S'alignant sur la dernière évaluation de la Constitution formulée par l'Union pour la Tunisie, dont il fait partie, le parti Al Massar a indiqué, hier, que la dernière copie du projet de Constitution a enregistré une évolution positive par rapport à celle qui l'a précédée, en dépit de certaines défaillances concernant, entre autres, la garantie des libertés et l'équilibre entre les prérogatives du président de la République et celles du chef du gouvernement. Sur le plan sécuritaire, le porte-parole d'Al Massar, Samir Taïeb, a affirmé que la situation connaît une certaine stabilité, tout en appelant à en finir avec l'état d'urgence, en vigueur jusqu'à la fin du mois de juin, pour que l'armée reprenne ses tâches initiales, notamment la protection des frontières. Il a souligné que cela aidera à lutter contre le phénomène de contrebande qui ronge l'économie nationale et cause l'augmentation de l'inflation. L'évaluation de l'actuelle situation du pays par Taïeb et avec lui Al Massar a été modérée par rapport à ses dernières déclarations. En effet, et tout en s'exprimant sur les avancées et les défaillances du projet de Constitution, il a affirmé que cette copie n'a pas atteint le niveau du large consensus autour d'elle. Dans ce sens, il a appelé à la remettre aux commissions constituantes afin de la réexaminer. De même, Taïeb a souligné les défaillances du chapitre 10 dont les dispositions transitoires font l'objet de plusieurs contestations, indiquant la nécessité de revoir ces dispositions par une commission constitutionnelle à créer «pour éviter la naissance d'une dictature», a-t-il commenté. Sur un autre plan, il a évoqué le devoir d'avoir un équilibre entre les trois pouvoirs, et ce, à l'occasion de sa critique de l'article 76 relatif aux prérogatives du président de la République et celles du chef du gouvernement. Il a ajouté : «Nous voulons revoir ce projet durant une semaine ou dix jours pour rectifier certains points capitaux avant qu'il ne passe devant l'Assemblée nationale constituante puisqu'il y a un risque de non-adoption, ce qui pourrait nous renvoyer à un suffrage autour de ce projet avec ce que cela engendre comme flou dans la vision. Nous appelons le gouvernement à élargir le cercle des concertations en vue d'un consensus aussi national, civil et politique autour de la Constitution mais autour de la question de la violence politique qui persiste dans le pays. Notre parti était le premier à appeler à un large front politique et civil contre la violence alors qu'il n'y a pas une réelle volonté politique à dissoudre les ligues et les groupes qui ne cessent d'agresser les politiques et les citoyens. Notre parti est en train de coordonner entre l'Union pour la Tunisie (UPT) et le Front populaire et bien d'autres forces politiques afin de former ce front de lutte contre la violence qui sera le sujet du congrès national du 18 juin». Vers une coalition à portée électorale de l'UPT et du FP Sur un autre plan, Taïeb a souligné que son parti soutient l'initiative du Front populaire (FP) pour lancer un congrès national de salut, indiquant qu'il y a une certaine intention de rapprocher l'UPT et le Front populaire en vue d'une certaine coalition avec des actions communes sur le plan politique avec une portée électorale, en prévision des prochaines élections. D'après lui, le dialogue national initié par l'Union générale des travailleurs tunisiens et le congrès national de salut seront deux rendez-vous qui renforceront ces liens entre les deux partis. Evoquant la question du terrorisme, Samir Taïeb a appelé le gouvernement à traiter ce danger avec fermeté tout en adoptant une approche globale et participative en impliquant la société civile. «Il faut que tout citoyen soit conscient de ce danger. Il y a un certain flou concernant les informations relatives à ces groupes terroristes, leur identité et leurs objectifs. Je n'accuse pas tous les groupes salafistes et il est important de divulguer certaines informations puisque certains individus ont été arrêtés». Par ailleurs, Nadia Chaâbane, membre du bureau exécutif d'Al Massar, a relevé la question du retour des Tunisiens de Syrie et leur réinsertion dans la société. Elle a indiqué qu'il faut lancer une commission de suivi technique formée de spécialistes, dont des psychologues et des assistants sociaux, en vue «d'assurer une réhabilitation à ces gens qui ne sont plus réellement aptes à réintégrer la société», a-t-elle expliqué. Chaâbane a souligné le fait que «l'administration n'est pas une assistance sociale qualifiée pour la réintégration. Au contraire, celle-ci peut la rendre plus lente et moins efficace qu'elle ne l'est déjà...».