Une belle carrière s'annonce pour le deuxième court métrage de Mehdi Barsaoui, Boby, présenté mardi dernier en séance spéciale au ciné Mad'art. Après avoir participé à la 29e édition du festival international de cinéma «Vues d'Afrique» en mai dernier, le voilà sélectionné au prestigieux «Giffoni film festival» qui se tiendra en Italie au mois de juillet prochain. Une nouvelle rentrée scolaire s'annonce pour Farés, un petit garçon de 8 ans, autorisé pour la première fois à aller seul comme un grand à l'école. Sur son chemin, il croise le destin d'un chien errant. Une belle amitié naît entre les deux, jusqu'au jour où Farés décide de ramener le chien avec lui à la maison... Voici donc le synopsis du film. Pour l'anecdote, nous rapportons ce que Mehdi Barsaoui nous a rapporté à propos de la naissance de ce film. « L'idée m'est venue un certain 15 avril 2011, alors que je passais des journées entières devant mon ordinateur à suivre l'actualité de notre pays. J'ai été interpellé par un article dont le titre était: ‘‘Un projet de loi pour interdire les chiens dans les lieux publics en Iran''. J'en fus choqué. Moi, qui suis habitué, depuis ma plus tendre enfance, à vivre en compagnie d'un chien et qui n'appréciais pas toute cette intolérance qui a fait de l'Iran un pays ultra-islamiste où la Chariâa est la seule source des lois, je ne pouvais que réagir contre cette interdiction et contre la soi-disant ‘‘impureté de ces animaux'', invoquée par les initiateurs de ce projet. Et si un jour, on venait à interdire aux chiens d'exister, me suis-je dit». Le film s'ouvre, donc, sur Farés qui va à l'école; sur son chemin, il rencontre Boby avec qui il partage son goûter. Les jours se succèdent et la rencontre quotidienne entre le petit garçon et le chien devient un rituel. Le chien, qui s'attache à Farés, le suit partout et l'attend pendant des heures devant son école. Entre sa mère, aimante et complice, et son père, autoritaire et intransigeant, Farés tente de faire accepter Boby dans sa famille, mais ses efforts restent vains. Malgré la permissivité de la maman, le père refuse catégoriquement la présence d'un chien dans sa maison, considéré, selon la religion, comme un animal impie. Boby reste ainsi dehors sur le trottoir et ses aboiements empêchent le voisinage de dormir, jusqu'au jour où un voisin barbu décide d'utiliser une arme à feu pour le faire taire à jamais et... retrouver le sommeil des « justes ». Une histoire d'amour et d'amitié entre un enfant et un animal qui connaît, au bonheur des deux, un happyend. Une fiction qui touche, certes, les enfants, mais également tout être humain qui s'indigne face à l'intolérance et à la violence. Ce film ne laisse pas indifférent de par son propos, de par le jeu du petit garçon et du chien dressé, amené spécialement de France, mais aussi de par la sensibilité du regard du réalisateur et de son point de vue qui épouse celui du jeune Farés. Tout au long du film, la caméra est, en effet, à la hauteur de l'enfant et l'on voit tout de ses mouvements, de ses expressions et de ses sentiments, presque en caméra subjective. Les adultes, essentiellement le père, qui incarne l'autorité, sont filmés par parcelles. Rarement, leurs visages sont face à la caméra. Ce sont uniquement Boby et Farés qu'on voit en gros plan. Le réalisateur insiste, ce faisant, sur l'aspect intimiste de leur relation qui est le propos majeur du film. C'est à partir des détails de ce court métrage que tant de critiques se dégagent, sans pour autant noyer l'histoire centrale et ses personnages principaux dans un discours de dénonciation. Un film sensible, doté d'une belle image signée Hazem Berrebah... un moment agréable avec le cinéma qu'on aime.