Il y a plein d'enseignements à tirer du championnat et, particulièrement, du play-off. De bons et de moins bons... L'après-révolution aurait été très agitée pour notre football. Dans tous les cas, celui-ci ne pouvait faire l'exception dans un pays secoué par des vagues successives d'espoirs, de rêves, de désillusions et... d'anarchie. Dans une Tunisie post-révolutionnaire où les priorités étaient politiques, économiques et sociales, la chose sportive a été reléguée au second, voire au troisième plan. A tort du reste, puisque le pays tout entier a justement traîné le sport et le football, en particulier, comme un boulet de canon. Violences, huis clos, affaires, arbitrage, contestations, gros doutes sur quelques résultats, difficultés financières insurmontables, grogne des joueurs : on aura tout vu, tout entendu cette saison avec une veille de play-off «pourrie» par l'article 22 et l'affaire des écoutes, et un play-off qui a donné libre cours aux mauvais réflexes et aux dépassements de tous genres. Une consolation tout de même : un beau champion et une dernière partie de compétition où on a vu du jeu et, en tout cas, les prémices d'un renouveau de notre football. On construit, on reconstruit, on programme et on devient plus sage, conjoncture oblige. Et si la tendance devait se poursuivre et, surtout, se confirmer, notre football peut espérer remonter la pente. Si... Oui, car il y a des si et ils sont de taille ! Institutions dépassées Ce qui est évident, c'est que la fédération et la ligue ont été totalement dépassées par les événements. Pour ne pas les avoir prévus et pour n'avoir pas eu l'autorité nécessaire de trancher sur le vif. L'affaire CAB, l'affaire Etoile, les déclarations incendiaires de quelques dirigeants, les doutes sur quelques épisodes du play-off : il est plus que probable qu'il n'y aura aucune suite et qu'on abordera la prochaine saison avec un lourd héritage qui viendra s'ajouter à un autre accumulé tout au long des saisons précédentes. Plus que jamais, fédération et ligue sont très affaiblies, peu représentatives et ne pesant pas bien lourd face au calibre et à la toute puissance des grands clubs et à la fronde des autres. L'arbitrage : Ballottés entre la fédération et les clubs, divisés à l'intérieur, habités par les démons du passé et dépendants, les arbitres ne savent pas à quel saint se vouer et multiplient les erreurs. Souvent de bonne foi et, malheureusement, parfois de mauvaise foi. Une chose est sûre : nos arbitres ne se sentent pas en sécurité et sont la cible de tous : FTF, clubs, supporters, médias et même leurs pairs. Malgré tout cela, nous continuons à croire que notre arbitrage s'est amélioré. Nettement. Mais c'est le système qui est vicié. A notre humble avis, il faudra se pencher très sérieusement cet été sur ce corps, son statut et ses garde-fous, car on ne peut pas attaquer la prochaine saison sans avoir trouvé les solutions idoines... FTF-ligue et arbitrage doivent constituer un front commun, une sorte de troïka (pas comme l'autre) pour en imposer aux clubs, tout en respectant l'indépendance de l'autre. Les clubs ont besoin d'une autorité, de vis-à-vis forts et crédibles, et de lois pour se remettre en santé. Aujourd'hui, c'est presque l'anarchie... Sans revenir donc sur toutes les péripéties de la saison, il est clair que nous ne pouvons pas avancer ainsi. Sur le plan footballistique en revanche, l'état des lieux n'est pas noir. Bien au contraire. Le CSS a prouvé qu'on peut faire du très bon travail et en ceuillir les fruits dans un temps record. A l'Etoile, il n'a manqué que l'expérience, mais les jeunes et le talent sont là. Avec un effectif restreint, deux départs importants (Youssef Msakni et N'djeng) et des joueurs au bout du rouleau, l'Espérance est toujours-là. Tout comme le Club Africain revenu dans la cour des grands. Le CAB est une belle réalité et l'ASM du sage et du solide. Tous les autres ont souffert de la crise, mais il est clair que la tendance n'est plus à la folie, mais à la sagesse et à la reconstruction. Bref, notre football a réussi à faire de la résistance et à faire revenir le public. Lui manque encore la crédibilité pour être de nouveau respecté et reconnu. C'est la responsabilité de tous.