Entre les prochains verdicts de fin de saison (qu'aucune partie perdante ne semble vouloir accepter), certains arbitres qui se sont embarqués dans une action partisane, sans précédent et dangereuse, et la perspective des trois mois d'une énième disette (le championnat s'achève dans moins de 60 jours), notre football court à sa perte sous l'œil impassible de la fédération et de la ligue ! Brassards rouges Ils ont été quelques arbitres, dont une poignée d'internationaux, qui ont porté ce week-end le brassard rouge en guise de «protestation contre le conflit larvé entre le ministre des Sports et le président de la fédération» dans une démarche partisane en faveur de ce dernier. Une première pour un corps censé être indépendant et souverain. Mais qui ne l'a jamais été, comme en témoigne un quart de siècle d'inféodalité à certains personnages et à certains clubs. Arbitres impayés, arbitres agressés, arbitres non protégés, arbitres dénoncés, arbitres gaffeurs et arbitres pointés du doigt qui mettent leur honneur aux enchères publiques, insultant le passé, le présent et l'avenir. Pourquoi n'ont-ils pas mis le brassard alors qu'ils ne sont pas payés depuis des mois? Pourquoi aujourd'hui que le président de la FTF a, comme par magie, trouvé l'argent pour les payer? Du moins il le leur a promis... Pourquoi n'ont-ils pas mis le brassard quand leur collègue Mohamed Ben Hassana a été pris en otage à Sidi Bouzid? Pourquoi n'ont-ils pas protesté quand Mohamed Meddeb s'est fait agresser? Pourquoi n'ont-ils pas mis le brassard quand Karim Mahjoub s'est fait casser le nez à Moknine? Pourquoi n'ont-ils pas mis le brassard quand leurs collègues sont évacués dans des voitures de police pour échapper au pire? Qui est derrière ce mouvement sauvage et indigne? Les noms, nous les connaissons, mais nous ne leur ferons pas l'honneur de les citer, même si nous savons qu'un arbitre du Centre, ex-international et voulant le redevenir, et un de Sfax, sont à la tête de ce mouvement dont les objectifs sont purement d'intérêts personnels et électoraux. Et puis que fait le président de la commission d'arbitrage dans tout cela et pourquoi ce silence complice? Aujourd'hui plus que jamais, l'arbitrage est otage de ses contradictions et de ses appartenances, d'où notre crainte d'une énième fin de saison faussée. C'est qu'un arbitre sous les ordres et sous influence n'est pas un arbitre fiable. Heureusement, cette démarche et cette initiative ne sont l'œuvre que d'une minorité soucieuse de préserver ses intérêts et ses positions et nous attendons de l'écrasante majorité qu'elle s'y oppose afin d'isoler ces brebis galeuses, héritage d'un ancien système qui a mené notre football et notre sport droit dans le mur ! Saut dans l'inconnu Clubs au bord de la crise de nerfs, clubs au bord du gouffre, sources de financement taries, joueurs et cadres techniques impayés, créanciers aux portes, caisses de retraite qui réclament leur dû, huis clos persistant: notre football est en faillite financière et sportive. Car, aussitôt on zappe pour aller voir ailleurs, on croit atterrir sur une autre planète avec les championnats espagnol, italien, anglais ou encore français... Et l'on se dit malheureusement qu'avec la situation politique et économique du pays ainsi que la fuite en avant de notre fédération de football, le pire est encore à venir. Et pour cause. Pour trois matches internationaux seulement (aller et retour Sierra Leone et Cap-Vert), on arrête le championnat à la fin du mois de mai et on contraint nos clubs aux vacances forcées. Des clubs qui doivent faire face à leurs énormes déficits mais qui doivent continuer à honorer leurs engagements avec leurs joueurs, leurs entraîneurs, à entamer une nouvelle préparation avec des stages bloqués, à renouveler des contrats, à recruter, etc. La fin de la compétition, c'est dans moins de trois mois et, pour toute réponse et pour toute solution à ce marasme, on demande encore une fois à l'autorité de tutelle, au contribuable de payer. Or, notre compétition et notre football, en général, dépendent de la ligue et de la fédération, élues par les clubs qui doivent leur demander des comptes ou alors leur retirer leur confiance. Car il est, aujourd'hui, inadmissible que notre football continue à être assisté de la sorte, que le contribuable continue à payer, en partie, les erreurs des dirigeants des clubs, les salaires de pseudo-stars, la folie des grandeurs du ballon rond et une fédération incapable de mettre fin à tout ce cirque. Le ministère de la Jeunesse et des Sports, comme son nom l'indique, a d'autres priorités : la jeunesse, le sport avec un grand S (à commencer par la véritable élite dont les athlètes ne bénéficient pas en une saison de l'équivalent d'un salaire d'une «star» d'un grand club), l'infrastructure, les centres de formation (tous sports confondus) et de bien d'autres priorités. Qu'ont prévu la FTF et la ligue de football pour faire face au marasme actuel et qui arrive? Sans doute une énième bataille contre l'autorité de tutelle!