La commission de récupération des biens spoliés de la Tunisie relevant de l'Assemblée nationale constituante s'est réunie, hier, pour débattre des dernières avancées en la matière et des difficultés y afférentes. Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedhli Ayari, qui revenait sur les derniers biens récupérés, a mentionné, outre le yacht récemment récupéré d'Italie, un yacht «très luxueux» qui a débarqué il y a deux jours au port de Bizerte en provenance d'Espagne. «Juridiquement, ce yacht dont la valeur est estimée à 3 millions de dollars, voire plus, est désormais une propriété de l'Etat tunisien. Cela n'a pas été abordé politiquement et médiatiquement, mais ce sera fait demain» (Ndlr: aujourd'hui). Le gouverneur de la BCT a, ensuite, fait remarquer qu'il a été procédé à la récupération de près de 29 millions de dinars d'une banque française évoluant au Liban déposés sur un compte de l'épouse du président déchu. Il a également noté que le procureur général qatari désigné par les Nations unies pour aider la Tunisie à récupérer ses biens spoliés transférés dans certains pays du Golfe a joué un important rôle pour récupérer cet avoir détourné par Leïla Ben Ali sans pour autant verser de l'argent au profit du vis-à-vis concerné. Abondant dans le même sens, le gouverneur de la BCT a indiqué qu'un bien immobilier appartenant à Ben Ali a été récemment découvert en Libye. Ce bien immobilier mis en vente pour un montant de 1 million de dinars libyens vaut en réalité près de 4 millions de dinars. Revenant sur les difficultés enregistrées lors du processus de récupération de ces biens, Ayari a souligné que la justice suisse et la justice française ont au départ peu coopéré avec la partie tunisienne, exigeant de suivre toutes les étapes juridiques en vigueur chez eux. Or, de tels dossiers nécessitent souvent des interventions et des solutions politiques. «Ce volet sera abordé avec le président français François Hollande lors de sa visite en Tunisie prévue pour juin prochain». Dans son intervention, le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh, a affirmé que la Commission nationale des liquidités et des biens saisis est confrontée à des difficultés ayant trait à la gestion de certaines grandes entreprises qui constituent l'épine dorsale de l'économie nationale. Selon lui, ces entreprises relèvent de divers secteurs : agriculture, tourisme, industrie, etc., et assurent un grand nombre d'emplois. L'arrêt de leurs activités peut générer des conséquences néfastes et du point de vue économique et du point de vue social. «Nous avons œuvré à assurer la continuité de leurs activités économiques afin d'éviter toute sorte de hiatus économique et social. Toutefois, cela n'exclut pas le fait de les régulariser conformément à la loi». Le ministre a, en outre, appelé à renforcer les ressources humaines et les moyens logistiques de la Commission nationale pour la gestion des liquidités et biens saisis.