Mbarka Aalaya est présidente de l'association Ro'ya (Vision). Elle a créé son association pour dépasser ses propres limites et aider ses semblables à en faire de même. Kamel Slama est un citoyen actif. Pour lui, le don de soi et l'acceptation des autres sont des valeurs pour lesquelles il milite. Rencontre avec des non-voyants. Mbarka a 46 ans et travaille à la bibliothèque sonore de l'Unat (l'Union nationale des aveugles de Tunisie). Originaire de Tozeur, elle s'est créé son propre monde à Tunis, où elle vit seule depuis plus de 20 ans. «J'ai toujours été très indépendante. Ma famille s'est beaucoup opposée à mon départ, mais j'ai fini par les convaincre». La solitude n'est pas toujours facile à vivre. Mais dans les moments de faiblesse, les proches sont là pour apporter leur soutien. Souriante, sûre d'elle, Mbarka appréhende l'avenir avec confiance. Elle ne vit pas sa cécité comme un handicap mais comme un moteur qui l'inspire et qui la pousse à aller au-delà de ses limites. En 2012, Mbarka crée une association pour aider les aveugles et les accompagner dans les endroits qui ne leur sont pas familiers. Rien n'est adapté en Tunisie pour la libre circulation des aveugles. «A cause de ça, beaucoup sont découragés de sortir de chez eux». La création de l'association a d'abord été motivée par la frustration et le sentiment d'exclusion. «Peu de gens aiment ce que j'aime. Je trouve difficilement des personnes pour m'accompagner à des manifestations culturelles». Mbarka adore aller dans les expositions de peinture, accompagnée d'un ami qui accepte de décrire ce qu'il voit. Alain Messaoudi a «toujours pris le temps de m'accompagner, il sait parfaitement décrire les choses. Psychologiquement, il m'aide beaucoup». L'association est soutenue par des intellectuels, tels que Jalila Baccar et Sarra Grira, mais «ce qui est dommage, c'est qu'on n'a l'appui ni du ministère de la Culture, ni des municipalités». Elle a, toutefois, obtenu le soutien du ministère des affaires de la Femme pour organiser deux journées de sensibilisation. Mbarka espère agrandir le réseau d'accompagnement des personnes malvoyantes et aveugles, et fait appel aux entreprises et ONG pour les aider. Kamel, passionné par la vie associative A 31 ans, Kamel Slama est kinésithérapeute. Originaire de Kébili, il vit aujourd'hui avec sa famille à Tunis. Il est passionné par la vie associative et rêve que la génération future soit plus épanouie et qu'elle bénéficie de conditions de vie plus favorables. Kamel est membre de l'Union régionale des aveugles de Tunis et de Ro'ya. Il est également actif dans d'autres associations, notamment Un Sourire pour Tous (Uspt). Récemment, il a organisé une action en faveur de cinq écoliers malvoyants, en collaboration avec l'Uspt et l'Association de sauvegarde de la Médina. Les enfants ont pu visiter la médina de Tunis autrement, accompagnés de Feika Béjaoui, qui les a guidés. Ils ont pu découvrir des particularités de la vieille ville, les senteurs caractéristiques des souks et les métiers artisanaux. Kamel compte renouveler l'expérience. Pour lui, l'accompagnement des personnes malvoyantes est important pour leur développement personnel. Cela est d'autant plus nécessaire que dans l'état actuel des choses, les infrastructures ne prennent pas en compte leur handicap. Il espère que les paramètres d'accessibilité seront enfin respectés partout en Tunisie. Kamel lance un appel aux instances nationales pour qu'on s'occupe des besoins des minorités, et demande à tous les citoyens de faire preuve de plus d'altruisme, et d'accepter toutes les différences.