La Banque européenne de reconstruction et de développement a choisi Tunis pour ouvrir, le 12 juin 2013, son premier bureau en Afrique et hors de l'Europe La Tunisie abritera toujours l'ATR La première séance de la quarante-huitième assemblée annuelle de la Banque africaine de développement qui s'est tenue récemment à Marrakech (Maroc) a été consacrée à la résolution adoptée par acclamation de la décision du retour des opérations de la BAD à son siège à Abidjan (Côte d'Ivoire). Une décision adoptée par le Conseil des gouverneurs et approuvée dans le rapport de la quatorzième réunion du Comité consultatif des gouverneurs. Ainsi, une feuille de route sera élaborée par le conseil d'administration en collaboration avec les autorités ivoiriennes, prévoyant un retour ordonné, organisé et graduel, en tenant compte de la stabilité de l'institution et du bien-être des membres du personnel et des implications financières du retour ainsi que des risques et des mesures d'atténuation de ces risques. En revenant sur cette décision, M. Lamine Doghri, ministre du Développement et de la Coopération internationale, a passé en revue les différentes étapes de la délocalisation de la BAD en Tunisie avant la décision du retour de ses activités à Abidjan. C'était en 2002 que la résolution a été adoptée par les conseils d'administration de la Banque et du Fonds africain de développement confirmant le choix de la Tunisie comme pays membre régional pour abriter l'Agence temporaire de relocalisation du groupe de la Banque africaine de développement (ATR), jusqu'à ce que la situation sécuritaire se stabilise en Côte d'Ivoire. Et c'est en 2003 que les deux institutions ont autorisé et adopté cette relocalisation temporaire des conseils d'administration de la Banque et du Fonds à l'ATR, fixant, en outre, la période de la relocalisation temporaire des opérations de l'ATR à 24 mois à compter du 3 juin 2003 et présentant le processus de révision de la période de relocalisation temporaire ainsi que la période préavis requise pour un retour planifié et ordonné des opérations de la Banque à son siège. Après la révolution du 14 janvier, la résolution adoptée le 11 juin 2011, indique que le conseil a décidé que la période de relocalisation temporaire sera pour une période fixe de trois ans à compter du 9 juin 2011.C'est dire que « la décision du conseil d'administration de la BAD portant sur le retour de ses activités à son siège à Abidjan ne peut être appliquée sans l'accord des ONG, notamment les Nations unies, qui seront appelées à établir des rapports sur les indicateurs sécuritaires et les prestations de services sanitaires, les conditions de logement, d'éducation et de bien-être, approuvant cette décision sans aucune pression, politique en l'occurrence, ou précipitation. Il faudrait bien s'éloigner de la politisation de l'opération, qui n'est qu'une opération technique. La Tunisie a servi durant dix ans cette institution, comme en témoignent l'efficacité de son rendement et sa position dans le continent africain», précise M. Doghri. Une feuille de route et un déclencheur Présentant la feuille de route, M.Doghri a souligné que la résolution décide que les opérations de la BAD doivent retourner à son siège à Abidjan, conformément aux conditions et aux modalités contenues dans le document relatif à la feuille de route. La délégation tunisienne qui était présente aux assises de la 48e assemblée annuelle de la BAD a présenté une proposition où elle demande au conseil d'administration de superviser et d'assurer le suivi de l'exécution de la feuille de route et de soumettre au conseil des gouverneurs les rapports périodiques qu'il jugera nécessaires et opportuns. La mise en œuvre de la feuille de route doit être assurée conjointement par les gouvernement ivoirien et tunisien et la BAD. Un autre axe non moins important est mentionné dans cette feuille de route et qui confère à la BAD une autre démarche visant l'exploitation au mieux du processus de décentralisation lors de la mise en œuvre de la feuille de route, en vue de déterminer le nombre de membres du personnel à relocaliser à Abidjan à chaque étape, sur la base de membres du personnel à relocaliser dans les bureaux extérieurs, tel que prévu dans la feuille de route. Sur ce point fondamental, M. Doghri a annoncé que le bureau qui restera à Tunis sera un bureau régional, le seul en Afrique. La Tunisie a eu l'accord à l'unanimité sur cette décision d'envergure. Ce bureau sera un acquis considérable pour notre pays qui sera prêt à garder son statut d'ATR en cas de modification, pendant la mise en œuvre de la feuille de route, du niveau d'alerte de sécurité ou de l'évaluation de la situation sécuritaire. L'échelle des Nations unies est susceptible également d'avoir une incidence sur la mise en œuvre de la feuille de route, la direction devra sans délai informer le conseil d'administration en vue de décider de la ligne de conduite appropriée. Le ministre a affirmé, en conclusion, que le retour des opérations de la BAD sera organisé, graduel, afin de minimiser les retombées négatives sur le rendement de la Banque. «Il n'y a aucune date précise, ni un délai mais un déclencheur fixant tout d'abord les indicateurs de la situation sécuritaire et des conditions de vie à Abidjan (prestations sanitaires, logement, éducation...). Le retour ne sera annoncé sans un accord préalable sur les conditions précitées. Ainsi, la Tunisie restera l'ATR de la BAD jusqu'à nouvel ordre». Par ailleurs, le ministre du Développement et de la Coopération internationale M. Doghri a annoncé, hier, lors de la conférence de presse tenue au siège de son département, qu'en marge du 1er forum sur l'investissement, qui se tiendra le 13 juin prochain, la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) ouvrira son premier bureau en Afrique et hors de l'Europe, le 12 juin 2013 à Tunis.