits destinées en leur faveur sont encore sous impression. Elles leur seront octroyées dans deux jours, a-t-il affirmé. 2.380 blessés de la révolution intégrés Quant à l'amnistie générale, il s'agit d'un dossier qui n'est pas aussi de moindre importance. Dans le cadre de son activation, il a été décidé de constituer des commissions au sein des ministères auxquelles a été confiée la mission de restauration du cursus professionnel des amnistiés pour les reconduire dans leurs postes qu'ils avaient longtemps abandonnés pendant le régime du président déchu. D'après le conférencier, ce processus de réintégration se poursuivra jusqu'à fin décembre prochain. Volet recrutement direct dans le secteur public, le dernier délai sera fixé d'ici fin juin 2013, et ce, conformément aux règlements législatifs exceptionnels y afférents. Sans pour autant oublier que les amnistiés relevant des catégories sociales démunies ou à faible revenu auront droit à des interventions urgentes à travers des allocations familiales servies par tranches, en guise d'aides financières pour leur couverture sanitaire. Et le ministre vient de rappeler que 256 bénéficiaires parmi les enfants des familles des martyrs de la révolution ont été recrutés sur un total de 300 dossiers déposés, soit un taux de 86%. En attendant que les autres dossiers soient parachevés. Pour les blessés de la révolution, 2.380 ont été intégrés sur 2.760 dossiers déjà remis, enregistrant un taux de recrutement estimé à 87 %, alors que quelque 891 dossiers n'ont pas été déposés. Dans le cadre de l'amnistie générale, 999 personnes ont été recrutées parmi les diplômés du supérieur, 3.135 autres ont fait l'objet d'un recrutement direct et 285 ont été intégrés par affectation. Dans le sillage de l'initiative de l'année dernière, M. Dilou a signalé qu'il y aurait cette année intention d'envoyer certaines familles des martyrs accomplir les rites du pèlerinage. La liste sera ultérieurement établie, avec le concours du ministère des Affaires religieuses. Il est temps de réviser la loi sur le terrorisme Une année après l'élaboration du mécanisme national de prévention de la torture, le projet de loi y afférent est encore en instance, alors qu'il a été remis au bureau de la Constituante depuis novembre dernier. Raison pour laquelle, M. Dilou s'est déclaré insatisfait, reprochant aux élus de l'ANC de n'avoir pas donné à ce projet l'intérêt qu'il mérite. Il a souligné, dans cet ordre d'idées l'importance du rôle de ce mécanisme en tant que moyen de lutte contre la torture. Evoquant la prison de Guantanamo, le ministre a révélé que cinq Tunisiens y sont actuellement détenus. Il s'agit de Hichem Sliti, Adel Ouerghi, Lotfi Ben Ali, Adel El Hakimi et Ridha Yazidi. En juillet 2012, une délégation du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle leur a rendu visite pour s'assurer de leurs conditions d'emprisonnement. «Leur état est très critique..», ajoute-t-il. Toutefois, les procédures de leur extradition sont encore en panne, à cause de la position négative qu'avait prise le Congrès américain face à ce sujet et son refus de fermeture de ladite prison. D'autre part, les prisonniers soupçonnés dêtre impliqués dans l'affaire de Bir Ali Ben Khlifa se sont plaints de pratiques inhumaines, disant avoir fait l'objet d'actes de torture. Une enquête judiciaire a été ouverte à ce sujet, au cours de laquelle des médecins de la prison se refusent de répondre à la convocation qui a été émise à leur encontre. «Quelle que soit la nature du crime, tout citoyen tunisien a le droit absolu au respect de son intégrité morale et physique», insiste le ministre. Et d'enchaîner que la lutte contre le terrorisme ne justifie en rien la violation des droits des détenus, soulignant qu'il est temps de réviser le projet de loi anti-terrorisme promulgué depuis 2003. «Une loi non constitutionnelle qui ne garantit nullement la justice et l'équité», a-t-il encore jugé. En ce qui concerne les événements survenus au mont Chaâmbi et la dernière escalade à Ettadhamen, M. Dilou a déclaré que ce qui s'est passé dimanche dernier à Kairouan n'est pas un report du congrès d'Ansar Echaria, mais plutôt une interdiction, ajoutant qu'il n'y a pas eu de négociations entre ce courant et le gouvernement. «La Tunisie n'est ni une terre de jihad ni de prédication», indique le ministre, faisant allusion aux tentes de prédication qui avaient envahi plusieurs régions. Et le ministre d'insister sur la nécessité d'appliquer la loi à tout contrevenant. «Dans son application, il n'y a pas de surenchère ou de concession. Sinon, la transition démocratique n'aura plus de sens», a-t-il encore affirmé.