Dans un système vicié et basé sur les liaisons dangereuses, trop facile de tirer sur l'homme en noir... Notre football paye un peu aujourd'hui ce qu'il a semé : objet de toutes les convoitises et sujet à toutes les pressions, l'arbitre continue à céder au jeu des influences auquel notre football est soumis. Sauf qu'on oublie un peu trop souvent que l'homme en noir est le dernier maillon d'une chaîne où on retrouve fédération, Ligue et clubs qui font la loi dans notre football. L'arbitrage est aujourd'hui sous procès et c'est tant mieux ainsi. Mais il est trop facile de ne s'en prendre qu'à ce corps. Le mal est aussi et surtout ailleurs. Quand un président ou un responsable de la fédération s'assoit autour d'une table avec un dirigeant de club, sort un menu avec le nom des arbitres, le lui soumet, écarte tel ou tel arbitre et en désigne un autre, c'est qu'il y a problème et c'est que la fédération est incapable d'assumer ses responsabilités. Pire encore, elle devient automatiquement complice d'un jeu d'influence. On parle beaucoup en ce moment de l'Espérance, de l'Etoile, du CSS et du Club Africain. Mais qui parle aujourd'hui des autres clubs et qui les défend? Tous ces clubs lésés par la fédération, la ligue et les arbitres, qui subissent la loi des grands et qui n'ont aucune chance de gagner, encore moins de rêver. Faut-il rappeler qu'il fut un temps où le SRS, le COT, la JSK et le COT pouvaient remporter un titre. Aujourd'hui, c'est devenu carrément utopique. La démocratie en sport, cela n'existe pas et elle n'est pas près de s'installer. Quelques dirigeants de grands clubs sont devenus de véritables lobbies, des zones d'influence incontournables qui imposent, manipulent, changent le cours des choses et des rencontres. Ces personnages, tout le monde les connaît et il ne se passe pas une journée sans qu'ils ne s'étalent sur les médias avec foi et mauvaise insolence et qui vont jusqu'aux menaces et au chantage sans qu'aucun responsable fédéral ne bouge le petit doigt. Nous croyions qu'avec Slim Chiboub, notre football avait mangé son pain noir mais voilà que d'autres personnages glauques occupent le terrain. En apparence pour défendre les intérêts de leurs clubs mais ils ne sont là que pour défendre les leurs... Tant pis pour l'image du club. Et dans tout ça, les présidents ne réagissent pas et laissent faire. Ce ne sont plus des porte-parole mais carrément des hommes de main! Ceci nous apostrophe également sur la communication au sein des clubs. Des clubs qui vous mettent des centaines de millions dans un recrutement, un entraîneur, qui engagent tout un staff technique, physique et médical mais qui confient parole et image du club au premier venu. Les plateaux de télé ne sont guère mieux. Des entraîneurs à la retraite aux couleurs très marquées; d'autres en quête d'un club, des arbitres au passé «honteux» et quelques apprentis-sorciers et on vous fait une émission où on dit tout et n'importe quoi. Tensions, calculs et manigances, qu'on vérifie sur les terrains, se poursuivent allégrement sur nos écrans pour créer la confusion. Il est grand temps qu'on professionnalise nos télés et nos médias et qu'on ferme la porte aux intrus et aux illuminés de toutes parts. Sinon, la situation va ultérieurement dégénérer. La morale de tout cela? Personne n'est prêt à accepter le verdict du terrain parce que cela a été le cas dans un passé récent. Ni les joueurs, ni les dirigeants, ni les supporters, ni ceux qui ont fait du football et des clubs un véritable fonds de commerce, ou alors un tremplin social et économique. FTF et Ligue n'ont fait que suivre la tendance et se plier au fait accompli. Demeure le fait que l'actuel classement traduit plus ou moins la hiérarchie. Ce n'est pas pour autant qu'on doit prendre aux uns pour donner aux autres...